Voyage Québec

Quoi faire, mais surtout quoi manger et boire à Hudson ?

Pourquoi aller dans la ville d’Hudson, dans l’État de New York, quand on peut aller à Hudson, PQ ? Suivez le guide.

Danny Smiles au Willow Inn

Cela fait grand bruit à Hudson : l’arrivée du chef Danny Smiles aux commandes de la cuisine de l’auberge Willow Inn. Occupant un bâtiment construit en 1820 au bord de l’eau, l’auberge est une institution.

En 2016, l’établissement de 10 chambres était défraîchi quand il a été mis en vente. Patricia Wenzel et son mari, David Ades, l’ont acheté tout simplement car ils étaient attachés au lieu. « Il fallait sauver l’endroit. C’est iconic à Hudson ! »

« Ce week-end, nous avons le premier mariage de la saison », se réjouit la femme d’origine britannique qui a de quoi être fière de son jardin et de ses magnifiques plates-bandes.

Le Willow Inn est situé à 2 km du centre-ville. Au cours de notre visite, à la mi-juin, cela faisait seulement deux semaines que la pittoresque terrasse extérieure était rouverte au public.

Patricia Wenzel est à la fois enchantée, soulagée et charmée par l’arrivée du chef Danny Smiles. « Te dire comme il est le meilleur candidat que j’aurais pu avoir ! » Celui-ci a visité le Willow Inn dans l’optique de s’y marier. Mais quand Patricia a vu son nom, elle a averti sa sœur, qui s’occupe des mariages, et elle a tenu à être présente lors de sa visite.

Danny Smiles, ancien chef du Bremner, a fait ses classes avec Chuck Hughes. Les deux hommes s’occupaient du fameux Artist’s World du festival Osheaga. Le projet de restaurant italien que Danny Smiles avait dans Saint-Henri ayant avorté, il était donc disponible.

« Pardon, on vient d’avoir une commande de 36 huîtres », dit-il, s’excusant de ne pas voir pu sortir de sa cuisine avant pour nous dire quelques mots. C’est la première fois qu’il rencontrait nos guides Andrew Dumas (propriétaire du casse-croûte Sauvé) et Tino Morganti (chef-propriétaire du Main Kitchen) et c’était comme s’il parlait à de vieux amis.

Danny Smiles, qui a participé au concours télévisé Top Chef Canada, est conscient qu’il est le chef vedette de Montréal qui débarque à Hudson. « J’avais peur de la réaction des Hudsonites, mais avec le take-out, on a pu faire les choses de façon graduelle et voir ce que les gens aimaient. »

Pour l’instant, le chef mise sur une « cuisine classique raffinée ». « Tu viens ici et tu as l’impression d’être dans les seventies. »

Shaun Hughes au Furley

Niché dans une cour intérieure en plein cœur du coquet centre-ville, le restaurant-boucherie Furley est des plus invitants. Pour l’instant, l’établissement de Shaun Hughes – qui appartient aussi à sa femme, Julie Hughes, et à Chris Vinson – est une boucherie, une boulangerie et un comptoir-épicerie, mais il y a une terrasse pour casser la croûte, et des boîtes pique-nique sont offertes. « Toute la viande vient de petites fermes du coin, et nous faisons nos charcuteries, explique le chef-propriétaire. Nous avons un site de production pour fabriquer notre pain avec de la farine de levain biologique. »

Furley, qui était le nom de la ferme anglaise familiale où Julie Hughes a grandi, a ouvert ses portes en avril 2018. « Une année sans et une année avec la COVID-19 », précise Shaun Hughes qui, lui, a grandi à Hudson. « Quand j’étais ado, j’ai travaillé au casse-croûte Sauvé et au Willow. » Il a ensuite mis le cap sur l’Ouest canadien pour étudier en cuisine. Il a notamment bossé au Black Hoof Toronto et dans des restaurants de Fred Morin et David McMillan. Les produits Joe Beef sont d’ailleurs vendus chez Furley. Avant d’avoir sa propre adresse à Hudson, Shaun Hughes a piloté en 2017 la réouverture de la cuisine de l’auberge Willow Inn.

Ce qui est si spécial à Hudson ? « On se sent comme dans un village en Europe avec un centre-ville dans lequel les gens circulent à pied et où il y a une communauté forte qui se soutient. » « Et nous sommes super près de Montréal », ajoute-t-il.

