La petite histoire de la cabane à sucre

16e siècle… et bien avant !

Ce que la légende dit

Une légende autochtone raconte qu’un jeune chasseur serait à l’origine de la découverte de l’eau d’érable. Tirant à l’arc en direction d’une perdrix, il aurait raté sa cible, et sa flèche se serait plutôt plantée dans un arbre. En récupérant sa munition, il aurait goûté à la sève sucrée s’écoulant de l’entaille… et il en aurait rapporté un plein carquois jusqu’à son village.

Premières récoltes d’eau d’érable

Dans une lettre datée de 1558, l’explorateur français André Thevet décrit qu’il a observé un Autochtone entailler un érable et en récolter un liquide sucré « d’autant bon goût et délicat que le bon vin d’Orléans ou de Beaune ». Le travail se fait alors plutôt grossièrement, à coups de hache.

17e siècle

Premières traces du sirop d’érable

Vers 1636, le missionnaire français Gabriel Sagard se retrouve chez les Hurons, près des Grands Lacs de l’actuelle province de l’Ontario. Il relate que les peuples autochtones de la région font bouillir l’eau d’érable à deux ou trois reprises pour l’épaissir et en faire « une espèce de sirop, qui est agréable ».

Premier spiritueux à l’érable

L’alcool n’a pas de secret pour les moines, qui en préparent depuis l’aube du Moyen Âge. Il en va de même en Nouvelle-France : vers la fin du 17e siècle, les récollets mélangent le sirop d’érable à de l’eau-de-vie, du clou de girofle et de la cannelle pour obtenir du rosolio, une liqueur infusée italienne.

18e siècle

Les premières cabanes à sucre

La récolte de l’eau d’érable se perfectionne et s’industrialise. On utilise des goutterelles faites de cèdre pour que le liquide tombe dans des bacs et des sceaux posés au sol. On fait bouillir le sirop d’érable sur place, dans des chaudrons en fonte placés au-dessus d’un grand feu. Pour se protéger du vent et du froid, les producteurs construisent des abris grossiers, sortes de tentes circulaires de planches et d’écorce qui laissent la fumée s’échapper par le toit. Ce sont les premières cabanes à sucre.

19e siècle

Des cabanes permanentes

Vers la fin du 19e siècle, de premières constructions permanentes remplacent les cabanes à sucre temporaires. Elles sont faites de bois, avec un toit en tôle à double versant conçu pour faciliter l’enlèvement de la neige. Une lucarne s’ouvre pour faire évacuer la vapeur. On ajoute des annexes où entreposer le bois, les chevaux, les outils et les équipements.

20e siècle

Bombance entre amis et membres de la famille

Pendant le temps des récoltes, les acériculteurs utilisent ces bâtiments de plus en plus spacieux comme résidences secondaires. Ils y accueillent bientôt leur famille et leurs amis et y partagent de la nourriture, puis des chants, de la musique et des danses. Dès lors, la cabane à sucre devient un lieu de réjouissances où l’on célèbre la fin de l’hiver et le retour des beaux jours.

Commercialisation

Les techniques de récolte se perfectionnent. Alors que les premiers artisans ramassent l’eau d’érable chaussés de raquettes, celles-ci sont tour à tour remplacées par des chiens de traîneau, des chevaux, des motoneiges et des tubulures en plastique. L’utilisation de thermomètres, de densimètres et de colorimètres rend la transformation de l’eau d’érable plus précise et plus performante. De grands producteurs accueillent les visiteurs sur leurs terres et les invitent à s’attabler dans la cabane.

Les temps ont changé, mais chaque printemps, l’or blond continue de couler à flots dans la Belle Province, signe que les jours heureux ne sauraient attendre.

Sources

Séguin, R.-L. (1967). « Petite et grande histoire de la cabane à sucre », Vie des arts, (45), p. 40-45.

https://immigrantquebec.com/fr/actualites/actualites/origines-de-la-cabane-a-sucre

https://histoire-du-quebec.ca/cabane-sucre