Planète bleue, idées vertes

Gérer l’eau de pluie avec des « jardins intelligents »

Waterloo a décidé de laisser la nature faire le travail. Un réseau de jardins pluviaux, qui agissent comme des filtres et protègent le lac situé au cœur de la petite ville des Cantons-de-l’Est, commence à y voir le jour. Esthétique, économique et résolument écologique.

« Ça va déborder de végétation », s’enthousiasme Marilou Asselin, en montrant le jardin pluvial qu’elle a aménagé sur son terrain, à la fin de l’été.

À cette période de l’année, un tapis de feuilles mortes recouvre le petit bassin de 11 mètres carrés, mais fleurs, arbustes et autres plantes – dont plusieurs comestibles, question de joindre l’utile à l’agréable – reprendront leurs droits au printemps.

Mais ce jardin est d’abord et avant tout une infrastructure verte, qui sert à freiner et filtrer les eaux de ruissellement dans leur descente vers le lac Waterloo, situé à un jet de pierre.

Car le lac, comme beaucoup de plans d’eau fortement urbanisés, reçoit beaucoup trop d’azote et de phosphore, ce qui alimente des plantes aquatiques indésirables et contribue à son eutrophisation, c’est-à-dire sa pollution par désoxygénation ; bref, son asphyxie.

L’organisme Les Amis du bassin versant du lac Waterloo (ABVLW), dont Marilou Asselin fait partie, s’est donc mis à la recherche de solutions, il y a quelques années.

Des étudiantes en génie civil de l’Université de Sherbrooke leur ont proposé de mettre en place un réseau de jardins pluviaux, aussi appelés jardins intelligents, pour créer une sorte de barrière protectrice naturelle – un projet pour lequel elles ont d’ailleurs remporté un prix de la Société canadienne de génie civil.

« Vraiment, autour du lac, il doit y en avoir plusieurs pour que l’eau soit ralentie et qu’elle s’infiltre sur place », explique Marilou Asselin, ajoutant qu’il s’agit essentiellement de reproduire ce qui se fait naturellement dans une forêt, où 80 % des eaux sont captées sur place.

Emballée par l’idée, l’ABVLW a ensuite obtenu une subvention de 60 000 $ de la MRC de la Haute-Yamaska pour contribuer à la création d’un tel réseau, dont le jardin de Marilou Asselin est le tout premier.

La subvention permet de payer la moitié des coûts liés à la réalisation de 20 jardins, jusqu’à concurrence de 750 $ par jardin, de même que la visite d’un technicien spécialisé et la création d’un site internet d’information sur le sujet.

La Ville emboîte le pas

La Ville de Waterloo a été séduite par l’idée et complétait l’aménagement d’un grand jardin intelligent de 90 mètres carrés en face du garage municipal, au cours du passage de La Presse, la semaine dernière.

« On tient à notre lac », lance le directeur général de la ville, Louis Verhoef, qui apprécie autant les vertus écologiques que l’aspect économique de la chose.

La Ville rencontrait un problème de ruissellement et d’accumulation d’eau, à cet endroit, où se trouve aussi sa très populaire piste à rouleaux (pump track).

Ouvrir la rue, surdimensionner les égouts et aménager un bassin de rétention d’eau lui aurait coûté près de 1 million de dollars, estime M. Verhoef.

Le jardin pluvial, lui, était estimé à 25 000 $ ; la Ville l’a finalement fait elle-même et calcule qu’il lui a coûté 10 000 $.

« Le jardin intelligent, ce qu’il fait de plus que le bassin conventionnel, c’est de retirer le phosphore », ajoute le directeur général, tellement convaincu par l’idée qu’il s’apprête à en aménager un chez lui.

La Ville pense déjà à en aménager d’autres et évoque même le rythme d’un par année.

Il s’agit pour Waterloo d’une suite logique : la Ville s’active depuis 10 ans à diviser ses égouts pluviaux et sanitaires pour en finir avec les surverses, ces déversements volontaires d’eaux usées lors de fortes pluies, parce que les réseaux municipaux se retrouvent surchargés.

À Waterloo, les surverses s’effectuent dans la rivière Yamaska, qui prend sa source dans le lac Waterloo et qui alimente en eau potable près de 300 000 personnes en Montérégie, notamment à Granby.

« C’était majeur, dans le temps », se rappelle le maire Jean-Marie Lachapelle, qui prévoit que les surverses seront chose du passé d’ici deux ou trois ans.

Gérer l’eau où elle tombe

« Waterloo est très, très en avance au Québec dans sa gestion des eaux », affirme Michel Laliberté, responsable des communications de l’Organisme de bassin versant de la Yamaska (OBVY).

L’organisation contribue à la mise sur pied des jardins pluviaux de Waterloo, une infrastructure verte qui gagnerait à se répandre, dit-elle.

« C’est la philosophie de gérer l’eau où elle tombe, résume M. Laliberté. C’est ce qui est le plus simple ! »

Sur l’écran radar

Nouvelle carte des concentrations de méthane

La firme montréalaise GHGSat a dévoilé mercredi ce qui serait la carte la plus précise des concentrations mondiales de méthane jamais réalisée. La carte Pulse, qui est accessible gratuitement en ligne, produite à partir des données satellitaires, permet de voir l’évolution des concentrations de méthane au cours des six derniers mois. « Le potentiel de réchauffement climatique du méthane est 84 fois plus important que celui du dioxyde de carbone, le gaz à effet de serre, a relevé Sarah Gallagher, conseillère scientifique de l’Agence spatiale canadienne, lors du dévoilement de la carte. Il est important de savoir où, quand et comment le méthane entre dans l’atmosphère. » Une version prochaine de Pulse, encore plus sophistiquée, présentera non pas les concentrations de méthane, mais bien les émissions de ce puissant gaz à effet de serre.

— D’après La Presse Canadienne

Chili : des grenouilles sauvées in extremis de l’extinction

Lorsque la grenouille Loa a été extirpée in extremis de son habitat naturel dans le nord du Chili, il ne restait plus que 14 individus. Aujourd’hui, un programme de sauvetage des grenouilles Loa a permis de sauver les 14 derniers individus, en août dernier, et d’assurer la procréation d’au moins 200 descendants. Les 14 grenouilles Loa souffrant de déshydratation avaient été transportées d’urgence au zoo de la capitale, Santiago, en août. Elles avaient été repérées dans un petit canal presque entièrement asséché, où 600 grenouilles étaient déjà mortes. Situé dans le désert d’Atacama, le plus aride du monde, l’habitat naturel de la grenouille a souffert de la surexploitation humaine et de plus d’une décennie de sécheresse dans le nord du pays. Le sort de la grenouille Loa est symptomatique de la crise environnementale à laquelle le monde est confronté avec la perte d’un million d’espèces, ont averti les autorités chiliennes l’année dernière.

— Agence France-Presse

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