Grande entrevue : Stéphane Garneau, PDG de Micro Logic

Propulsée par le vent de l’infonuagique

Il y a 12 ans, Micro Logic était un simple magasin d’informatique grand public de la ville de Québec lorsque Stéphane Garneau l’a racheté pour en réorienter les activités vers les services au gouvernement et aux grandes entreprises. En 2014, Micro Logic a décidé de prendre le virage de l’infonuagique en créant le Projet Cirrus, le premier cloud québécois qui offre des services informatiques par abonnement aux entreprises et aux organismes gouvernementaux.

Après avoir été durant 20 ans un spécialiste en redressement d’entreprises du secteur de technologie de l’informatique, Stéphane Garneau a décidé de se sédentariser en achetant la boutique Micro Logic de Sainte-Foy, qui éprouvait alors des difficultés.

« J’ai racheté pour 70 000 $ les inventaires, mais j’ai mis la main sur 20 employés compétents qui m’ont permis de réaliser le développement que je souhaitais faire. J’ai fermé la boutique et je me suis réorienté vers la revente d’équipements et de services informatiques au gouvernement et aux entreprises », relate l’entrepreneur en TI.

« Dès la première année, on est passés de 5 à 25 millions de ventes. En 2014, j’ai lancé le Projet Cirrus, soit la création d’un cloud québécois au moment où l’infonuagique commençait à peine à se déployer. »

— Stéphane Garneau, PDG de Micro Logic

Il y a un mois, Stéphane Garneau s’est vu décerner le titre de PDG de l’année par l’Association des technologies québécoises (AQT) alors que Micro Logic, par l’entremise de son Projet Cirrus, dessert aujourd’hui plus de 2000 clients, entreprises et organismes gouvernementaux.

« À partir de 2014, on a réinvesti continuellement 90 % de nos profits dans le développement de nos opérations de revendeur de services infonuagiques. On est le seul opérateur 100 % québécois avec un centre de données à Québec et un autre à Montréal », précise Stéphane Garneau.

Et la croissance à court et moyen termes s’annonce costaude, puisque le gouvernement québécois, les organismes publics et les grandes entreprises ont entrepris de réorienter leur soutien informatique vers l’infonuagique plutôt que de continuer à gérer eux-mêmes leurs propres centres de données.

« Avec la pénurie de main-d’œuvre, les entreprises et les organismes publics veulent délester des services et rapatrier des emplois captifs pour mieux réaliser leur transformation numérique », observe le PDG de Micro Logic.

Au départ, Québec voulait trouver des fournisseurs québécois, mais acceptait de faire affaire avec des entreprises de services infonuagiques qui ne faisaient que revendre des solutions de Google ou d’Amazon.

« C’était un peu comme Le Panier bleu. Il y a deux ans, Québec a toutefois décidé de faire affaire avec des entreprises québécoises qui offraient leurs propres solutions. Depuis 2020, on peut jouer d’égal à égal avec les cinq grands noms américains de l’infonuagique », se réjouit Stéphane Garneau.

Des ambitions de croissance

Au cours des quatre dernières années, le Projet Cirrus a élargi son champ d’action. L’entreprise ne fait pas que de la sauvegarde de données et du soutien informatique, mais aussi des services gérés, de la sécurité, de la virtualisation, elle offre des plans de relève et des postes de travail virtuels.

« On a deux centres de données à Montréal et Québec, et on veut prendre de l’expansion en Ontario et en Colombie-Britannique. On commence déjà à soumissionner sur des appels d’offres », expose l’entrepreneur.

« Du côté corporatif, il reste encore 85 % des entreprises qui n’ont pas encore pris le virage de l’infonuagique et on prévoit que d’ici cinq ans, 85 % d’entre elles vont le faire. Pour les entreprises restantes, on va continuer de leur vendre de l’équipement pour leurs propres serveurs. »

— Stéphane Garneau, PDG de Micro Logic

Micro Logic a signé une entente avec Dell qui lui permet de revendre ses serveurs dans ses centres de données pour ses propres clients avec les mêmes rabais que si la multinationale les vendait elle-même.

« Le marché de l’infonuagique, c’est 10 milliards US par année pour le marché canadien. Les grands acteurs américains détiennent 70 % de ce marché, ce qui laisse 30 % pour des fournisseurs locaux comme nous. On est déjà le troisième plus gros fournisseur en services infonuagiques pour le gouvernement du Québec », souligne Stéphane Garneau.

Jusqu’à présent, Micro Logic a financé tout son développement à partir de ses propres fonds, mais la forte croissance anticipée au cours des prochaines années l’oblige à recourir à du financement extérieur.

« On va compléter une première ronde de 150 millions très bientôt sans diluer notre propriété. On prévoit une ronde ultérieure au cours de laquelle on pourrait se diluer un peu », anticipe le PDG.

Les fonds iront notamment à l’acquisition de nouveaux serveurs pour soutenir la demande et à l’embauche de nouveaux collaborateurs.

Micro Logic compte 320 employés et prévoit en embaucher 700 autres au cours des cinq prochaines années pour soutenir son développement.

L’entreprise n’écarte pas les possibilités d’acquisition pour lui permettre d’accélérer son implantation dans de nouveaux marchés, ailleurs au Canada et même dans le nord-est des États-Unis.

« La souveraineté des données, c’est important, il faut les garder au Québec. En cas d’attaque informatique, les entreprises doivent avoir une troisième voûte pour conserver leurs données et leur permettre de reprendre leurs activités une fois la menace écartée. On leur offre cette protection », rappelle Stéphane Garneau.

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