Petites bêtes

Kanak au Panthéon québécois des animaux

À seulement trois ans et demi, Kanak, labrador noir du service de police de Sherbrooke, partenaire de la sergente Mélanie Bédard, a fait son entrée au Panthéon québécois des animaux. Le chien de soutien venant en aide aux enfants victimes de violence et d’agressions sexuelles a ainsi rejoint une liste de héros à poils sur laquelle figurent désormais 44 chiens, 5 chats et 2 chevaux d’exception, intronisés au cours des 20 dernières années par l’Association des médecins vétérinaires du Québec.

Depuis son entrée en service en mai 2016, Kanak est venu en aide à plus de 200 enfants uniquement sur le territoire de Sherbrooke. Il est le premier chien de soutien à avoir rejoint les rangs d’un corps de police dans la province. Depuis, la Sûreté du Québec s’est inspirée du projet lancé par la sergente Mélanie Bédard, tout comme la DPJ de Longueuil, qui a son propre chien de soutien depuis le mois d’août dernier.

L’inspiration première vient de Hawk, un chien ayant rejoint les rangs de la police de Calgary en 2015 pour soutenir en cours de justice, au cours de son témoignage, une jeune fille agressée par son père. Après avoir entendu parler de cette histoire, la sergente Bédard, spécialisée dans les enquêtes avec les enfants, a décidé de lancer un programme semblable. « Les jeunes qu’on rencontre ont besoin de réconfort. Le poste de police est loin d’être un endroit chaleureux. Ils viennent rencontrer des enquêteurs qui leur sont inconnus, répondent à des questions difficiles qui peuvent susciter de la peur, de la honte ou de la culpabilité chez eux », explique-t-elle.

Bien que la grande majorité des entrevues vidéo se déroulent au poste de police, Kanak peut aussi accompagner les enfants chez le procureur. « C’est un moment où la victime doit encore répondre à des questions difficiles et raconter une fois encore son histoire. C’est là qu’on va voir si elle est capable de s’exprimer assez clairement pour témoigner au procès, où Kanak sera également présent », précise Mme Bédard.

Le labrador, qui a une attirance innée pour les enfants, ne peut être touché par ses collègues policiers quand il se trouve au poste. Il est donc toujours très stimulé dès qu’il entend la voix d’un enfant qui va pouvoir le flatter.

« Quand j’entre dans la pièce pour proposer aux enfants la présence de Kanak, je vois leur visage tendu, leur inquiétude, leur tristesse. Mais dès que le chien entre dans la salle, ce sont des sourires et des rires, constate la sergente Bédard. Ça facilite la création du lien de confiance avec les intervenants et ça permet d’engager plus facilement la conversation. »

Effet apaisant

Tout en caressant le chien, les jeunes victimes se détendent. Une fois dans la salle d’entrevue devant l’enquêteur au dossier, Kanak s’installe à leurs côtés sur un divan double. « Il pose sa tête sur la jambe des enfants. Certains d’entre eux se couchent sur lui ou pleurent en le prenant dans leurs bras, note la policière. Même quand on essaye d’être chaleureux en tant qu’enquêteur, on n’a pas ce touché cathartique que Kanak leur apporte. »

Kanak fait également des visites de prévention auprès d’une partie de la population plus vulnérable, par exemple dans des centres jeunesse pour visiter de jeunes fugueuses. « Je me présente sans uniforme et le chien me permet de passer des messages de prévention auprès des jeunes filles beaucoup plus facilement », confie Mélanie Bédard.

Il est possible de suivre les interventions et le quotidien de Kanak sur sa propre page Facebook. Le jeune héros est suivi par près de 7000 personnes.

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