Transport aérien

« C’est un peu mystérieux, leur affaire »

Scepticisme autour du succès d’OWG

Le nouveau transporteur aérien québécois OWG devra « sortir un lapin de son chapeau » s’il veut parvenir à concurrencer Air Canada, Transat, Sunwing et WestJet pour les vols vers le Sud, entrevoient deux experts sceptiques quant à son potentiel.

« S’ils ne sont pas intéressés à couper les prix, s’ils n’ont rien d’extraordinaire à offrir, comment vont-ils attirer les gens ? », demande Mehran Ebrahimi, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile.

« C’est un peu mystérieux, leur affaire. »

OWG est une filiale de Nolinor, un transporteur établi depuis plus de 25 ans et spécialisé actuellement dans les vols vers le Grand Nord. Son président, Marco Prud’Homme, « n’est pas un nouveau venu dans l’industrie et c’est un bon opérateur », reconnaît Jacques Roy, professeur à HEC Montréal, à peine un peu plus optimiste que M. Ebrahimi.

« [Son président] dit qu’il n’aime pas l’appellation low cost, mais il semble suivre ces règles-là, notamment en utilisant de vieux appareils et en ciblant le marché des jeunes qui voyagent avec un sac à dos. »

M. Roy s’étonne de voir l’entreprise se détourner des forfaits de type « tout inclus », très populaires selon lui. Il n’exclut toutefois pas que l’entreprise offre ses services à d’autres qui, elles, assembleront ces forfaits.

« Ils me font penser un peu à JetBlue, note M. Roy. Leur fondateur avait déclaré au départ qu’il voulait “ramener le plaisir”. C’est un peu ce que j’entends de M. Prud’Homme. »

Concurrence

Quand le marché du voyage reprendra, OWG risque de se retrouver face à des concurrents affamés, prévient pour sa part M. Ebrahimi.

« Transat a des dizaines d’avions et des centaines de pilotes qui attendent. Même chose pour WestJet, Air Canada et Sunwing. Qu’est-ce qu’ils vont offrir par rapport à ces gens qui sont là depuis longtemps, qui connaissent ça ? »

— Mehran Ebrahimi, professeur à l’Université du Québec à Montréal

Avec 3 avions de 158 places et des vols d’environ 3,5 à 5 heures, le nombre de passagers que pourra transporter OWG « n’est pas énorme », calcule M. Ebrahimi, ce qui lui laissera bien peu de marge de manœuvre pour « casser les prix ».

En plus de JetBlue, M. Roy trace des parallèles avec Southwest et WestJet. Cette dernière, rappelle-t-il, a connu des débuts modestes, ciblant d’abord l’aéroport de Hamilton plutôt que celui de Toronto pour économiser.

« Ce qu’il annonce, ça a du sens. C’est juste que la conjoncture est tellement toute croche que c’est difficile à envisager. Mais il a une crédibilité certaine. Ça ne m’étonnerait pas, quand même, que beaucoup de gens veuillent voyager vers le Sud, autant qu’il y en a dans les bars présentement. »

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