Journée mondiale du sida

« On est en train de perdre la bataille au Canada »

La pandémie de COVID-19 fait stagner, voire reculer la lutte contre le VIH au Canada, s’inquiètent plusieurs organisations. Elles exigent une remise en question de la stratégie politique et gouvernementale pour contrer cette autre épidémie « qu’on ne peut négliger ».

« On est en train de perdre la bataille au Canada », lâche d’emblée le directeur général de la Société canadienne du sida, Gary Lacasse, en entrevue avec La Presse, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, mardi. Son organisme s’inquiète que le Canada présente « un recul » en matière de lutte contre ce virus, quand on le compare aux autres pays du G7. « Il y a une recrudescence du nombre de cas qui s’observe, et qui est encore plus forte que la hausse de 25 % qu’on a connue entre 2014 et 2018 », dit-il.

En décembre 2019, un rapport de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) démontrait que le nombre de cas de VIH a bondi au pays, passant de 2040 en 2014 à 2561 en 2018. Aucune autre donnée probante n’a été publiée depuis, déplore le directeur général, pour qui il manque aussi « beaucoup de documentation ».

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), lui, reconnaît que la COVID-19 a eu un effet sur l’accessibilité aux tests de dépistage du VIH, surtout dans les premières semaines en mars et en avril. « Nous avons mis en place différentes stratégies pour maintenir les services et faciliter l’accès au dépistage et au suivi des personnes infectées. Par moments, selon les régions et la période, l’accès a été moins facile, mais les services ont été maintenus », rétorque la porte-parole Marjorie Larouche.

Au Québec, les plus récentes données de l’Institut national de santé publique (INSPQ) démontrent que 671 cas d’infection par le VIH ont été rapportés en 2018.

M. Lacasse, lui, réclame que les centres de dépistage du VIH soient reconnus comme un service essentiel. « C’est ridicule de penser que les gens n’auront pas de relations sexuelles pendant la pandémie », illustre-t-il. Les plus touchés sont les hommes en bas de 30 ans et en haut de 50 ans. Les personnes issues de l’immigration et les usagers de drogues injectables sont aussi des « profils en hausse ».

« La pandémie prend beaucoup d’espace »

Pour l’experte en santé publique de l’Université de Montréal Roxane Borgès Da Silva, la réalité est que tout est chamboulé par la COVID-19. « Cette pandémie prend beaucoup d’espace et prend même la place des autres problèmes de santé. On constate la même chose avec la vaccination scolaire, qui est annulée dans plusieurs écoles », explique-t-elle.

Pour elle, il est évident que le rattrapage à faire est urgent. « Il faut qu’on soit capables de reprendre le dessus sur le dépistage, parce qu’en attendant, les gens qui ont le VIH ne savent pas qu’ils sont porteurs, et peuvent le répandre en prenant beaucoup moins de précautions. C’est un gros enjeu », soulève la spécialiste.

Laurie Edmiston, directrice de Catie, un organisme d’information sur le VIH, s’inquiète aussi du « recul en vue ». « Les personnes qui ont des rapports sexuels et les personnes qui utilisent des drogues, ce n’est pas nouveau. Le facteur qui rend ces activités plus risquées, en ce moment, est l’encombrement de notre infrastructure de santé publique », a-t-elle écrit dans les pages Débats de La Presse au début de la semaine.

Mme Edmiston appelle les autorités à être imaginatives. « L’autotest de dépistage du VIH récemment approuvé par Santé Canada est un outil qui pourrait être mis à profit avec efficacité afin de diagnostiquer des gens, en ce moment où les cliniques n’arrivent pas à gérer la même capacité », renchérit-elle.

Mardi, l’ASPC s’est défendue de ne pas en faire assez. « Le Canada continue de faire des progrès par rapport aux cibles 90-90-90 », a-t-on assuré sur Twitter. Ces cibles sont des engagements qu’ont pris plusieurs pays il y a quatre ans, devant les Nations unies. Elles visent à terme à ce que 90 % des personnes vivant avec le VIH soient diagnostiquées, que 90 % des personnes diagnostiquées soient suivies et que 90 % des personnes suivies parviennent à supprimer la charge virale du virus. Pour l’instant, le Canada affiche un score de 87-85-94 à ce chapitre.

Outre-mer, Santé publique France (SpF) rapporte une forte diminution du dépistage des infections de VIH. Entre février et avril, la réduction du nombre de tests sanguins a été de l’ordre de 56 %, selon Le Figaro.

