Cryptomonnaies

La faillite de FTX frappe d’autres plateformes

New York — Plusieurs plateformes de cryptomonnaies ont dû suspendre certains retraits ces derniers jours, victimes de la faillite de leur concurrent FTX, dont les ramifications ne cessent de s’étendre.

Dernier en date, jeudi, la perle française Coinhouse, qui a confirmé à l’AFP avoir bloqué les sorties sur son livret crypto, présenté comme un produit d’épargne en cryptomonnaies.

Dans une série de tweets, la plateforme a expliqué que certains sites partenaires à qui elle avait prêté des fonds avaient eux-mêmes interrompu les retraits pour leurs clients.

Un effet domino traverse ainsi le secteur, car parmi les partenaires de Coinhouse figurait notamment Genesis. Ce dernier avait confié des cryptomonnaies à Alameda, sorte de bras spéculatif de FTX, poussé au dépôt de bilan vendredi dernier.

Coinhouse a évoqué « des tensions globales sur le marché crypto et une pression sur les liquidités ».

Même son de cloche du côté de Gemini, vaisseau amiral des frères Winklevoss, popularisés par la genèse de Facebook et le film The Social Network.

Le groupe, également piégé par la défaillance de Genesis, a dû geler son programme Gemini Earn, qui permet, lui aussi, de placer ses cryptomonnaies, prêtées ensuite à d’autres contre rémunération.

« La semaine qui vient de s’écouler a marqué une séquence incroyablement difficile et stressante pour notre industrie. »

— Gemini, sur Twitter

Selon le site CoinDesk, avant de fermer le robinet, Gemini avait enregistré, en 24 heures seulement, près de 600 millions US de retraits contre moins de 100 millions de dépôts, un grave déséquilibre dû à la nervosité des utilisateurs, qui redoutent la contagion.

Quant à BlockFi, autre acteur de poids, il a figé l’ensemble de sa plateforme, qui gérait, fin juin, environ 3,9 milliards US, répartis sur plus de 650 000 comptes.

« Nous avons une exposition significative à FTX », a reconnu BlockFi, dont de nombreux médias américains ont indiqué qu’il envisageait de déposer le bilan.

« C’est très inquiétant, parce que nous n’avons pas encore vu l’échelle de la contagion », admet Francesco Melpignano, directeur général de Kadena Eco, spécialisée dans la chaîne de blocs.

Pour lui, le séisme FTX et ses répliques dépassent, en ampleur, ceux créés au printemps par l’implosion de la devise numérique Terra, qui avait entraîné vers le fond de nombreux sites d’échanges, notamment Celsius.

Le directeur général de Kadena Eco compare même la faillite de FTX à celle de Lehman Brothers, qui avait semé la panique sur les marchés et emmené avec elle de nombreuses banques.

Dans un entretien vidéo au Wall Street Journal, la directrice financière de Coinbase, l’un des géants du secteur, a estimé que le système crypto tout entier n’était pas en danger.

« Mais il va falloir des jours ou des semaines pour réaliser la contagion qu’a provoquée cet évènement et comprendre qui était exposé », a expliqué Alesia Haas.

« Les cryptos vont se remettre »

Beaucoup relèvent que les accidentés du choc FTX ont en commun avec ceux de la saga Terra, au printemps, d’être des plateformes centralisées, dont le modèle ressemble à des sociétés financières traditionnelles.

Ils « ont tiré avantage de la technologie de la chaîne de blocs pour créer des modèles qui n’étaient pas viables, dans le but de s’enrichir », affirme Daniel Keller, cofondateur de Flux, un écosystème virtuel qui possède sa propre cryptomonnaie.

Pour lui, l’avenir de la chaîne de blocs et des cryptos tient en un mot, « décentralisation », élément fondateur de cet univers, qui doit permettre de se passer d’intermédiaires.

Francesco Melpignano abonde et souligne que les plateformes décentralisées « ont résisté à cet effondrement » consécutif à la défaillance de FTX, tout comme elles étaient « sorties indemnes des précédentes crises ».

« Je pense que les cryptos vont se remettre », anticipe Sylvia Jablonski, de Defiance ETFs, dont un des fonds est investi dans le secteur. « Il y a tellement d’usages possibles pour la chaîne de blocs. […] C’est un système trop énorme pour qu’il disparaisse. »

FTX : Teachers radie 95 millions

Le Régime de retraite des enseignants de l’Ontario (Teachers) a indiqué vendredi qu’il déprécierait jusqu’à zéro son investissement de 95 millions US dans la plateforme de cryptomonnaie FTX, qui s’est effondrée la semaine dernière. Teachers avait investi 75 millions US dans FTX International et son entité américaine FTX.US en octobre 2021, et avait suivi cette opération par un placement additionnel de 20 millions US dans FTX.US en janvier cette année. Les investissements ont été réalisés dans l’intention d’obtenir une exposition à une activité émergente dans le secteur des technologies financières. Teachers a précisé que l’investissement représentait moins de 0,05 % du total de ses actifs nets et équivalait à une participation de 0,4 % et 0,5 % dans FTX International et FTX.US respectivement.

— La Presse Canadienne

Revue boursière

Les marchés au vert en attendant Thanksgiving

La Bourse de Toronto a conclu la semaine dans le vert grâce à la vigueur des secteurs de l’industrie et des télécommunications. New York a également clôturé en territoire positif une séance indécise, rendue volatile par des expirations d’options et des indicateurs économiques maussades. La semaine prochaine sera écourtée pour les marchés financiers aux États-Unis avec la traditionnelle fête de Thanksgiving jeudi.

— D’après La Presse Canadienne et l'Agence France-Presse

Rectificatif

Groupe Sélection

Une capsule dans notre texte sur les audiences visant à déterminer qui contrôlera la restructuration du Groupe Sélection indiquait que le nombre de résidences pour personnes âgées exploitées par l’entreprise en difficulté financière était de 48 millions. Il s’agit d’une erreur, il aurait fallu lire 48 résidences. Nos excuses.

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