Nouveau coup de main de Québec aux entreprises

L’aide concerne la rétention d’employés à bas salaire et le maintien de liquidités

Le gouvernement Legault a instauré deux nouvelles mesures vendredi pour venir en aide aux entreprises touchées par la crise de la COVID-19, soit en leur permettant de retenir les employés à bas salaire, soit en permettant aux plus petites organisations de compenser leur manque de liquidités.

Le gouvernement Legault offre 100 $ de plus par semaine, imposables, aux travailleurs à faible revenu qui travaillent dans les services essentiels. Toutefois, le versement ne se fera qu’à compter du 19 mai.

Ce nouveau Programme incitatif pour la rétention des travailleurs (PIRTE) coûtera 890 millions, a indiqué le ministre des Finances, Eric Girard, en conférence de presse vendredi après-midi au parlement.

Le PIRTE vise à indemniser des travailleurs qui se retrouvent à gagner moins que s’ils étaient sans travail et touchaient la Prestation canadienne d’urgence du gouvernement fédéral – une prestation de 2000 $ par mois. Il était donc tentant pour des travailleurs au salaire minimum dans des secteurs critiques, commis de supermarché, chauffeurs ou cuisiniers, par exemple, de quitter leur emploi moins payant pour toucher l’allocation fédérale.

Le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, qui échange avec les employeurs, a reconnu que les secteurs essentiels actuels sentent une « certaine fragilité ».

« C’est sûr que la Prestation canadienne d’urgence a eu un certain effet désincitatif », a-t-il admis, au côté de son collègue Eric Girard, ministre des Finances, selon qui il s’agit d’un bon programme fédéral ayant des « effets non souhaités ».

Le montant forfaitaire équivaudra donc à 400 $ par mois, qui seront imposables.

La prestation sera versée rétroactivement au 15 mars, pour 16 semaines maximum.

Pour être admissible, un travailleur doit notamment travailler dans un service essentiel et gagner au plus 550 $ par semaine.

Le syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC Québec), qui représente 55 000 membres, s’est dit déçu de la mesure, qui ne concerne pas l’ensemble des travailleurs du secteur, mais seulement ceux qui touchent les salaires les plus bas. « Les travailleurs syndiqués n’auront même pas d’augmentation avec l’annonce du gouvernement, malgré leur dévouement depuis le début de la pandémie », a dit Antonio Filato, président du conseil provincial des TUAC Québec.

Du financement pour les plus petites entreprises

Le programme Aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises vise les PME qui éprouvent des difficultés financières en raison de la crise et qui ont besoin de liquidités d’un montant inférieur à 50 000 $ pour leur fonds de roulement.

L’aide accordée prendra la forme d’un prêt ou d’une garantie de prêt pouvant atteindre 50 000 $.

Cette initiative s’ajoute au Programme d’action concertée temporaire pour les entreprises (PACTE) annoncé le 19 mars dernier et qui s’adresse aux entreprises ayant besoin de liquidités d’un montant supérieur à 50 000 $ pour leur fonds de roulement.

Une enveloppe initiale de 150 millions est mise à la disposition des MRC et territoires équivalents pour venir en aide aux entreprises, « afin qu’elles soient en mesure de maintenir, de consolider ou de relancer leurs activités », indique-t-on dans un communiqué.

Montréal et Québec recevront respectivement 40 millions et 10 millions, tandis que les autres MRC et territoires équivalents se partageront 100 millions.

Les entreprises de tous les secteurs d’activité, y compris les coopératives, les organismes sans but lucratif et les entreprises d’économie sociale réalisant des activités commerciales sont admissibles.

Québec a également annoncé une prolongation des Fonds locaux d’investissement (FLI) de deux ans, soit jusqu’au 31 décembre 2022.

De nouvelles mesures d’assouplissement des conditions de remboursement des prêts consentis dans le cadre des FLI ont aussi été prévues. Il sera donc possible d’offrir aux entreprises un répit additionnel de trois mois pour le remboursement de leur prêt (capital et intérêts). Ces nouvelles mesures s’ajoutent à celles annoncées le 19 mars dernier et portent à six mois la période de répit pour les entreprises.

Ces aides annoncées vendredi sont un soulagement pour les plus petites entreprises, a réagi la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ). L’organisme reste toutefois préoccupé par le niveau d’endettement des entreprises, d’autant que plusieurs aides prennent la forme de prêts ou de garanties de prêts. La FCCQ préconise plutôt une aide financière directe « afin de s’assurer de limiter l’endettement des entreprises et qu’elles puissent redémarrer leurs opérations normales le plus rapidement possible, au moment de la reprise économique », dit son PDG, Charles Milliard, dans un communiqué.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a salué la mesure. Au Québec, 85 % des PME sont fermées partiellement ou complètement en raison de la crise de la COVID-19, souligne la FCEI.

— Avec La Presse

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