Patrick Lagacé remplacera Paul Arcand

Ça ne pouvait être que lui

Je vous mentirais si je vous disais que je n’imaginais pas Patrick Lagacé comme successeur de Paul Arcand. Il était le candidat tout indiqué depuis l’annonce du départ du « roi des ondes ». On sentait bien que le fauteuil qu’il occupe dans l’émission du retour à la maison allait le propulser. 

Les rumeurs allaient bon train depuis quelques mois. Ce sont d’ailleurs ces bruits de coulisses qui ont amené la direction du 98,5 à confirmer la chose mercredi matin. C’est Paul Arcand qui a fait l’annonce en compagnie de Patrick Lagacé qui n’avait pas fermé l’œil de la nuit. 

Je suis très heureux de ce choix. Patrick Lagacé est un excellent animateur qui, après quelques mois à la barre de l’émission Le Québec maintenant, a trouvé son ton et une manière de faire qui lui appartient. Son animation évite les détours et les fioritures. L’homme sait monter au filet à grands coups de patins.  

Il a démontré qu’il est aussi capable de légèreté et d’autodérision. Certains de ses échanges avec MC Gilles et Catherine Beauchamp en témoignent éloquemment.  

Ce passage se préparait « depuis longtemps ». Pierre Martineau, directeur général du 98,5 et vice-président des stations régionales de Cogeco Média, avait sondé le terrain auprès de Patrick Lagacé il y a plusieurs mois. Ce dernier a réagi en disant qu’il ne « fermai[t] pas la porte ». Résultat, un contrat a été signé. 

Paul Arcand n’a pas voulu jouer aux « belles-mères » avec son successeur, mais il lui a quand même dit de faire les choses à sa façon, ce que fera sans aucun doute Patrick Lagacé. Les deux animateurs ont toutefois un point en commun : ils ne lâchent pas la grappe de raisins facilement avec les invités qui ont recours à la langue de bois. 

Je me suis entretenu avec mon collègue et je lui ai demandé si les 18 mois qu’il a devant lui seront une grande source de stress avant ses débuts à l’émission matinale. Il m’a répondu que ce n’était pas dans sa nature de stresser pendant un an et demi. Cela va venir dans les semaines précédant son arrivée, selon lui. 

Il voit plutôt cette longue période comme un « luxe » qui va lui permettre de bâtir une équipe à son image. Des changements sont donc à prévoir. 

Cela dit, ce serait dommage de se priver de joueurs solides comme Pierre-Yves McSween, Luc Ferrandez et Nathalie Normandeau. Est-ce que MC Gilles et Catherine Beauchamp le suivront dans cette nouvelle aventure ? Tout cela reste à voir.  

Bien sûr qu’il connaîtra la cruelle et incontournable étape de la comparaison. Tous ceux qui « succèdent » à un animateur apprécié du public ont droit à ce traitement.

Paul Arcand a raconté que lorsqu’il s’était emparé d’un créneau précédemment occupé par Michel Beaudry, un auditeur avait téléphoné pour demander à quelle heure il y aurait des « jokes ». 

Là-dessus, Patrick Lagacé affiche une certaine confiance. Il a 51 ans, près de 25 ans de métier derrière la cravate dont trois ans et demi à l’animation d’une quotidienne radiophonique. Il arrive donc avec de l’assurance et beaucoup de lucidité. 

Évidemment, la question de l’horaire d’une matinale est une source de préoccupation. Pour avoir connu ce régime pendant six ans comme chroniqueur culturel (au moment où Patrick faisait d’ailleurs ses débuts comme recherchiste), je peux vous dire que cela est extrêmement exigeant.   

Le son du réveil matin à 3 h 15 du matin est carrément inhumain. Il faut que tu extirpes ton corps du lit et que tu te douches, que tu t’engouffres dans ta voiture en pleine noirceur à - 15 degrés et que tu arrives pétillant (et intelligent autant que possible) derrière le micro.  

Patrick Lagacé se dit prêt à adopter cette vie « monastique », comme l’a qualifiée Paul Arcand. Son fils est plus grand, il sent qu’il peut se permettre ce changement de vie. 

Paul Arcand lui a dit que les auditeurs du matin sont les « meilleurs ». J’ajouterais que ce sont aussi les plus redoutables.

Ces gens se lèvent, commencent leur journée avec des animateurs, des journalistes et des chroniqueurs qui abordent des sujets parfois tranchants. Et comme on n’a pas toujours envie de danser sur Singin’ in the Rain tous les matins dans notre cuisine, ces personnages passent parfois à la moulinette. 

L’autre bonne nouvelle dans cette annonce, c’est que Patrick Lagacé continuera d’écrire des chroniques pour La Presse. Il fera une petite pause au moment de lancer l’émission pour mieux revenir dans « son » journal. 

Et maintenant, la grande question : qui succédera à Patrick Lagacé pour le retour à la maison ? Des noms ne vont pas tarder à circuler. Pour certains, le repêchage au hockey est une passion, pour moi ce jeu de spéculation est une énorme source de plaisir. On va s’en reparler, il n’y a pas de doute ! 

Patrick Lagacé devra se lever

Relève de la garde au 98,5 FM : le chroniqueur Patrick Lagacé remplacera dans un an et demi l’animateur Paul Arcand à la barre de l’émission matinale de la station de radio privée.

Le plus grand morning man du Québec a présenté son successeur en ondes mercredi matin. Chroniqueur à La Presse, Patrick Lagacé s’emparera du micro de la matinale quotidienne en août 2024.

