Application de rencontre pour adolescents

Québec doit miser sur la prévention, selon l’opposition

Québec — Québec doit multiplier les campagnes de sensibilisation dans les écoles pour conscientiser les adolescents aux risques associés à l’utilisation d’applications comme Wizz, selon l’opposition. Pour le Parti québécois, l’enjeu doit provoquer « un éveil collectif ».

« Les mots qui me viennent en tête, c’est : sensibilisation, sensibilisation, sensibilisation », a fait valoir le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

« C’est pour ça que c’est important, l’éducation à la sexualité dans les écoles. C’est pour ça qu’il faut outiller les parents. C’est pour ça qu’il faut des groupes communautaires bien financés pour accompagner les familles avant que ça arrive, idéalement, puis, si c’est arrivé, les accompagner après également », a-t-il ajouté.

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec abonde dans le même sens : « Je pense que, collectivement, on pourrait faire plus et mieux pour instruire nos jeunes, les éduquer, de dire que c’est excessivement dangereux, ce type d’application là, il y a des prédateurs là-dessus, il faut faire attention », a souligné Marc Tanguay.

La Presse rapportait mardi que Wizz, application de style Tinder, permet de connecter des millions d’adolescents dans le monde, mais offre du même coup une plateforme rêvée aux prédateurs sexuels.

Le Centre canadien de protection de l’enfance recommande d’ailleurs à tous les parents de songer à bloquer l’accès à cette application.

Il y a un « devoir parental », selon Marc Tanguay. Mais cela dit, le gouvernement a aussi la responsabilité de s’assurer que la question soit abordée dans le milieu scolaire, croit-il.

« Le gouvernement ne peut pas, du jour au lendemain, interdire une application, ce serait excessivement difficile, juridiquement, mais il peut par des campagnes de sensibilisation […] dire : faites attention. C’est un énorme drapeau rouge », a ajouté le chef libéral intérimaire.

Il a été impossible d’interroger le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, sur le sujet mardi.

Il doit y avoir un « éveil collectif », selon le PQ

Pour le Parti québécois, qui a promis de faire du temps passé par les jeunes devant les écrans une priorité, la situation dépeinte dans La Presse doit contribuer à un « éveil collectif ».

« Aujourd’hui, il devrait y avoir un éveil collectif, un électrochoc de se dire : nos enfants de 12 ans, 13 ans seraient sur des sites de rencontre à la Tinder, puis s’exposeraient à des prédateurs sexuels, puis nous, on ne fera rien, comme gouvernement, on va regarder ça puis on va se dire : “Bien, c’est comme ça” ? », a déploré Paul St-Pierre Plamondon.

« Ce que j’ai exploré, sur le temps d’écran, c’est de donner aux parents des outils, y aller avec beaucoup plus de prévention, de sensibilisation », a-t-il ajouté. Selon lui, le temps d’écran chez les jeunes est un « problème de santé publique ».

— Avec la collaboration de Léa Carrier, La Presse

Campements de sans-abri

« Un échec moral générationnel », dit le ministre Fraser

Ottawa — La multiplication des campements de sans-abri un peu partout au pays est un « échec moral générationnel », affirme le ministre du Logement, Sean Fraser. Il compte présenter un plan pour lutter contre ce phénomène avant le 31 août, comme le réclame la défenseure du logement dans son plus récent rapport.

« Je ne pourrai pas dire en toute honnêteté que j’ai résolu correctement la crise du logement si nous devons encore croiser des gens qui dorment dans la rue au Canada », a-t-il affirmé en mêlée de presse avant la réunion du Cabinet mardi.

« Nous devons nous demander, non seulement en tant que gouvernement, mais aussi en tant que société, et cela inclut également les autres ordres de gouvernement : dans quel genre de pays voulons-nous vivre ? Pensons-nous qu’il est acceptable que des personnes ne soient pas en mesure d’atteindre leur plein potentiel parce qu’elles ne trouvent pas de logement ? »

Il espère pouvoir présenter une série de mesures pour lutter contre l’itinérance avant le 31 août qui feront partie d’un « plan plus global pour faire face à la crise du logement », incluant de l’hébergement de transition et des appartements à prix abordables.

Dans son plus récent rapport, la défenseure du logement réclame un plan d’intervention national d’ici la fin du mois d’août pour régler la situation des campements qui se sont multipliés un peu partout au pays. Marie-Josée Houle en fait « une question de vie ou de mort » puisque les gens qui vivent dehors peuvent être emportés par le froid ou par une surdose de drogue ou être battus à mort.

Elle estime que le gouvernement fédéral et les provinces ne peuvent plus laisser les municipalités se débrouiller seules avec le problème de l’itinérance.

« C’est vraiment une crise et c’est urgent », avait-elle affirmé en entrevue à La Presse, la veille.

« Il nous reste encore du travail à accomplir pour identifier les politiques appropriées », a expliqué le ministre Fraser.

