Famille

Jongler avec télétravail et école à la maison… sans perdre la boule

Parents excédés, moralement épuisés et anxieux à l’idée de revivre ce qui ressemble à une bien mauvaise version du Jour de la marmotte où l’on doit jongler avec l’école à la maison, la discipline et le travail ? Deux psychoéducatrices – qui sont aussi des mères en télétravail – nous font part de leurs trucs pour venir à bout de ces journées qui peuvent parfois sembler insurmontables.

Déculpabiliser

Malgré ses airs de déjà-vu, le fait de devoir faire l’école à la maison tout en travaillant bouleverse bien des parents. « Les gens l’ont déjà vécu, mais ça reste un grand défi de concilier le tout », affirme Audrey Caron, psychoéducatrice et mère de trois enfants au primaire. « Même quand on est outillé et qu’on est formé en éducation, ça reste un défi pareil », ajoute de son côté la psychoéducatrice et auteure Solène Bourque. Selon Audrey Caron, il faut partir du principe qu’on ne peut pas assumer trois rôles impossibles à conjuguer tout en étant performant au travail, assistant enseignant et parent modèle. « Si on essaie de trop en faire, on va devenir plus stressés. Les enfants vont le sentir. C’est l’ambiance familiale qui va en prendre un coup. C’est sûr qu’il va y avoir une diminution […], il faut l’accepter », dit-elle. Mais on peut atténuer la culpabilité, à son avis, en accordant aux enfants de petits moments d’attention au fil de la journée et en passant un temps de qualité avec eux le soir. Un des trucs qu’elle a publiés sur sa page Facebook ? Jouer à un jeu de société « sans les mains » pendant qu’elle cuisine, par exemple.

Lâcher prise

Concept simple à dire, mais pas tout aussi facile à appliquer, diront beaucoup… Lâcher prise, ça pourrait commencer par mettre de côté le ménage, par exemple, ou encore la préparation de repas élaborés, avance Solène Bourque. « On doit évaluer nos priorités », estime la maman et belle-maman, qui dit appliquer elle-même la « stratégie des grosses roches ». « Si tu mets du sable en premier dans ton pot, tu n’as plus de place pour les grosses roches. Si on accumule plein de petites affaires qui ne sont pas importantes dans notre journée, il n’y aura pas de place pour ce qui est vraiment important. » Son conseil ? Réduire la « fenêtre des attentes ». Audrey Caron abonde dans son sens : « On n’est pas dans les moments parfaits, là ; on est dans le “on fait tous de notre mieux” », insiste-t-elle. Dans l’une des publications sur sa page Facebook, elle termine d’ailleurs sur une note humoristique qui a touché une corde sensible chez bon nombre de parents : « Ma maison à moi aussi est en désordre. »

Planifier… autant que possible

Selon Audrey Caron, s’il y a une chose à prioriser, c’est la planification. Prévoir les déjeuners la veille, par exemple, organiser ses pauses en fonction de ces périodes de la journée où les enfants risquent d’être plus fatigués et, si possible, travailler tôt le matin pour pouvoir s’arrêter sans souci par la suite. « Quand on voit que ça fait trois fois que l’enfant vient poser des questions, ça veut dire que c’est le moment d’aller remplir son réservoir d’attention », souligne-t-elle. Solène Bourque, elle, prépare un bac de jeux autonomes qu’elle peut sortir en un tournemain au moment opportun. Notre enfant aime le bricolage ? On met dans le bac tout ce qu’il faut pour l’occuper – papier, crayons, ciseaux, colle… –, même si c’est juste pour de 15 à 30 minutes.

Faire la paix avec les écrans

Parfois, quand même l’attention des parents ne suffit plus à combler les enfants (surtout en fin de journée !), c’est peut-être l’occasion de faire un Zoom avec grand-maman ou d’écouter une émission à la télévision, suggère Audrey Caron. Et il y a aussi ces réunions virtuelles auxquelles les télétravailleurs ne peuvent pas toujours échapper… « Si on sait que l’enfant, c’est devant l’écran qu’il est le plus tranquille, c’est sûr qu’on va choisir cette option. Je dis de conserver les temps d’écran les plus longs pour ces moments essentiels, quand on sait qu’on ne peut pas du tout accorder d’attention à l’enfant et qu’on doit se concentrer sur son travail », explique Solène Bourque. Dans le courant d’une journée, l’important, selon elle, est d’espacer (et de minuter !) le temps d’écran, de varier les contenus et de poser des conditions pour éviter que l’enfant passe deux heures de suite sur sa tablette à regarder des vidéos YouTube, l’une après l’autre. Par exemple, choisir des vidéos de danse qui vont lui permettre de bouger, du contenu audio plutôt que vidéo (comme des balados)… « Chez nous, on a fait des blagues avec les enfants : il faut qu’ils fassent le tour de la maison trois fois avant de retourner sur la tablette ! »

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