Poisson et mercure

La taille et l’âge d’un poisson influencent-ils sa teneur en mercure ?

Oui

Plus un poisson est gros, plus un poisson est vieux, plus sa teneur en mercure est élevée.

C’est logique : les gros poissons, à force d’en manger des petits, accumulent davantage de mercure dans leur organisme. « Plus le poisson est au haut de la chaîne alimentaire, plus il est prédateur, plus il va manger d’autres poissons », explique Amélie Charest, de l’Université Laval. De la même façon, plus un poisson est vieux, plus il aura emmagasiné de mercure dans ses tissus.

Ainsi, Santé Canada recommande de réduire notre consommation de variétés imposantes comme le thon rouge, le requin, l’espadon, le marlin… En revanche, on peut se régaler sans problème de poissons et de fruits de mer de taille modeste comme les anchois, le hareng, le maquereau, la goberge, le saumon, le crabe, la crevette, la palourde, les moules, les huîtres…

Heureusement, le problème se pose peu au Québec, puisque nous mangeons assez rarement du requin, remarque Amélie Charest. « Ces espèces sont moins présentes chez nous que la truite, par exemple, qui contient beaucoup moins de mercure », note-t-elle.

Intoxication

Concrètement, quelles sont les conséquences d’une intoxication au mercure chez l’humain ? D’abord, il faut savoir que le mercure se loge dans tous les tissus de l’organisme – musculaire, osseux, nerveux… – et qu’il ne s’élimine pas ; il s’accumule tout au long de notre vie et peut atteindre le cerveau. « Le mercure est difficilement délogeable dans notre corps. S’il y en a trop, ça va jusqu’aux symptômes », énonce Marise Charron, de NutriSimple.

Les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables. « Ça traverse le placenta, poursuit Mme Charron. Le fœtus est petit, ça peut nuire à son développement. » Le même transfert peut survenir à l’allaitement.

Dans les cas extrêmes d’intoxication au mercure, les symptômes peuvent aller jusqu’à des troubles visuels, des tremblements, des problèmes de coordination, et même des changements de personnalité. Mais ces graves conséquences ne peuvent être imputées à la simple consommation occasionnelle de poisson, nuance Amélie Charest.

Il faut aussi garder en tête que les bénéfices à manger du poisson sont beaucoup plus nombreux que les désavantages. « C’est un aliment vraiment complet, avance Mme Charest. On y trouve des oméga-3, des protéines complètes, du sélénium… Il ne faut pas faire peur aux gens et qu’ils arrêtent d’en manger, parce qu’on n’en consomme déjà pas assez. »

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