Batteries pour véhicules électriques

Le silicium pourrait remplacer le graphite

Alors que le Québec mise gros sur le graphite pour développer la filière des batteries, une petite entreprise québécoise croit que l’avenir est plutôt dans le silicium, qui remplacera le graphite dans la prochaine génération de véhicules électriques.

« Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’industrie », lance Bernard Tourillon, PDG de Resources HPQ Silicium, une petite entreprise de Montréal qui développe une technologie pour produire le matériau de batterie plus performant dont rêvent les Tesla de ce monde.

« Elon Musk a déjà dit souvent que le silicium permet de produire des batteries beaucoup plus performantes, mais que son utilisation reste limitée pour une question de coût », a-t-il expliqué lors d’un entretien avec La Presse.

Resources HPQ a trouvé une façon de transformer à un coût très bas le silicium en nanopoudres de silicium qui peuvent être incorporées dans l’anode de la batterie pour en améliorer la performance.

Son procédé baptisé PUREVAP, en instance d’homologation, est une technologie développée par PyroGenesis Canada, une entreprise de Montréal qui fabrique des poudres de métal et qui est le principal actionnaire de Resources HPQ.

Le silicium, un minerai extrait du quartz, est facile à trouver partout. Une usine en fabrique déjà à Bécancour. Compte tenu de son potentiel comme matériau de batterie, il devrait être inclus dans la liste des minéraux critiques du gouvernement, selon Bernard Tourillon.

Encore cette semaine, dans l’entente annoncée entre l’Institut de recherche d’Hydro-Québec et Berkeley Lab de Californie pour le développement de nouveaux matériaux de batteries, il est question de lithium, de graphite et de cobalt, mais pas de silicium.

Moins d’investissement

Contrairement aux projets de lithium et de graphite qui tentent de se développer au Québec pour alimenter une éventuelle filière de la mine jusqu’à la fabrication de batteries, le projet de HPQ ne demande pas d’énormes investissements en capital, fait valoir son PDG.

« Plutôt que 300 millions et plus, on parle de 20 à 30 millions. Ça pourrait permettre d’arriver plus vite dans un marché qui est en ébullition. »

— Bernard Tourillon , PDG de Resources HPQ

Après cinq ans de travail, HPQ est sur le point de produire ses premiers kilos de silicium de haute pureté qui seront testés par des fabricants de batteries dont le nom ne peut être divulgué. Son objectif est d’augmenter graduellement cette production et de devenir un producteur à bas coût qui répondra à la demande des fabricants de batteries et des constructeurs de véhicules automobiles qui, comme Tesla, veulent maintenant fabriquer leurs propres batteries.

L’entreprise, dont les actions sont inscrites à la Bourse de croissance, ne prévoit aucune difficulté à trouver les capitaux nécessaires pour poursuivre sa route. L’action de Resources HPQ valait mercredi 0,71 $. Depuis un an, le titre a varié entre 0,05 $ et 0,87 $. Sa capitalisation boursière atteint 186 millions.

Une année minière mouvementée

L’année 2020 a été fertile en évènements dans le secteur minier québécois, dont les activités ont été paralysées pendant trois semaines à cause de la COVID-19. La valeur de la principale production, l’or, a atteint un niveau record, à 2740 $CAN l’once, et le fer a atteint en fin d’année son prix le plus élevé en sept ans, à 150 $US la tonne. Malgré ces signes positifs, l’industrie minière projette des investissements de 2,9 milliards cette année, en baisse de 2,4 % par rapport en 2019. En 2019, la hausse des investissements prévue s’est transformée en baisse de 8,5 %, notamment à cause de la fermeture de Nemaska Lithium. L’année qui s’achève a aussi été marquée par l’expulsion du Québec du classement des 10 meilleurs territoires miniers mondiaux de l’Institut Fraser. Le Québec a dégringolé du 4e au 18e rang de ce classement.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.