Juniper : un café et une superbe boutique

Dana Elsliger a ouvert le café-boutique Juniper à Hudson il y a moins de trois ans, après avoir fermé le restaurant La Bistrote, rue Notre-Dame, à Montréal. « Je voulais revenir vivre ici. »

Au cours de notre visite, il était 10 h 30, les commandes pour emporter se succédaient sur le comptoir. Le coin boutique, dangereusement invitant avec ses articles de cuisine et pour la maison soigneusement choisis, a connu beaucoup de succès durant la pandémie, notamment avant Noël.

« Les gens achètent beaucoup local ici, souligne Dana Elsliger. Pendant la COVID-19, des gens ont voulu quitter Montréal, alors que les Hudsonites n’ont pas voulu sortir d’ici. »

Cardinal, seule microbrasserie d’Hudson

Avec ses deux immenses portes vitrées, on peut deviner qu’il y avait autrefois un garage dans la bâtisse qu’occupe aujourd’hui la microbrasserie Cardinal. Chose certaine, cela fait un superbe – permettez-nous l’expression, nous sommes à Hudson – tap room.

Au cours de notre visite, le copropriétaire-brasseur Duncan Cowie se réjouissait d’avoir pu servir des pintes à des clients pour une première fois lors du week-end précédent. « C’était super excitant. Et le week-end prochain, nous allons pouvoir avoir des clients à l’intérieur ! »

Natif d’Halifax, Duncan Cowie a déménagé à Montréal pour faire un doctorat en histoire, puis il a décidé de suivre une formation pour devenir brasseur au Niagara College Teaching Brewery. Son associé, Will Tomkinson, vient quant à lui de Vancouver.

En arrimage avec des chocolats artisanaux du coin, Duncan Cowie nous a fait déguster quatre bières : une stout à l’avoine, une ale ambrée (Flagship ESB) au goût malté et un peu sucré dans le style d’une bitter anglaise traditionnelle, une ale de style allemande (Red Spark Kölsch) faite avec du jus de betteraves, ainsi que la Camp Norway NEIPA, qui utilise une levure d’origine norvégienne pour donner du caractère à cette IPA de la côte Est.

Cardinal est la seule microbrasserie d’Hudson. Il y avait celle du Bois Blanc, mais elle a déménagé pas très loin, à Coteau-du-Lac. Duncan Cowie vante le fait qu’Hudson est une destination « mi-campagne et mi-ville ». « La communauté est tellement importante ici. Elle nous a permis de naître et de rester en vie. »

Le duo Main Kitchen et Main Alley

Comme bien des gens, Tino Morganti et sa femme (et associée), Marie-Josée Malo, faisaient une balade en voiture à Hudson par un beau dimanche ensoleillé quand ils ont vu un local à louer en plein cœur de la ville, à l’intersection des rues Main et Cameron. « Je venais à Hudson avec ma mère quand j’étais jeune. Dans cette bâtisse, il y avait un magasin général et un salon de thé », raconte Marie-Josée.

Au départ, Tino et elle n’avaient qu’un petit espace de boutique et une cuisine, mais s’est ajouté au comptoir-traiteur leur restaurant Main Kitchen.

L’été dernier, en pleine pandémie, le couple a aussi ouvert ce qu’il appelle « un food truck sans les roues ». « Les gens d’Hudson sont tellement d’un grand soutien. La première journée, nous avons servi 400 repas. »

Main Alley est une sorte de comptoir-cantine qui donne dans la cour de l’édifice où sont aménagées des tables à pique-nique. On y mange une guédille au homard, un hot-dog coréen, un sandwich au poulet frit, des bols... Même les chips sont faites maison.

Le propriétaire de la bâtisse, Alex Mate, un ami de Tino, ouvrira sous peu Alibi Lounge juste à côté de Main Kitchen. Ce sera le tout premier bar à cocktails d’Hudson.

De son côté, Tino ouvrira sous peu Taverna Raw Bar & Plancha dans un immeuble situé en face, à quelques pas.

Le Royaume-Uni à Hudson

Un fromage, des sablés ou un journal de l’Angleterre ? Chez Clarence & Cripps, on ne vend que des produits du Royaume-Uni. C’est même la radio de la BBC qui se fait entendre ! Dereck Jones et sa femme Nicky Fisher sont propriétaires de la boutique depuis 2014. « Nous avons des clients loyaux. Il y a la Petite Italie à Montréal. Ici, c’est la Petite Angleterre », illustre Dereck Jones.

