Pertes russes, victoire insaisissable

Après plus d’un mois de lourdes pertes, l’armée russe est en mauvaise posture en Ukraine – ce qui crée les conditions pour un long conflit qui pourrait aller jusqu’à tester les limites de l’OTAN, affirment des experts interrogés par La Presse.

40 000

Nombre de soldats russes blessés, morts, disparus ou faits prisonniers depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, il y a un peu plus d’un mois, selon l’OTAN

Entre 7000 et 15 000

Nombre de soldats russes tués depuis le début de l’invasion le 24 février, un coup dur pour Moscou. Le média Radio Free Europe a rapporté cette semaine que des milliers de soldats russes blessés et tués étaient discrètement transportés en Biélorussie afin d’éviter de surcharger les hôpitaux et les morgues en Russie, où le gouvernement refuse de parler de guerre, évoquant plutôt une « opération spéciale » en Ukraine.

« Le problème d’une guerre prolongée, c’est que c’est difficile pour les pays de l’OTAN de rester d’accord. Chacun a ses intérêts, ses enjeux géostratégiques […] Par exemple, l’Europe a besoin de l’énergie russe, alors que les Nord-Américains n’en ont pas besoin. Vont-ils pouvoir maintenir un front uni sur une longue période ? J’en doute. »

— Luca Sollaï, chargé de cours au département d’histoire de l’Université de Montréal

1300

Nombre de soldats ukrainiens tués en date du 12 mars, selon l’information communiquée par le gouvernement de Kyiv

« La Russie n’a pas l’intention de s’arrêter en Ukraine. Elle n’a pas l’intention et ne le fera pas. Elle veut aller plus loin. »

— Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, en conférence virtuelle avec l’OTAN jeudi

Prisonniers

En date du 19 mars, l’Ukraine détenait 562 prisonniers de guerre russes. Quant à la Russie, elle n’a communiqué aucune donnée jusqu’ici sur les prisonniers de guerre ukrainiens.

Échanges

Russes et Ukrainiens ont procédé jeudi à des échanges de prisonniers, selon Iryna Verechtchouk, vice-première ministre ukrainienne, et la déléguée russe aux droits de la personne. « En échange de dix occupants capturés, nous avons récupéré dix de nos militaires », a-t-elle affirmé, selon l’Agence France-Presse. On sait que des échanges informels de prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Russie ont eu lieu depuis le début de l’invasion russe. Le quotidien Kyiv Independent rapportait cette semaine que des soldats ukrainiens échangeaient même les dépouilles de soldats russes contre des prisonniers de guerre ukrainiens vivants. Un journaliste terrain du même média a rapporté que six cadavres de soldats russes avaient ainsi été échangés contre deux prisonniers de guerre ukrainiens près de Kyiv cette semaine.

« Je pense que la crise va durer. Les pauvres Ukrainiens, ils vont souffrir. Les Russes ont subi beaucoup de pertes, mais on n’est pas non plus au point où on peut envisager une victoire du côté ukrainien. Et plus les forces russes seront proches des États de l’OTAN, plus les tensions vont être élevées […] Est-ce que Poutine va vouloir d’une escalade ailleurs qu’en Ukraine ? C’est une possibilité, même si ce n’est pas extrêmement réaliste. On peut imaginer que la Russie, se sentant tassée dans le coin, décide de monter l’échelle de la crise. »

— Michel Fortmann, professeur émérite au département de science politique de l’Université de Montréal

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