Palmarès des municipalités La Presse-HEC 2016

Vos services coûtent-ils plus cher que dans la ville voisine ?

Le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal a évalué les coûts des services municipaux grâce aux rapports financiers et aux indicateurs de gestion des 1110 municipalités du Québec. La Presse a projeté ces données dans une carte interactive pour vous permettre de comparer votre municipalité avec les autres.

Un ralentissement attribuable au Palmarès ?

La publication année après année du Palmarès des municipalités pourrait avoir incité les villes du Québec à resserrer davantage le contrôle de leurs dépenses, évalue le directeur du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, Robert Gagné.

Depuis le début, la publication du Palmarès des municipalités fait grand bruit chaque année dans le milieu municipal. Robert Gagné estime que cela impose aux administrations municipales une forme de transparence, les citoyens étant mieux outillés pour questionner leurs élus à propos de leurs décisions. « Ça met de la pression sur les administrations », dit-il.

Les municipalités ont beau être tenues par la loi de rendre publics leurs états financiers, obtenir, compiler et comparer ces informations est un exercice complexe et fastidieux. Même après quatre ans à colliger ces données, les analystes du Centre sur la productivité et la prospérité mettent encore plusieurs semaines à voir clair dans cette montagne de chiffres.

Le tout premier palmarès publié par La Presse à l’automne 2013 couvrait les résultats financiers de l’année 2011. La présente mouture, qui couvre les finances de 2014, est ainsi la première à mettre en lumière un cycle financier sur lequel les administrations pouvaient intervenir pour améliorer leur performance dans le palmarès de HEC Montréal.

Le soudain ralentissement dans la croissance des dépenses observé en 2014 n’y serait ainsi pas étranger, selon Robert Gagné. 

« Avant, ils pouvaient dire n’importe quoi pour expliquer leurs dépenses. Maintenant, ce n’est plus possible. Est-ce qu’on a eu un impact ? J’ose l’espérer. »

— Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal

« Mais le constat, ajoute le chercheur, est que, curieusement, en 2014, il semble y avoir eu une prise de conscience collective sur le contrôle des dépenses. »

Robert Gagné souligne également que ce contrôle des dépenses est survenu avant l’arrivée du gouvernement libéral de Philippe Couillard, qui a imposé des mesures de rigueur budgétaire. « Le climat de soi-disant austérité est arrivé très tard en 2014, et même plutôt en 2015 », note-t-il.

Le directeur du Centre sur la productivité et la prospérité estime ainsi que le Québec ferait fausse route en empêchant la diffusion de ces données. « On ne peut pas perdre à avoir le plus d’information. Ce n’est pas vrai qu’il vaut mieux ne pas le savoir », dit Robert Gagné.

COMPARER DES COMPARABLES

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) estime toutefois qu’il faut faire attention de ne pas comparer des pommes avec des oranges. Sa présidente, Suzanne Roy, juge qu’il serait tout à fait anormal que sa ville, Sainte-Julie, affiche un coût de déneigement similaire à Val-d’Or, alors que cette dernière reçoit beaucoup plus de neige chaque année.

L’UMQ attribue davantage le ralentissement de la croissance des dépenses à la prise de conscience au gouvernement provincial des coûts imposés par les normes et exigences adoptées à Québec. « Juste en environnement, pour la gestion des matières résiduelles et des eaux usées, on a eu une hausse de nos dépenses de 7 % à 9 % dans les dernières années. Rien de cela n’était dû à des décisions municipales : c’était des obligations qui s’accumulaient », illustre Suzanne Roy.

NOUVEAUX ÉLUS

Autre indice pour les chercheurs que leur palmarès a un grand impact : les changements d’administration à la tête de plusieurs villes ne semblent pas avoir joué un rôle déterminant dans l’amélioration des résultats financiers.

Toutes les municipalités québécoises ont en effet tenu des élections en novembre 2013, ce qui a mené à des changements de garde, notamment à Montréal et à Laval. Les chercheurs ont ainsi tenté de mesurer si l’arrivée de nouveaux élus a pu jouer un rôle dans le ralentissement de la croissance des dépenses. Et leurs résultats démontrent que les villes gérées par de nouveaux maires ont affiché une croissance moyenne de 0,6 %, contre 0,8 % pour celles où les administrations ont été reconduites, une différence négligeable aux yeux de Robert Gagné.

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