Avec la pandémie, le couple a fermé le salon de thé jusqu’à nouvel ordre, mais la clientèle peut toujours prendre un fish and chips pour emporter.

Les frères du Wendigo

En 2018, les frères Reid et Ryan Young sont retournés vivre dans leur patelin d’enfance après avoir travaillé en restauration à Montréal. Ils ont alors donné un nouvel élan au Bistro Carambola (dont vous avez peut-être déjà entendu parler), qui était établi à Hudson depuis plus de 15 ans. Les frangins ont ensuite racheté le restaurant et l’ont renommé Wendigo.

Ryan s’occupe de la mixologie, de la carte des vins et de la salle, tandis que Reid est chef en cuisine. Les plats de bœuf biologique (d’une ferme voisine) ont la cote, ainsi que le crudo de pétoncles et le « Oyster Night », le mercredi soir.

« C’était notre première journée ouverte pour le lunch et nous avons été dans le jus », a souligné Ryan au cours de notre visite, alors que son frère Reid décortiquait des homards derrière le comptoir.

Parfait pour le match

« Nous sommes un bar écossais, et l’Écosse s’est qualifiée pour l’Euro pour la première fois depuis 1996. »

C’est bon signe pour les nouveaux propriétaires de l’endroit, situé à deux pas du Wendigo, rue Cameron. Et c’est assurément chez Cameron qu’on va boire une bière pour un match du Canadien ou de tout autre sport professionnel.

« C’est un bar de quartier avec des clients fidèles », résume l’une des propriétaires, Jennifer Mooney. Un public house, comme on dit en anglais.

Celle-ci, son mari et leurs partenaires ont pris possession des lieux en septembre dernier. Ils n’ont ouvert que 18 jours avant le durcissement des mesures sanitaires. « La clientèle nous a gardés en vie avec le take-out. Mais la première journée où j’ai entendu les rires des gens sur la terrasse et des tintements de verres, cela a fait tellement du bien. »

Un verger bio et plein d’amour

Il y a 17 ans, c’était un pari audacieux. C’est pourquoi Anick Joanisse et Éric Léger ont choisi une terre d’Hudson – et non d’Oka – pour transformer une terre en verger biologique. Il faut dire que les parents de trois enfants habitaient dans le coin depuis l’adolescence. Pour tout dire, Anick travaillait au restaurant de la sœur d’Éric, le Café campagne, avant qu’ils tombent amoureux.

« Nous avons tout planté de A à Z. Éric est ébéniste et il a bâti la grange et notre maison. »

Les choses ont l’air si simples quand on parle à Éric Léger. « En bio, c’est juste de la prévention qu’il faut faire », dit-il. Mais pour avoir fait un tour de petit tracteur avec lui parmi ses 3000 pommiers, le mot « prévention » résume mal tous les soins et l’amour qu’il accorde à ses arbres.

Le verger d’Hudson attire les foules pendant la saison d’autocueillette, mais aussi avec son granola, son vinaigre de cidre et son jus de pommes. Éric et Anick font aussi du miel, et la différence est renversante entre ceux du printemps et de l’automne.

Mikko et Kaito pour les amateurs de café

Holly von Hoyningen Huene a des racines italiennes, mais c’est à Berlin que son amoureux, Paul, et elle ont découvert le café de torréfaction artisanale. « En s’intéressant à la chaîne d’approvisionnement, notre vision de toutes les choses qu’on consomme a changé », raconte-t-elle.

Le couple a fondé la maison de torréfaction Kaito en 2015 et depuis septembre dernier, il est aussi propriétaire du café Mikko situé dans le même immeuble. Un coin boutique s’ajoute au café, dont le local est coquet, chaleureux et lumineux. Nouveauté ce printemps : une terrasse végétale à l’extérieur. « Tout l’hiver, nous avons fait des petits feux pour que les gens puissent prendre leur café dehors », souligne Holly.

À l’image de son local vitré, Kaito est transparent dans ses opérations. La machine pour torréfier les grains est écoresponsable. Les grains de café vert du mélange le plus populaire viennent du producteur brésilien Fazenda Cachoeira. Le couple s’approvisionne aussi en Éthiopie, au Pérou et en Colombie.

Kaito vend également des capsules biodégradables et compostables compatibles avec la machine Nespresso. Holly aime voir Hudson – où Paul et elle élèvent leurs deux enfants – en pleine effervescence. « Il y a une nouvelle vague. »

Et comme pour le café de spécialité, la vague n’est pas près de disparaître.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.