Laurence St-Germain

« Je peux me surprendre »

Ce n’est pas parce qu’elle est en Toscane que Laurence St-Germain n’a pas déjà la tête aux Championnats du monde de ski alpin.

Profitant d’une dernière période de repos avant le sprint final vers Méribel, la skieuse de Saint-Ferréol-les-Neiges a suivi avec attention le combiné féminin qui a ouvert l’évènement lundi. Ses consœurs Marie-Michèle Gagnon (10e) et Valérie Grenier (14e) ont renoué avec le slalom sur une piste que St-Germain reverra le 18 février.

« Ça m’a donné un petit rappel, a-t-elle souligné. Oui, j’y ai skié l’année dernière, mais c’était en mars [11e aux finales de la Coupe du monde]. Je veux regarder des vidéos de ma course pour me redonner une idée de comment ça allait. C’est sûr que je vais leur parler, surtout de la qualité de la neige. »

En raison d’un hiver en dents de scie, elle n’aura pas l’avantage d’un dossard favorable. Elle occupe actuellement le 19rang de la liste de départ en Coupe du monde, elle qui a régulièrement frayé avec les 10 premières ces dernières années. L’état de la piste Roc de Fer sera donc un facteur important en première manche.

Heureusement pour la représentante du club du Mont-Sainte-Anne, sa dernière course a été sa meilleure de la saison. Elle ressent encore les bonnes vibrations de sa septième place à Spindleruv Mlyn, au pays d’Ester Ledecka.

« La seule différence, c’est que j’ai fait deux manches à la hauteur de mes attentes, surtout la deuxième, a-t-elle expliqué. Je suis vraiment bien partie dès le début du tracé. Les autres manches, ça me prenait un bon 15 portes avant de rentrer dans le rythme et d’attaquer. C’est vraiment deux manches où j’ai skié à mon plein potentiel. »

À part sa neuvième place à Levi à l’entame de la saison, St-Germain n’avait jamais réussi à coller deux bonnes descentes.

« C’était un peu difficile ! Même avec mes entraîneurs, j’avais l’impression… pas qu’ils ne savaient plus comment me motiver. Je n’étais pas en panique parce que je sais que je skie bien. C’était plutôt : “Ah, tu finis une run 15e, même si tu n’as pas skié à ton potentiel. Ah ! tu as bien skié cette section-ci, même si ce n’était pas complet.” Il y avait toujours un petit “même si”… »

« Ça me donne de l’énergie »

Après sa bonne prestation en Tchéquie, elle a déclaré qu’elle comprenait parfaitement ce qui la séparait encore des meilleures. De longues séances vidéo lui ont permis de se comparer à Mikaela Shiffrin, la dame aux 85 victoires, et à l’Allemande Lena Duerr, gagnante de ce dernier slalom.

« Avec Shiffrin, il y avait des sections où je trouvais que ma position était semblable, mais elle était beaucoup plus directe, plus droite [dans le parcours]. Même chose avec Lena Duerr, même si on a un style complètement différent. Ça peut avoir l’air niaiseux, mais je dois voyager de 40 à 50 cm [de plus] à chaque porte. Sur 60 portes, ça fait une grosse différence. C’est ce que j’ai vraiment essayé d’améliorer. »

L’étudiante en génie biomédical à l’Université de Montréal veut se laisser transporter par l’atmosphère qui semble régner en Savoie, surtout après la victoire de l’enfant du pays Alexis Pinturault au combiné de mardi.

À sa première participation aux Mondiaux, en 2019, elle avait tiré profit du public nombreux à Äre (Suède) pour se classer sixième. À Cortina, en 2019, « où il n’y avait personne et pas d’ambiance », elle avait abouti au 17rang.

« Ça m’aide vraiment d’avoir le monde et de sentir que les gens sont contents de nous voir. Je le vis aussi chaque année en tant que spectatrice à la Coupe du monde de vélo de montagne au Mont-Sainte-Anne. Sentir comment moi, j’ai hâte de voir la compétition et les athlètes performer. De ressentir la même excitation envers notre sport, ça me motive et me donne de l’énergie. »

Si elle ne considère pas les Mondiaux comme une occasion de racheter un hiver autrement difficile, elle concède que l’enjeu ajoute un stress supplémentaire.

« C’est l’une de mes forces comme athlète : je gère bien la pression. En fait, je dis comme athlète, mais à l’école aussi. Je suis parfois un peu dernière minute ! Ça m’aide donc à performer sous pression. »

– Laurence St-Germain

Prudente, St-Germain ne se fixe pas d’objectif, préférant se concentrer sur l’exécution. Quand même, un podium est-il possible ? « Je pense que oui, je pense que je peux vraiment me surprendre. »

Pour ça, elle devra d’abord gagner un « petit combat » intérieur avec sa confiance.

« Je suis capable de bien skier et de compétitionner avec les meilleures. Je sais que si je fais ça, le résultat va suivre. Lequel ? Je me laisse la surprise ! »

Après sa pause toscane, St-Germain et ses coéquipières se dirigeront vers le Val d’Aoste pour reprendre l’entraînement sur neige avant leur arrivée à Méribel, mercredi de la semaine prochaine.

Une victoire qui soude

Laurence St-Germain pense « avoir perdu une année de [sa] vie » en suivant le déroulement de la course qui a mené à la première victoire de sa coéquipière Valérie Grenier au slalom géant de Kranjska Gora, le 7 janvier. « On n’a pas eu vraiment le même cheminement, mais on s’est côtoyées sur le circuit québécois. Val est une de mes meilleures amies. C’est sûr que ça me motive de voir tout ce qu’elle a traversé pour atteindre ses objectifs. Ça prouve que quand tu veux et que tu mets le travail, ça paye. C’est sûr que ça me motive à travailler plus fort. » Ce succès rejaillit également sur le collectif canadien. « Ça a beaucoup soudé notre équipe. On sent que même si on est des négligées, on est capables de faire partie des meilleures. »

– Simon Drouin, La Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.