VICTOIRE DE TRUDEAU

Une « leçon » pour les partis de centre gauche

Appui de taille pour le nouveau premier ministre Justin Trudeau au lendemain de l’élection d’un gouvernement libéral majoritaire : l’économiste américain Paul Krugman, lauréat d’un prix Nobel d’économie et chroniqueur-vedette du New York Times, se dit « encouragé » par l’élection au Canada d’un gouvernement qui ne favorise pas les déficits zéro à tout prix. Paul Krugman espère que l’élection du Parti libéral du Canada (PLC) inspirera « d’autres partis de centre gauche » dans le monde.

« Les libéraux [de Justin Trudeau] ont rejeté le fétichisme des budgets équilibrés, dit Paul Krugman en entrevue exclusive à La Presse. Nous avons un problème dans le monde occidental : les partis de centre gauche ont peur de défier la doctrine de l’austérité. Ce fut paralysant. Maintenant, il y a un parti qui a dit : “Non, nous n’adhérons pas à cette doctrine” et il a remporté une grande victoire. C’est un changement positif non seulement pour le Canada, mais aussi pour le reste du monde occidental. »

Paul Krugman estime que l’élection des libéraux de Justin Trudeau sera une « leçon » pour les partis politiques de centre gauche en Occident. 

« À la fin, ça montrera aux partis de centre gauche dans le monde qu’ils n’ont pas à être intimidés, qu’ils n’ont pas besoin d’être fanatiques de l’équilibre budgétaire comme la droite l’est. C’est encourageant. »

— Paul Krugman

M. Krugman sera à Montréal le 29 octobre pour un débat avec l’économiste Kenneth Rogoff organisé par CFA Montréal.

Le Parti libéral du Canada veut relancer l’économie canadienne en doublant les investissements en infrastructures au pays en 10 ans, quitte à prévoir des déficits budgétaires pour les trois premières années, puis un surplus budgétaire la quatrième année, en 2019-2020.

Autre promesse libérale qui a retenu l’attention de Paul Krugman : la hausse du taux d’imposition de 29 à 33 % pour la tranche de revenus supérieure à 200 000 $ (les libéraux proposent aussi des baisses d’impôt pour la tranche de 45 000 à 90 000 $). Pour la tranche de revenus supérieure à 200 000 $, le taux d’imposition sera supérieur à 50 % dans certaines provinces, notamment au Québec.

« UNE VICTOIRE POUR L’ÉCONOMIE »

Le lauréat du prix Nobel d’économie en 2008 se dit « favorable » à cette hausse d’impôt pour les plus riches, en dénonçant l’idéologie de « fétichisme » entourant les taux d’imposition supérieurs à 50 %. « Les meilleures estimations nous disent que les taux d’imposition de plus de 50 % sont tout à fait viables. C’est correct, nous n’approchons pas le point où il y a un seuil dangereux d’impôts. Vous ne pouvez pas payer tout ce que vous voulez en taxant les plus riches, mais il y a assez d’argent dans les 1 %, pas autant qu’aux États-Unis, mais quand même », dit Paul Krugman, l’économiste de gauche le plus en vue aux États-Unis (le titre d’un de ses livres : The Conscience of a Liberal).

Paul Krugman n’a pas seulement suivi la campagne électorale canadienne d’un point de vue économique. « La stratégie d’islamophobie des conservateurs s’est retournée contre eux et c’est bien [ainsi], dit-il. [L’élection de Justin Trudeau] est une victoire pour l’économie et pour les enjeux sociaux. »

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