Il a fait valoir que les défis dans une ville comme Halifax ne sont pas les mêmes qu’à Toronto ou à Vancouver et qu’il faut donc prendre le temps de trouver des solutions qui répondent aux besoins locaux.

De grandes attentes

L’itinérance existe dans toutes les régions, a rappelé l’Union des municipalités du Québec. Cette dernière s’attend à ce que les gouvernements fédéral et québécois « soient pleinement engagés » pour répondre aux besoins en logement pour les personnes vulnérables.

« Il y a urgence d’agir, les municipalités sont trop souvent laissées à elles-mêmes et ne peuvent gérer seules cette crise sans précédent, a déclaré son président, Martin Damphousse. Les solutions sont complexes et nécessitent une action coordonnée. »

Au bureau du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, on rappelle que le gouvernement québécois est en train de déployer son Plan d’action interministériel en itinérance, en place depuis 2021. Son attaché de presse, Lambert Drainville, a indiqué que la dernière mise à jour économique prévoyait 500 logements qui leur seront destinés.

Il en faudrait toutefois plusieurs milliers, selon la directrice générale de l’Accueil Bonneau, Fiona Crossling.

« À plus long terme, la création de places d’hébergement de transition et d’hébergement supervisé permettra de ramener les personnes vulnérables vers le logement et, en même temps, de libérer des places dans les refuges », a précisé l’attaché de presse en donnant pour exemple un nouveau centre d’hébergement aménagé dans l’ancienne prison de Chicoutimi dévoilé la veille par plusieurs ministres du gouvernement Legault, dont Lionel Carmant.

— Avec la collaboration d’Isabelle Ducas, La Presse

Protection du territoire agricole

Pour un chien de garde des transactions agricoles

Qui achète les terres agricoles au Québec et dans quel but ? Pour empêcher l’accaparement des terres, la spéculation et l’enfrichement, Québec doit créer un chien de garde responsable d’autoriser chaque transaction foncière agricole dans la province.

C’est que demande l’Alliance SaluTERRE – un regroupement qui compte parmi ses membres Équiterre, la Fédération de la relève agricole du Québec, la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique, Protec-Terre et Vivre en Ville – dans un mémoire qu’elle déposera ce mercredi dans le cadre de la consultation nationale visant à moderniser la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles.

Cet organisme aurait le mandat d’évaluer si, par exemple, la transaction permettrait à l’acquéreur de s’établir aisément en agriculture, favoriserait une relève agricole diversifiée ou dynamiserait le tissu socio-économique rural.

La mise en place d’une telle entité pour protéger la vocation du territoire agricole est importante dans un contexte où les changements climatiques et les tensions géopolitiques menacent notre approvisionnement alimentaire, souligne Carole-Anne Lapierre, porte-parole de l’Alliance SaluTERRE.

« On mange trois fois par jour et on l’a vu pendant la pandémie, il y a des enjeux d’approvisionnement. On s’est rendu compte que dans le système alimentaire mondialisé, il y avait des fragilités. Et donc si on ne maintient pas une certaine autonomie alimentaire ici, on se met à risque d’un point de vue de la sécurité alimentaire », explique-t-elle.

Cet organisme pourrait prendre la forme d’une agence gouvernementale. Le mandat pourrait aussi être confié à la Commission de protection du territoire agricole, un tribunal administratif.

Création d’un observatoire

Adoptée en 1978, la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles est l’héritage du plus célèbre ministre québécois de l’Agriculture, Jean Garon. Elle visait à mettre un frein à l’étalement urbain et à protéger les bonnes terres agricoles de la spéculation immobilière. Elle a ainsi délimité des « zones vertes » où il est interdit de construire des commerces ou des résidences autres que celles des agriculteurs qui exploitent la terre.

Même si la superficie de la zone agricole au Québec est stable depuis 30 ans, dans les faits, des terres ont pu être dézonées dans les plus importantes régions agricoles comme la Montérégie et Chaudière-Appalaches, tandis que des terres zonées agricoles se sont ajoutées dans des régions plus périphériques comme la Côte-Nord et le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Au Québec, 2 % du territoire est exploité à des fins agricoles, mais de plus en plus de superficies sont laissées en friche.

Entre 2006 et 2021, 63 000 hectares sont tombés en friche au Québec, soit plus que la taille de l’île de Montréal (48 000 hectares).

Alors que Québec mène cette grande réflexion sur l’avenir de notre garde-manger, les données sur la propriété et l’usage des terres sont incomplètes ou disparates, déplore Carole-Anne Lapierre. Un peu comme si on avait mis la « charrue avant les bœufs », illustre-t-elle.

C’est pourquoi l’Alliance SaluTERRE propose la création d’un observatoire du foncier agricole, un organisme qui serait complètement indépendant et doté de pouvoirs d’enquête.

