Vaccin candidat québécois

Des résultats « très encourageants » pour Medicago

Medicago vient de franchir une nouvelle étape pour son vaccin anti-COVID-19 en rendant publics des résultats « très encourageants » de ses essais cliniques de phase 2. À en juger par des tests sanguins, le vaccin semble induire une forte réponse immunitaire avec peu d’effets indésirables – pour la plupart très bénins.

« La phase 2, son but, c’était de confirmer qu’on avait trouvé les bonnes doses de vaccin et d’adjuvant [une substance qui stimule le système immunitaire et augmente la protection conférée par le vaccin, dans ce cas-ci fourni par la multinationale GlaxoSmithKline] et de montrer qu’on avait un profil de sécurité adéquat et une bonne réponse immunitaire », explique Nathalie Landry, vice-présidente aux affaires scientifiques et médicales de l’entreprise établie à Québec.

Et c’est bien ce que les résultats semblent montrer. Après deux doses, les 306 adultes (de 18 à 55 ans) et les 282 personnes âgées qui ont participé à l’essai clinique avaient des quantités d’anticorps en circulation dans le sang environ 10 fois supérieures à ce qu’on observe à la suite d’une infection naturelle à la COVID-19.

C’est particulièrement encourageant, explique Mme Landry, parce que jusqu’à maintenant, « ce qui prédit le mieux l’efficacité des vaccins en phase 3, c’est la différence d’anticorps entre les vaccinés et ceux qui ont eu la maladie. Plus cette différence-là est grande, et plus l’efficacité mesurée en phase 3 est bonne. Alors on est très encouragés par le fait d’avoir obtenu un tel écart et d’observer le même niveau d’anticorps chez les personnes âgées. »

« On ne va pas crier victoire tout de suite, c’est la phase 3 qui va devoir démontrer l’efficacité, mais c’est très encourageant. »

— Nathalie Landry, vice-présidente aux affaires scientifiques et médicales chez Medicago

Notons cependant que l’étude n’a pour l’instant été publiée que sur le serveur medRxiv. Il s’agit donc d’une « prépublication » qui doit être considérée avec prudence parce qu’elle n’a pas encore passé les étapes de révision par les pairs qui mènent à une publication en bonne et due force dans une revue savante.

Phase 3 dans plusieurs pays

La phase 3, entamée depuis le mois de mars, consistera à tester le vaccin « pour vrai » en l’inoculant à un grand nombre de volontaires (dont une partie ne reçoit qu’un placebo), puis en comparant combien d’entre eux attrapent la COVID-19 pendant les semaines ou mois qui suivent. S’il y en a moins qui l’attrapent dans le groupe vacciné que dans le groupe placebo, cela signifiera que le vaccin protège bel et bien.

À cet égard, d’ailleurs, la campagne de vaccination massive a plus ou moins contraint Medicago à déplacer sa phase 3 en partie hors du Québec. Lors de la phase 2, l’hiver dernier, l’entreprise avait eu du mal à recruter des volontaires âgés parce qu’une grande partie d’entre eux était déjà vaccinée. Et comme la vaccination allait bon train en mars dernier, c’est « entre autres » pour éviter de manquer de participants que la phase 3 « recrute dans 11 pays », dit Mme Landry. « Mais c’est aussi parce que quand on a planifié l’étude, il y a six mois, c’était difficile de prévoir où le virus allait circuler. Est-ce qu’il allait y avoir une deuxième vague, une troisième, où et quand ? Personne ne pouvait le prévoir. »

Or, on ne peut pas mesurer l’efficacité d’un vaccin dans un pays où le virus ne circule pas – d’où l’idée d’aller dans plusieurs pays, afin de s’assurer que la COVID-19 serait présente au moins à certains endroits.

Rappelons que le vaccin candidat de Medicago est à base de « particules pseudo-virales » (PPV). Ces PPV sont tout simplement des protéines que l’on retrouve à la surface de la COVID-19 et qui sont présentées dans une double couche de lipides – exactement comme elles se présentent à la surface des coronavirus. L’entreprise de Québec fabrique ces PPV dans des plantes qui sont « manipulées » afin de leur faire fabriquer les protéines voulues. Les feuilles sont ensuite récoltées afin que les protéines virales puissent être isolées et purifiées.

Malgré la campagne de vaccination qui progresse rapidement au Québec et au Canada, Medicago espère toujours « livrer » d’ici la fin de l’été les doses de vaccin que le fédéral lui a commandées. Il est possible qu’il reste des gens à vacciner, en particulier chez les plus jeunes. D’autres pays qui n’ont pas eu accès aux vaccins en même temps que l’Occident pourraient également se montrer intéressés.

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