Je suis extrêmement révoltée par la situation que vit la presse locale par les temps qui courent. Le cri d’alarme lancé par Métro Média m’interpelle et résonne tristement à mes oreilles.

Non, pas une autre salle de rédaction menacée ? Pas un autre acteur majeur d’un écosystème, si important et si fragile, qui se bat pour sa survie ?

Je suis révoltée et attristée, mais ce n’est pas le moment de chercher des responsables, de montrer des coupables. Je veux d’abord et avant tout exprimer ma solidarité à Métro Média et à l’ensemble des médias locaux. Métro Média est une entreprise d’information de proximité établie à Montréal. Elle détient une vingtaine d’éditions de quartier dans la métropole et à Québec, ainsi que le Journal Métro diffusé gratuitement en format papier et numérique, rejoignant chaque semaine plus de trois millions de lecteurs et lectrices.

Je veux donc faire partager ma profonde conviction que ces médias sont des piliers de la vie culturelle, sociale et économique de nos villes, de nos communautés. J’ai toujours cru dans la pertinence et la puissance de l’information locale au service de l’enracinement, de l’inclusion, de l’intégration et de la diversité, au service de notre cohésion sociale.

Je suis une journaliste de carrière, solidaire de mes collègues, alliée naturelle, assumée et légitime de la profession. Je suis une ex-députée et ex-ministre de la Culture et des Communications consciente que le journalisme est essentiel à la démocratie. Je suis convaincue des capacités des ordres de gouvernement quand la volonté politique est là.

Se réinventer

J’estime que la presse locale a été mise devant un défi de taille : réinventer autant une offre éditoriale numérique qu’un nouveau modèle d’affaires. On lui a demandé de le faire dans un laps de temps très court et dans un contexte hostile. Il me semble que la moindre des choses est de l’aider dans cette transformation nécessaire, mais complexe.

C’est ce que demande Métro Média, un acteur historique et majeur ancré et enraciné dans la vie des Montréalaises et des Montréalais et très certainement le plus avancé dans sa transition numérique.

Je ne peux que le soutenir dans cette démarche. À ce moment critique et charnière, je ne peux qu’ajouter ma voix à ceux et celles pour qui la disparition de la presse locale n’est pas le signe d’une démocratie forte et en bonne santé.

Comment la centaine d’élus de Montréal veulent-ils communiquer avec leurs concitoyens ? Comment veulent-ils déployer une information de proximité ? À travers les plateformes numériques étrangères et leurs algorithmes changeants ? À coups de post commandités qui siphonnent leurs budgets et altèrent leur jugement en les soumettant à la dictature des commentaires anonymes ?

Pourtant, des médias ancrés dans leurs quartiers dans leur quotidien sont là et permettent un échange transparent et constructif. Ils sont là pour poser des questions, interpeller, mais aussi raconter des histoires de quartier et de commerces avoisinants, mettre en contexte des décisions, dans une perspective de participation citoyenne, de proximité.

Il me semble que le choix est facile à faire.

En terminant, permettez-moi d’avoir une pensée émue pour les jeunes journalistes et l’ensemble des salariés de Métro Média, pour qui la presse locale est très souvent un passage formateur, un tremplin nécessaire vers de brillantes carrières.

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