Pas de carabines dans mon école

Hausse des évènements violents. Hausse des armes saisies dans les écoles. Hausse du nombre de profs victimes de violence.

Les signes que ça brasse dans nos écoles se multiplient. Et loin d’être concentrés à Montréal, les problèmes touchent l’ensemble de la province.

On n’a pas le droit de prendre la situation à la légère. Les jeunes Québécois doivent pouvoir évoluer dans un environnement sécuritaire qui favorise leur développement scolaire, social et émotionnel.

La semaine dernière, la députée libérale Marwah Rizqy a dévoilé des données obtenues en vertu de la loi sur l’accès à l’information.

Les chiffres sont incomplets, mais vraiment préoccupants.

Ils montrent que dans les écoles se trouvant sur le territoire de la Sûreté du Québec, les « situations de violence » ayant retenu l’attention des policiers ont augmenté de plus de 25 % par rapport à la situation avant la pandémie.

Les saisies d’armes à feu à l’école sont notamment en hausse marquée. Pendant l’année scolaire 2021-2022, 28 carabines ou fusils ont été saisis dans les écoles concernées, contre 13 en 2018-2019.

Et bien que l’année en cours soit loin d’être terminée, les saisies d’armes de poing – pistolets ou revolvers – atteignent déjà un record (13 saisies).

Le portrait est d’autant plus surprenant qu’il exclut plusieurs grandes villes du Québec qui ont leur propre service de police, dont Montréal, Québec et Laval.

Pour Montréal, les voies de fait survenues dans les écoles primaires et secondaires sont aussi en forte hausse (80 en 2022 contre 45 en 2017), selon des données obtenues par Noovo.1

Et le nombre d’enseignants et d’éducateurs indemnisés pour des « lésions attribuables à la violence en milieu de travail » a presque triplé entre 2012 et 2021, selon Le Journal de Québec.2

Tous les indicateurs sont donc à la hausse. Québec doit encourager les chercheurs à obtenir un portrait complet de la situation et à cerner les causes de cette violence.

Vient ensuite la question de la réponse politique. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a déjà promis une stratégie pour contrer la violence à l’école, mais sans donner de détails. La libérale Marwah Rizqy réclame plutôt un « mandat d’initiative » qui permettrait aux députés de tous les partis d’interroger des experts et des intervenants du milieu.

Avant de réinventer la roue, il faut toutefois réaliser que nous avons déjà des outils dans notre coffre. En 2012, le projet de loi 56 est venu renforcer la Loi sur l’instruction publique en obligeant tous les établissements scolaires à établir un plan contre l’intimidation et la violence.

Or, selon François Bowen, professeur à l’Université de Montréal et chercheur associé à la Chaire de recherche sur le bien-être à l’école et la prévention de la violence, les plans de certaines écoles sont beaucoup plus efficaces que d’autres.

Sur le terrain, on verrait d’un bon œil l’élaboration d’un « guide ministériel » qui diffuserait les meilleures pratiques et permettrait aux écoles d’accoucher de plans intégrant les plus récentes connaissances.

La question des armes demande une attention particulière, surtout qu’un cercle vicieux peut s’installer quand des jeunes s’arment pour répliquer à d’autres jeunes armés.

Encore ici, on ne part pas de zéro. Il existe un cadre de référence pour baliser les relations entre le milieu scolaire et le milieu policier sur lequel on peut bâtir.3

Chose certaine, on a un porteur de ballon tout désigné dans ce dossier avec le Protecteur national de l’élève, qui entamera son mandat à la prochaine rentrée scolaire. La hausse de la violence à l’école le forcera à prendre son rôle… au sens littéral.

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