Mode

« Les gens vont continuer d’aimer la mode »

Toute la planète mode a été bousculée par la pandémie, les détaillants en première ligne. Quels impacts la crise sanitaire a-t-elle sur ce secteur ? Pour mieux le comprendre et tenter de deviner –un peu ! – l’avenir, notre journaliste a discuté avec Richard Simons, vice-président aux achats chez Simons.

Son visage est moins connu que celui de son frère, Peter Simons, avec qui il dirige Simons. Vice-président aux achats, orchestrant une équipe d’une centaine de personnes, Richard Simons navigue depuis 35 ans dans le monde de la mode.

Normalement, il voyage partout sur le globe, une centaine de journées par année, assistant aux Semaines de la mode, rencontrant des clients potentiels, toujours à l’affût de nouvelles marques. Comme nous tous, sa vie a été chamboulée par la pandémie et le confinement. Annulant tous ses déplacements et devant désormais effectuer son travail d’acheteur à distance, il a travaillé d’arrache-pied avec son équipe pour anticiper les contrecoups de la crise sanitaire. « C’est un travail colossal que notre équipe d’acheteurs a effectué, résume-t-il. On a de gros défis devant nous. »

« Il y a beaucoup d’incertitude dans le marché présentement. C’est comme naviguer dans le brouillard. »

— Richard Simons

La mode, faite pour rester

Est-ce à dire que l’univers de la mode changera complètement de visage ? M. Simons ne le croit pas. « La mode, c’est aussi la créativité, l’expression. L’homme est une “créature sociale”. Ça ne changera pas. Les gens vont continuer d’aimer la mode. »

Des « changements à court terme » sont par contre à l’œuvre, comme le télétravail et l’accélération du commerce en ligne. À cet égard, Simons, qui avait déjà un système bien rodé en place, a pu répondre à la demande. « Si on ne s’était pas engagé sur cette voie il y a 10 ans, on ne serait probablement pas ici aujourd’hui », lance l’acheteur.

De là à penser que le commerce électronique est le nouvel eldorado, il y a un pas que M. Simons refuse de franchir. « L’industrie est extrêmement fragile et complexe aujourd’hui. On doit sans cesse être en questionnement sur le rôle d’un magasin, rester connecté avec la clientèle. Mais la philosophie reste la même. Pour moi, le magasin et le commerce en ligne sont complémentaires. »

Local, écoresponsable, socialement engagé

Selon M. Simons, la pandémie a mis sur « fast-forward » certains mouvements, comme le souci environnemental, l’achat local ou la responsabilité sociale des entreprises. « Grâce à l’internet, les gens sont très bien informés. Auparavant, les entreprises étaient seulement mesurées sur leur performance et leur profitabilité. C’est une vision qui est dépassée. La transparence, la façon de traiter les employés, le souci de l’environnement entrent désormais en ligne de compte. »

« Les gens n’achètent plus seulement un produit ; ils sont préoccupés par les valeurs que véhicule une entreprise. »

— Richard Simons

Simons s’est engagé en ce sens depuis un bon moment. Il a fait de l’achat local et de la collaboration avec des créateurs canadiens un de ses axes de développement. La collection capsule avec l’Indigenous Fashion Week et des designers autochtones, lancée en mai dernier, aurait été l’une des plus fructueuses de l’histoire de Simons.

Le programme Vision, mis en place avant la pandémie, propose des produits fabriqués avec une plus grande conscience environnementale. M. Simons cite à cet égard une nouveauté dévoilée la semaine dernière, une initiative inédite chez Simons : le lancement d’une collection d’articles griffés vintage de seconde main, comme des accessoires ou des vêtements de créateurs phares des années 1980 à 2000. « La réponse a été incroyable, au-delà de nos attentes. »

Tendance, un mot à reléguer aux oubliettes ?

C’est une question qui revient invariablement lorsqu’on parle de mode : les tendances. Ce terme a une connotation de plus en plus négative, note M. Simons, et est souvent associé au « fast-fashion », en perte de vitesse. « C’est un mot que j’essaie d’éviter. Aujourd’hui, les gens veulent surtout trouver leur propre style, acheter et porter ce qu’ils aiment. » Mieux consommer des vêtements de meilleure qualité, se constituer un vestiaire de base durable, ce serait plutôt cela, la nouvelle « tendance ».

« Le consommateur est en constante évolution, il n’existe pas de boule de cristal pour voir dans le futur. Les gens, surtout, ont un désir de créativité, de nouveauté. Ils veulent aller en magasin, ou en ligne, et être inspirés », croit Richard Simons.

Morceaux-clés de la saison

Malgré tout, quelques morceaux-clés et mouvances se démarquent pour l’automne, en phase avec les circonstances particulières créées par la pandémie. Voici quelques nouveautés soulignés par Richard Simons, vice-président aux achats chez Simons.

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