Sa mise en place permettrait par exemple de quantifier et d’étudier le phénomène de l’achat des terres par des non-agriculteurs.

Cet observatoire pourrait aussi répertorier des zones cultivables qui pourraient potentiellement être réintégrées à la zone verte.

Montréal

L’École nationale du meuble et de l’ébénisterie menacée de fermeture

Les professeurs de l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie à Montréal montent aux barricades pour éviter sa fermeture possible.

Comme tant d’universités et quelques cégeps qui ouvrent des antennes très loin de leur territoire, le cégep de Victoriaville a ouvert à Montréal une filiale de son école du meuble, il y a quelque 30 ans, histoire de maximiser le nombre d’inscriptions.

Or, le cégep perdra bientôt, au profit du cégep d’Ahuntsic, son programme d’agriculture urbaine, qu’il avait accueilli dans le même immeuble (coin Masson et De Lorimier) il y a deux ans. Le cégep de Victoriaville perd ainsi le financement associé au programme d’agriculture urbaine et l’espace qu’il occupe sera bientôt libre.

Aux professeurs, la direction aurait dit qu’elle envisage trois possibilités : rester sur place et trouver un autre locataire, vendre l’édifice et en devenir le locataire ou fermer l’antenne de Montréal pour ne conserver que son école principale de Victoriaville.

Mathieu Pellerin, qui enseigne à Montréal, dit avoir demandé à la direction si elle songeait à greffer sa filiale montréalaise à un cégep de la métropole.

Cette avenue, assure-t-il, a été rejetée du revers de la main, ce qu’il perçoit comme « une politique de la terre brûlée », le cégep de Victoriaville ne voulant pas selon lui qu’un autre cégep fasse concurrence à son école principale de Victoriaville.

C’est aussi la compréhension du professeur Julien Duchêne, qui est outré de voir que le cégep de Victoriaville est prêt à mettre la hache dans un « projet éducatif et dans le savoir-faire en ébénisterie » à Montréal pour des raisons de rivalités entre cégeps. (Entre 15 et 25 élèves sont finissants chaque année.)

La direction du cégep de Victoriaville a refusé notre demande d’entrevue dans l’immédiat, disant qu’elle ferait des commentaires après la séance du conseil d’administration du 19 février.

Le cabinet de Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur, a seulement fait savoir qu’il « travaille en étroite collaboration avec le cégep de Victoriaville sur différentes pistes de solution ».

Un milieu « en santé »

Julien Duchêne trouve désolant que le petit joyau que représente l’école risque d’être démantelé alors que, de son point de vue, très peu d’efforts sont déployés pour trouver d’autres locataires. Il ajoute que l’École nationale est située au cœur d’un quartier bouillonnant, quantité d’ateliers d’ébénisterie se trouvant dans ce secteur propice au développement d’un pôle de métiers.

À Radio-Canada, l’École de joaillerie de Montréal, qui a un bail annuel boulevard De Maisonneuve, dit qu’elle se verrait très bien comme locataire à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie.

Comme les professeurs – qui ont lancé une pétition –, Éléonore Schreiber, étudiante de 2e année, souligne à quel point « le milieu de l’ébénisterie est en santé à Montréal » et que le taux de placement des finissants est de près de 100 %.

Pour Thomas Vera, l’École d’ébénisterie a non seulement été le tremplin d’une reconversion professionnelle, elle a aussi été celle qui l’a attiré au Québec de sa France natale. « Après ma formation, j’entends lancer ma business, rester à Montréal. Je pense louer un atelier, le partager avec quelqu’un et lancer mon activité. »

Les étudiants en cours de formation ne sont pas menacés. Ceux qui fréquentent déjà cette école pourront terminer leur formation. Mais tous ceux qui ont été interviewés font valoir qu’il serait regrettable de fermer une école qui fonctionne bien et qui forme des jeunes dans un domaine où il y a pénurie de main-d’œuvre.

Port de Montréal

La SQ saisit plus de 50 véhicules volés

Une semaine à peine après sa mise en place, la nouvelle escouade policière vouée à contrer le vol d’autos a mené un premier coup de filet dans le port de Montréal. Pas moins de 26 conteneurs ont été perquisitionnés mardi, permettant la saisie de 53 véhicules. « On est très satisfait de cette première grosse opération », lance le lieutenant à la Sûreté du Québec Matthieu Pronovost, qui promet d’en faire plusieurs autres au cours des prochains mois. Ces derniers jours, des renseignements avaient été obtenus par des enquêteurs au sujet de deux exportateurs de véhicules volés. Il s’agissait de deux entreprises reliées à des milieux criminels. Les dizaines de voitures étaient d’abord destinées à des ports de transit au Maroc et en Belgique, « pour ensuite être transbordés dans d’autres navires de plus petite capacité, qui se rendent au bout du compte vers d’autres pays du Moyen-Orient, le plus souvent », précise M. Pronovost. — Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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