C’est Pierre Martineau, vice-président, 98,5 et stations régionales, Cogeco Média, invité en studio par Paul Arcand, qui a insisté sur l’importance pour la direction de respecter l’ADN de l’émission. Il a expliqué son choix en présentant Patrick Lagacé comme « quelqu’un qui a un profil journalistique, de la crédibilité, de la notoriété, capable de rebondir sur les évènements de l’actualité et qui, défi suprême, acceptait de changer radicalement de vie ».

Paul Arcand avait annoncé l’été dernier qu’il ne renouvellerait pas son contrat, souhaitant « passer à autre chose », près de 20 ans après avoir pris la barre de Puisqu’il faut se lever.

Paul Arcand n’a pas fait d’exception pour Patrick Lagacé, il l’a interviewé comme tous ses invités. Le journaliste a même avoué à son micro qu’il avait commencé à aimer la radio « quelque part pendant la pandémie ». « Avant ça, ç’a été dur, a-t-il confié. Je ne suis pas un gars de routine, mais à un moment donné le soulier s’est cassé, et j’ai commencé à aimer beaucoup le médium. »

Sur le ton de l’humour, Paul Arcand s’est ensuite permis de lui donner quelques conseils, tout en évitant de « faire la belle-mère ».

« Profite de tous tes soupers du mardi soir, tout ce que tu as comme vie mondaine, va te pogner sur Twitter avec du monde à minuit, profites-en, parce qu’après ça tu ne pourras plus faire ça sans en payer le prix sur le plan de ta santé. […] Profite de tous ces moments avant de commencer la vie de monastère, avec le bouillon de légumes, le dodo à 8 h et le réveil en plein milieu de la nuit. »

— Paul Arcand, à Patrick Lagacé

Dans les coulisses, Patrick Lagacé trônait au sommet de la liste des noms pressentis pour le poste.

L’animateur de l’émission de fin d’après-midi Le Québec maintenant affirme que « la conversation a débuté il y a longtemps » avec Pierre Martineau. Il s’est dit heureux que « le chat soit enfin sorti du sac ». On ne sait d’ailleurs pas qui le remplacera à l’émission du retour à la maison.

« La première fois qu’on en a parlé formellement, j’ai dit : “Écoute, je ne ferme pas la porte”, ce qui était une façon de fermer la porte en la gardant un peu entrouverte. Pourquoi ? Parce que c’est un gros défi. Je vais-tu me lever à cette heure-là ? À force de réfléchir, d’avoir des discussions avec Pierre, d’en parler à mes proches, finalement j’ai dit oui », a-t-il raconté.

Malgré son nouveau mandat, Patrick Lagacé n’a pas l’intention de quitter La Presse. Le chroniqueur assure qu’il continuera d’y signer des textes, probablement en moins grand nombre. Une fois en poste, il prendra aussi un congé d’écriture jusqu’en janvier 2025.

« J’ai établi avec les lecteurs de La Presse une conversation qui dure depuis des années, qui est riche et que j’aime beaucoup, donc je n’ai pas l’intention de m’en aller », souligne-t-il, avant d’ajouter qu’« être à La Presse » fait de lui « un meilleur journaliste ».

Quant à l’émission Deux hommes en or et Rosalie, qu’il coanime sur les ondes de Télé-Québec avec Pierre-Yves Lord et Rosalie Bonenfant, la suite des choses n’est pas encore claire. « Je vais avoir des discussions avec le diffuseur, c’est sûr », note Patrick Lagacé. De son côté, Pierre-Yves Lord a déjà annoncé qu’il quitterait l’émission à la fin de la présente saison.

« Un immense défi »

Le chroniqueur reconnaît l’ampleur du mandat : il dirigera l’émission radiophonique la plus écoutée à Montréal... de la station numéro un au pays. Heureusement, il bénéficie d’un an et demi pour s’y préparer.

« C’est un immense défi, et on a un an et demi pour construire une équipe de collaborateurs en ondes et hors ondes. Un an et demi pour voir ce qu’on va garder de l’émission et ce qu’on va décider de ne pas garder. »

— Patrick Lagacé

En entrevue, il ne manque pas de souligner le « génie » de Paul Arcand, qui peut mener une entrevue costaude avant d’enchaîner sur un segment plus léger. Redoute-t-il la comparaison avec son prédécesseur, très apprécié du public ? « Je suis à l’aise avec ça. Je ne peux pas contrôler ça. Tout ce que je peux faire, c’est faire ce que je fais tout le temps, arriver préparé », répond le journaliste de 51 ans.

Paul Arcand, lui, a justement conclu le segment de son émission consacrée à son successeur en lui faisant part de l’importance qu’a eue l’équipe sur son travail et en vantant le public de l’émission matinale.

« Quand on se lève à cette heure-là, si on ne travaille pas avec du monde le fun, avec qui on a envie d’être, des gens qu’on respecte, avec qui on a du plaisir, ça ne marche pas. L’autre élément que je vais te dire, Pat, c’est que les auditeurs du matin, ce sont les meilleurs. Ils peuvent prendre un peu de temps pour t’adopter, mais une fois que la fidélité est là, il y a une proximité, une confiance. Des fois ils sont fâchés, des fois ils vont dans le même sens que toi, mais je les écoute, ça me permet de rester “groundé” et je le dis de façon chauvine, je vais m’ennuyer de ça. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.