Universités

Une baisse des inscriptions « bien moindre que prévu »

Les universités redoutaient une baisse des inscriptions à la session d’automne en raison de la pandémie. Elles avaient en partie raison : le nombre d’inscriptions a légèrement augmenté, dans l’ensemble, mais c’est essentiellement grâce aux inscriptions d’étudiants à temps partiel.

La hausse des inscriptions à tous les cycles, de 1,3 % dans l’ensemble, s’explique largement par la progression de 5,2 % des étudiants à temps partiel qui compense une légère baisse de 0,4 % de leurs camarades à temps plein, selon les données du Bureau de la coopération interuniversitaire (BCI) publiées vendredi.

Cependant, derrière ces chiffres se cache un autre phénomène plus préoccupant : le nombre de personnes qui se sont inscrites « pour la première fois » dans un établissement universitaire au premier cycle à temps plein a chuté de façon importante, un recul de 8,3 % par rapport à l’automne 2019.

Ce sont ces nouveaux étudiants à temps plein qui, en temps normal, constituent la relève des effectifs étudiants et assurent la croissance des établissements. Si cette baisse se poursuit dans les prochaines années, estime le BCI, « cela pourrait avoir un impact négatif sur le nombre total d’inscriptions ».

Comme on pouvait le craindre, les inscriptions sont en baisse marquée chez les étudiants internationaux, un recul de 8,6 % par rapport à l’automne 2019. La diminution est particulièrement forte au premier cycle, soit 13,4 %. À 44 000, les étudiants internationaux représentent 14 % de la population étudiante, une baisse par rapport aux 15,6 % de l’an dernier. « Cette baisse des étudiants internationaux n’est certes pas étrangère au contexte particulier lié à la COVID-19 », indique le BCI.

Hausse des demandes

Les résultats varient toutefois d’un établissement à l’autre. À HEC Montréal, les demandes d’admission pour le trimestre d’automne ont fortement augmenté, de 5,4 %, par rapport à 2019, selon les données compilées par le BCI.

« Il y a eu une augmentation du nombre de demandes dans la majorité des programmes », souligne François Bellavance, directeur à la Direction des études de HEC.

Une baisse au baccalauréat en administration des affaires et au MBA à temps plein a été observée.

« Les candidats étrangers inscrits dans ce programme ont préféré reporter leur admission à l’an prochain puisqu’ils ne peuvent pas venir à Montréal en ce moment. »

— François Bellavance, directeur à la Direction des études de HEC

M. Bellavance note une augmentation dans les programmes de diplômes d’études supérieures spécialisées (DESS), au MBA à temps partiel et à la maîtrise en sciences de la gestion.

Il faut dire que HEC a mis les bouchées doubles pour attirer les cégépiens et convaincre les étudiants déjà inscrits de poursuivre leurs études en dépit de la COVID-19.

« On a fait de la promotion pour différents programmes. Il y a eu des campagnes d’appels pour s’assurer que les cégépiens s’inscrivent. On a utilisé davantage les médias sociaux et notre site web. On a mis plus d’efforts que d’habitude pour faire le suivi des demandes », détaille M. Bellavance.

À l’Université de Montréal, les inscriptions sont en légère hausse, de 1,2 %, par rapport à 2019. « Si on anticipait une catastrophe, elle n’est pas survenue encore, dit son recteur, Daniel Jutras. On peut être assez contents de ça, pour l’instant. »

L’Université Concordia se tire aussi d’affaire avec une hausse de 0,9 % par rapport à 2019. Elle a par ailleurs connu la plus forte hausse des inscriptions pour un semestre d’été de son histoire, en pleine pandémie, suivie du plus petit taux de décrochage.

« Il y a une légère diminution du nombre d’étudiants étrangers au premier cycle, mais on a plus d’étudiants québécois et du reste du Canada. Alors, dans l’ensemble, nous sommes en augmentation », précise le recteur Graham Carr.

Pas de catastrophe

À l’UQAM, le nombre d’étudiants a progressé de 1,3 %. « Sur le chiffre total, il n’y a pas de variation par rapport à l’an passé, ce qui est une bonne nouvelle parce qu’on s’attendait à une baisse des inscriptions de manière assez importante, autour de 6 %, explique la rectrice Magda Fusaro. Donc, la bonne nouvelle, c’est qu’actuellement, ce que les chiffres montrent, c’est que la baisse totale, si elle existe, est moindre que prévu, bien moindre, et qu’il y a une augmentation des nouveaux étudiants. »

L’Université McGill, où 50 % des étudiants proviennent de l’extérieur du Québec, observe peu de variation par rapport à l’an dernier, mais la rectrice Suzanne Fortier note qu’il y a un plus grand nombre d’étudiants en provenance du cégep cet automne. La progression est de 0,6 %.

« Il n’y a pas de changement par rapport à l’année passée pour les étudiants qui sont en dehors du Québec. Mais on voit des diminutions dans les échanges interuniversitaires qui sont sur la glace, en ce moment. »

— Suzanne Fortier, rectrice de l'Université McGill

Selon Mme Fortier, McGill conserve son attractivité. Montréal comme ville universitaire aussi. « À l’international, les gens veulent venir étudier ici, dit-elle. On a des étudiants qui nous disent : “On sait très bien que tout est en ligne, mais on veut quand même être à Montréal.” »

À l’extérieur de la métropole, l’Université Laval se distingue avec une progression importante des inscriptions, soit 4,9 %, une hausse observable dans les trois cycles des études.

L’Université Sherbrooke est par contre affectée par une baisse de 2,2 % de ses inscriptions, provenant d’une réduction de 4,6 % de ses effectifs du premier cycle.

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