Énoncé économique fédéral

Un vote de confiance à venir

Ottawa — Certaines mesures contenues dans l’énoncé économique feront l’objet d’un vote de confiance, a confirmé mardi Justin Trudeau. Mais pour précision, le scénario d’une campagne dans le temps des Fêtes est fort improbable.

Encore une fois, la survie du gouvernement libéral minoritaire est en jeu. Car un projet de loi découlant du document qu’a présenté lundi à la Chambre des communes la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a été inscrit au feuilleton.

Et puisque les propositions qu’on y trouve sont de nature fiscale, elle engagera la confiance des députés. Même si la mesure pourrait être déposée dès mercredi, les chances sont minces que le vote se tienne d’ici l’ajournement des travaux pour le temps des Fêtes – il reste huit jours au calendrier.

« J’ai raisonnablement confiance qu’aucun des partis d’opposition ne veut d’une élection en ce moment. Nous n’en voulons certainement pas une. Nous voulons offrir aux Canadiens l’aide dont ils ont besoin. »

— Justin Trudeau

Et par ailleurs, selon lui, « il y a certainement des choses dans cet énoncé économique d’automne que chaque parti devrait être en mesure de soutenir ». Le gouvernement libéral doit obtenir l’appui d’au moins un des partis de l’opposition pour éviter d’être renversé.

À l’opposition de jouer

Aussitôt déposé, lundi, l’énoncé Freeland a été critiqué par l’opposition.

Mardi, tous les partis ont fait valoir qu’ils voulaient scruter à la loupe la mesure législative qu’ils n’ont pas encore en main avant de s’avancer sur leurs intentions.

En octobre dernier, les bloquistes avaient voté contre le discours du Trône, en colère de n’avoir lu dans le texte aucun engagement concernant les transferts en santé. Puisque l’énoncé de Chrystia Freeland n’en contient pas plus, la même logique s’applique-t-elle ?

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet veut d'abord « analyser » le projet de loi ; il n’a pas ouvert son jeu, mardi.

Le NPD a été déçu de ne pas voir dans l’énoncé un impôt sur les ultra-riches, tandis que de leur côté, les conservateurs ont reproché aux libéraux d’avoir omis d’y inclure un plan sur la vaccination. Les troupes d’Erin O’Toole ont d’ailleurs encore une fois consacré l’essentiel de la période des questions à ce sujet.

Transferts en santé

Il n’y a pas que dans les banquettes de l’opposition à Ottawa que l’énoncé a passé de travers.

Les provinces comme le Québec ont remarqué que la question de la hausse des transferts en santé brillait par son absence, alors qu’une rencontre fédérale-provinciale-territoriale se prépare.

Pour l’instant, Ottawa promet de faire un transfert pouvant atteindre 1 milliard aux provinces et territoires pour leurs centres de soins de longue durée, mais l’argent est rattaché à l’établissement de normes nationales pour ces centres.

« Ce financement sera conditionnel à la présentation de plans de dépenses détaillés et attribué selon un montant égal par habitant, à condition que l’administration en question démontre que ses investissements étaient conformes aux plans de dépenses », lit-on notamment dans l’énoncé économique.

Le premier ministre Trudeau a toutefois assuré que cela ne signifiait pas qu’il arriverait les mains vides à la réunion avec ses homologues provinciaux et territoriaux, le 10 décembre prochain.

Par ailleurs, Justin Trudeau Chrystia Freeland tiendront ce soir une assemblée virtuelle pour prendre le pouls des Canadiens et répondre à leurs questions sur la pandémie et l’économie.

Normes nationales pour les CHSLD

Legault réfractaire quant aux visées du fédéral

Après son ministre des Finances, François Legault en a rajouté une couche au sujet des visées du gouvernement Trudeau d’imposer des normes nationales pour les CHSLD. « Je ne vois pas ce que le fédéral connaît là-dedans », a-t-il lancé mardi, pressant à nouveau Ottawa d’augmenter les transferts en santé. Le gouvernement Legault est clair : pas question que le fédéral « se mêle » des pratiques dans les centres de soins de longue durée. Au lendemain du dépôt de l’énoncé du gouvernement Trudeau, François Legault et son ministre Eric Girard ont, tour à tour, dénoncé qu’Ottawa demeure muet sur les transferts en santé, mais qu’il maintienne son désir d’imposer des normes nationales pour les CHSLD. Justin Trudeau a, pour sa part, assuré mardi qu’il était prêt à parler de transferts en santé, même si l’énoncé n’en fait pas mention. Les premiers ministres des provinces et M. Trudeau tiennent une rencontre au sommet le 10 décembre. Les transferts en santé sont « le seul sujet » à l’ordre du jour, a précisé M. Legault.

