Les jeunes auteurs de l’automne

Éric Mathieu

Les suicidés d’Eau-Claire est le tout premier roman d’Éric Mathieu, 48 ans. Ce Français d’origine, qui est professeur de linguistique à l’Université d’Ottawa, a beaucoup voyagé avant de se fixer au Canada il y a 12 ans.

ÉCRIRE ? 

« Ça faisait longtemps que je voulais écrire. J’écrivais des nouvelles à droite et à gauche. J’ai écrit tout de suite le deuxième roman pour ne pas rester coincé sur le premier en continuant mon travail en linguistique. Maintenant, je me sens écrivain. » 

LE PREMIER ? 

« Le livre est tiré d’un fait divers de 1992. Je voulais inventer l’histoire de ces gens-là. Comme je suis en linguistique, j’aime écrire et réécrire. La difficulté était de mettre l’histoire en scène. Ça m’a permis de parler de plusieurs choses comme l’exil, le harcèlement à l’école, la solitude. On comprend un peu à la fin pourquoi ils ont posé ce geste. En linguistique, j’explique tout le temps. J’ai fait attention de ne pas faire ça dans le roman. »

NOTRE CRITIQUE

Autopsie d’un meurtre

La question nous taraude d’un bout à l’autre : est-ce une histoire vraie ? Le suicide de la famille Corbin – Jean-Renaud, Camille et leur fille Sybille – est relaté comme tel. L’écriture est précise, clinique presque. Elle ne juge pas plus qu’elle n’explique. Que des faits… ou presque. L’auteur sait nous faire entrer dans la tête de chacun des personnages, leur imaginaire décalé, fantastique. Et l’on comprend qu’il nous parle de notre grisaille moderne, indifférente, cruelle. Les Corbin sont des sacrifiés sur l’autel des préjugés, des esprits petits et superficiels. Vrai ou pas, on s’y reconnaît. Malheureusement. 

Les suicidés d’Eau-Claire

Éric Mathieu

La Mèche

513 pages

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