Voyage Plein air

Monsieur Météo Laurentides

La neige s’est faite capricieuse en ce début d’hiver. De grosses bordées. Une disparition presque complète dans le sud de la province. Un retour plus ou moins réussi. Éric Chatigny a eu du boulot.

Éric Chatigny est professeur d’anglais au secondaire à Mont-Tremblant. C’est aussi un météorologue amateur qui passe des heures à consulter des données et des modèles pour concocter ses propres prévisions pour les Laurentides et les stations de ski de la province. Il alimente son site internet, meteolaurentides.com, en plus de collaborer avec le site Zone.Ski et la station de radio laurentienne CIME.

« La météorologie a toujours été une passion pour moi, raconte-t-il. J’avais 5 ans, je savais que c’était ça que je voulais faire dans ma vie. Je suis originaire de l’île d’Orléans. On avait une belle vue sur Québec et comme les systèmes se déplacent toujours d’ouest en est, on voyait souvent les phénomènes météo s’en venir de la ville vers nous. »

Il a donc commencé un baccalauréat en météorologie à McGill, qu’il a abandonné en chemin. « Je n’ai pas aimé Montréal. Dans la grande ville, je n’étais pas très heureux. Et puis, la météorologie, c’est un domaine où il y a beaucoup de physique, de chimie, de mathématiques. Je trouvais ça assez ardu. Je me suis réorienté pour enseigner l’anglais, ce que je fais depuis 23 ans. »

Il a toutefois continué à acquérir par lui-même des connaissances en météorologie. « Avec l’internet, on a eu de plus en plus accès à des modèles météo et à des données radar satellitaires. »

Particularités de la région

Et lorsqu’il s’est installé dans les Laurentides, il a constaté que les prévisions des grands acteurs comme Environnement Canada et MétéoMédia n’étaient pas toujours justes, notamment en raison de la topographie de la région. Il y a une grande différence entre ce qui se passe dans les vallées et sur les montagnes. Il y a également des particularités topographiques qui font que certaines régions des Laurentides ont un climat bien à elles, comme la fameuse snowbelt (zone de neige), qui englobe Sainte-Agathe, Val-David, Val-Morin, Morin-Heights et Sainte-Marguerite.

« J’ai commencé à faire mes propres prévisions. Mes collègues trouvaient que j’étais bon. J’ai bâti un site internet. De fil en aiguille, j’ai eu plus d’adeptes. »

— Éric Chatigny, météorologue amateur

Il note que la météorologie repose de plus en plus sur l’automatisation : les modèles se saisissent des données et accouchent de prévisions. Les météorologues en chair et en os, s’ils interviennent, le font en fin de processus pour adapter les prévisions.

Il existe plusieurs modèles météorologiques. Ils ont été développés dans différentes régions, mais ils prennent en considération la météo sur toute la surface du globe. Au Canada, sans surprise, on utilise le modèle canadien.

« Ce qui fait la particularité de mon site, c’est que j’analyse plusieurs données, plusieurs modèles, notamment le modèle européen, qui est plus efficace que le canadien, affirme M. Chatigny. C’est un processus 100 % humain. »

Il consulte les données presque continuellement au cours de la journée. « Je suis pas mal toujours à l’affût. La rédaction de mes bulletins, de ma carte de temps potentiellement dangereux, ça peut prendre une heure le matin. Lorsqu’il y a du temps plus significatif, ça peut prendre une autre heure le soir. »

Un must pour les skieurs

M. Chatigny est un skieur. Il porte donc une attention particulière aux accumulations de neige et au type de neige qui tombe. « Les modèles vont généralement déduire l’accumulation à partir de l’équivalent en eau. Souvent, on va dire qu’un millimètre de précipitation va donner un centimètre de neige. Mais c’est une moyenne, c’est toujours un peu plus ou un peu moins, ça dépend des conditions atmosphériques. Je le prends en considération dans mes prévisions. »

Éric Chatigny a élaboré un cours d’initiation à la météo hivernale destiné aux amateurs de ski de randonnée alpine. L’objectif est de leur donner les outils nécessaires pour mieux planifier leurs sorties à partir des prévisions officielles ou encore à partir de leur propre lecture des modèles météo. En gros, il s’agit de profiter du moindre flocon de neige qui se pointe.

Suggestion de vidéo

En canot vers la glace

En début de saison, Frédéric Dion et Daniel Barriault ont dû prendre un canot pour traverser la rivière Saint-Maurice afin d’atteindre la voie d’escalade de glace Topaze.

Chiffre de la semaine

184 km

C’est la longueur totale des sentiers de ski de fond au Mont-Sainte-Anne. Pas besoin de remontées mécaniques pour apprécier l’hiver.

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