— Fanny Lévesque, La Presse

Gel de taxes à Longueuil grâce à l’aide gouvernementale

Malgré des revenus en baisse et des dépenses en hausse, à cause des impacts de la COVID-19, la Ville de Longueuil n’augmentera pas les taxes de ses contribuables en 2021, grâce à l’aide de 26,9 millions qui lui a été accordée par Québec et Ottawa.

La pandémie a coûté plus de 30 millions à Longueuil, a révélé la mairesse Sylvie Parent, qui a reconnu qu’il aurait été impossible d’équilibrer le budget municipal et d’accorder un gel de taxes sans aide gouvernementale.

Par exemple, la Ville perd 5,1 millions en revenus de stationnement, de droits de mutation, d’amendes et d’intérêts pour 2021.

« Avec la pandémie, et en lien avec l’aide qui nous a été consentie, avec la demande qui avait été faite par le gouvernement […], on devait accorder un peu de répit aux citoyens », a souligné Mme Parent.

La Ville de Longueuil a déposé un budget qui totalise 461,1 millions pour ses compétences locales, soit 13,7 millions de plus qu’en 2020.

La municipalité de la Rive-Sud a reçu 26,9 millions en aide gouvernementale, pour faire face aux baisses de revenus et aux nouvelles dépenses engendrées par la pandémie de COVID-19. De cette somme, 19,3 millions seront utilisés pour équilibrer le budget 2021, tandis que 7,6 millions ont servi à absorber les dépenses imprévues en 2020.

L’administration municipale a aussi procédé à une rationalisation de ses dépenses pour réussir à les réduire de 5 millions, a indiqué le directeur général de la ville, Patrick Savard.

Pour 2021, les principales dépenses en hausse sont les contrats de déneigement, qui devaient être renouvelés, l’implantation de la collecte des résidus alimentaires, la signalisation et l’éclairage des rues, ainsi que l’entretien et le resurfaçage des rues, a indiqué la mairesse Parent.

Les principaux postes de dépenses du budget municipal sont la culture, les loisirs et le développement social (18 %), la voirie (17 %), la police (16 %) et les transports en commun (12 %).

Autonomie alimentaire

L’électricité sera moins chère pour les serres, même celles de cannabis

C’est officiel. Les petites, moyennes et grandes serres pourront bénéficier d’un tarif préférentiel d’hydroélectricité pour éclairer et chauffer leur production. Dans une décision rendue mardi, la Régie de l’énergie a donné son aval à cette mesure visant à accroître l’autonomie alimentaire du Québec.

Les producteurs de fruits et légumes, mais aussi ceux de plantes ornementales et de cannabis, pourront avoir droit au prix avantageux de 5,59 cents le kilowattheure (kWh). La Régie est toutefois d’avis que l’admissibilité des producteurs de cannabis devra être revue en 2025, car Hydro-Québec évalue que les surplus d’électricité pour les besoins du Québec seront épuisés en 2027.

« La Régie considère que la nécessité d’offrir un nouveau tarif compétitif se justifie aisément pour la production en serre de fruits et légumes, mais pas nécessairement pour la production de cannabis, considérant que la situation compétitive de la production de fruits et légumes et celle du cannabis ne sont pas du tout comparables », peut-on lire dans la décision de 61 pages du tribunal administratif rendue mardi après-midi.

« Lorsque la fin des surplus énergétiques sera imminente, un resserrement du domaine d’application devra s’imposer afin de minimiser l’impact négatif d’une hausse tarifaire pour l’ensemble de la clientèle, sans en affecter l’objectif prioritaire recherché, soit l’autonomie alimentaire », écrivent les trois régisseurs qui se sont penchés sur le dossier.

900 producteurs

Pour se qualifier, les entreprises devront avoir un appel de puissance d’au moins 50 kilowatts. Le taux préférentiel s’appliquera au chauffage des serres, mais aussi à l’éclairage de photosynthèse, la lumière artificielle utilisée pour faire croître les plantes.

Le Québec compte 900 producteurs en serre. Le tarif préférentiel de 5,59 cents le kilowattheure était déjà offert pour l’éclairage des serres qui consomment plus de 300 kWh. Jusqu’ici, seulement une quinzaine d’entreprises se qualifiaient pour ce tarif.

Selon la Régie de l’énergie, 156 entreprises serricoles produisent à la fois des légumes, des plantes et des fleurs.

