La planète économique

Qui paiera pour la pollution de l’espace ?

Payer 55 millions US pour un séjour de quelques jours en orbite, c’est peut-être cher, mais c’est de plus en plus populaire chez ceux qui ne réussissent pas à dépenser tout leur argent sur Terre.

Le milliardaire japonais Yusaku Maezawa se prépare à partir sur une fusée russe pour un séjour de 12 jours dans l’espace. L’entrepreneur qui a fait sa fortune dans le commerce en ligne deviendra le premier touriste de l’espace à visiter la Station spatiale internationale depuis le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, en 2009.

Bien que le coût de ce genre de voyage soit un secret bien gardé, le chiffre de 55 millions US (un peu plus de 66 millions CAN) qui circule s’approche probablement de la vérité, quand on pense que Guy Laliberté avait déboursé 35 millions US, il y a 12 ans. Mais l’argent n’est pas le problème, comme on dit. Des entreprises privées comme Virgin Galactic, de Richard Branson, SpaceX, d’Elon Musk, et Blue Origin, de Jeff Bezos, y voient un filon à exploiter.

Les vols habités sont encore rares, mais l’espace devient de plus en plus encombré. Après les Russes et les Américains, les Chinois se sont mis eux aussi à la conquête de l’espace. Au début du mois de mai, les restes de la fusée ayant servi au lancement de la station orbitale chinoise ont semé l’émoi parce que personne ne savait avec précision où ces débris pesant 21 tonnes allaient tomber.

Avec le temps, l’espace s’est rempli d’objets et de débris de toutes sortes qui peuvent retomber sur Terre, ou pas. Il y a des tas de satellites abandonnés, dont le plus gros, Envisat, lancé et oublié par l’Agence spatiale européenne en 2002, fait la taille d’un autobus et pèse huit tonnes. Une voiture Tesla s’y balade depuis 2018.

La multiplication des objets flottants dans l’espace est telle que la Station spatiale internationale doit régulièrement modifier sa trajectoire pour éviter les collisions. Le problème n’est pas nouveau. En 1979, un scientifique retraité de la NASA, Donald Kessler, avait prédit que l’espace serait à moyen terme un endroit trop dangereux pour y mener des expériences scientifiques et encore plus pour y envoyer des humains.

On n’est pas encore là, mais l’espace est devenu encombré et dangereux. Des entreprises sont à la recherche de solutions de nettoyage. L’entreprise montréalaise NorthStar, dont l’entrepreneur Charles Sirois est l’actionnaire principal, veut lancer des satellites pour identifier et suivre à la trace les débris flottants de l’espace. Astrocale, une entreprise japonaise, vient de lancer un satellite qui fonctionne un peu comme un aspirateur qui ramasse les débris et les dirige vers la Terre où ils se désintègrent en rentrant dans l’atmosphère.

Des solutions se dessinent, mais elles risquent de ne pas aller bien loin avant qu’on trouve une réponse à la question suivante : qui va payer ? L’espace est une sorte de Far West dont personne ne peut revendiquer la juridiction et où aucune règle ne peut être imposée.

Le grand nettoyage spatial est la responsabilité des gouvernements qui financent les missions spatiales, des constructeurs et des exploitants de satellites, mais peut-être aussi des riches touristes de l’espace. Lequel d’entre eux en fera sa mission ?

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