« Les producteurs de plantes et de fleurs produisent, dans une large part, des plantes potagères retrouvées dans les jardins des Québécois, contribuant à l’autonomie alimentaire. Ainsi, puisqu’ils contribuent à l’autonomie alimentaire, la Régie juge que l’exclusion des producteurs de plantes ornementales n’est pas souhaitable », poursuit la décision.

Doubler la culture en serre d’ici cinq ans

L’aval de la Régie de l’énergie est une très bonne nouvelle pour le gouvernement Legault, qui souhaite doubler le volume des aliments produits en serre au Québec d’ici cinq ans. Vendredi, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, a d’ailleurs déposé un plan de 91 millions pour y parvenir.

Les producteurs se réjouissent aussi de cette annonce. « On est très, très heureux et on va leur prouver qu’ils avaient raison de dire oui et que ça va créer de la richesse et de l’emploi et que ça va permettre de réduire les gaz à effet de serre dans notre secteur », a déclaré André Mousseau, président des Producteurs en serre du Québec.

Ce dernier affirme qu’à l’heure actuelle, plus de 50 % des producteurs chauffent à l’huile ou au propane.

Hydro-Québec évalue que cette nouvelle option tarifaire pourrait faire bondir les ventes annuelles d’électricité dans le secteur serricole d’environ 250 à 450 gigawattheures (GWh) d’ici 10 ans.

« Celle-ci aura aussi un impact environnemental considérable, car elle permettra d’éviter 48 000 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, soit l’équivalent du retrait de 14 000 véhicules des routes du Québec », a précisé la société d’État dans un communiqué.

Un homme d'affaires devra verser 2,4 millions à son ex-conjointe

Un homme d’affaires multimillionnaire devra verser 2,4 millions à son ex-conjointe à la suite de leur séparation, même si le couple n’a jamais été marié, selon trois juges de la Cour d’appel, qui viennent ainsi confirmer la décision du tribunal de première instance. La Cour d’appel accepte ainsi la demande de l’ex-conjointe de fait, qui affirmait que, si son ancien conjoint a réussi à faire fortune, c’est en partie grâce à son apport à la famille. Dans un premier jugement rendu en septembre 2018, le juge Robert Mongeon, de la Cour supérieure, avait reconnu que la présence de l’ex-compagne à la maison, auprès des enfants, pendant qu’ils vivaient en union libre, avait permis à l’homme d’affaires de se consacrer au projet d’entreprise qui l’a rendu millionnaire. L’homme contestait ce jugement devant la Cour d’appel.

— Isabelle Ducas, La Presse

Fuite de gaz au Golf de l’île de Montréal

Une fuite de gaz survenue mardi matin dans un poste d’embranchement a forcé la mise sur pied d’un important périmètre de sécurité aux abords de l’autoroute 40, à Montréal. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur cet incident, qui ne représentait toutefois aucun danger immédiat. « C’est sur une valve que ça s’est produit. Il y a une soupape qui laissait s’échapper un nuage de gaz, ce qui occasionnait un bruit constant. On présume que ça réagit à une pression dans le système », a expliqué David Laureti, conseiller aux affaires publiques d’Énergir, qui gère les installations dans le secteur. La fuite a finalement été colmatée vers 10 h 30. Énergir affirme avoir procédé à des lectures de présence de gaz naturel, qui se sont finalement révélées très faibles, au courant de la matinée.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

Un accident de travail fait un mort à Verdun

Un homme est mort dans un accident de travail survenu dans le secteur de Verdun, mardi matin à Montréal. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cet évènement. Les faits se sont produits peu avant 10 h, dans une ruelle située entre les rues Allard et Godin, non loin de l’intersection avec la rue Beurling. Des travaux étaient en cours ; deux employés d’une entreprise privée étaient sur place pour traiter un problème d’infiltration d’eau sur le toit. « Pour l’instant, selon les informations obtenues, tout porte à croire que l’un des deux administrateurs se déplaçait dans une échelle en ayant un évent de toit dans les mains. Il aurait perdu l’équilibre et aurait chuté », a indiqué la porte-parole de la CNESST pour la région de Montréal, Julie Robitaille. La mort de l’homme a été constatée sur place, a pu confirmer La Presse auprès de sources sûres. La suite des travaux a alors immédiatement été interdite.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

Rectificatif

Le modèle « approuvé » des Atikawmekw

Dans notre édition de mardi, nous avons publié la photo de l’ex-chef de la communauté atikamekw d’Opitciwan, Christian Awashish, plutôt que celle du Grand chef du Conseil de la Nation atikamekw, Constant Awashish, pour accompagner le texte « Protection de la jeunesse : Le modèle “approuvé” des Atikamekw ». Nos excuses.

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