Voyage Québec

La route des Géants

Certains parlent de la Trans-Québec–Labrador comme d’une route mythique. Elle suit la rivière Manicouagan, une voie de transport ancestrale menant vers l’arrière-pays de la Côte-Nord, au cœur des terres innues. Cette rivière était utilisée depuis des siècles par les autochtones, puis par les missionnaires et ensuite par les coureurs des bois. Aujourd’hui, les récits de nos pères, qui ont passé leur vie sur les chantiers de la Manic, gardent son esprit bien vivant.

Le Parc-nature de Pointe-aux-Outardes

Notre parcours démarre sur la Côte-Nord, au parc-nature de Pointe-aux-Outardes, près de Baie-Comeau. Cet organisme a pour mission de préserver neuf écosystèmes naturels. Prisé par les amateurs d’ornithologie, l’endroit est idéal pour camper et profiter de l’accès au fleuve Saint-Laurent avant de prendre la route du Nord.

Le marais salé de 500 hectares est au quatrième rang des plus grands milieux humides du Québec. Il produit une grande quantité de nutriments qui alimentent tout l’estuaire maritime. « Le marais est une usine à produire de la nourriture pour les cétacés », nous raconte Denis Cardinal, directeur du parc.

Le parc est le site du premier village de Pointe-aux-Outardes, créé en 1850, un des plus vieux villages de la Côte-Nord. Déjà, le lieu était un point de rencontre autochtone à l’embouchure de la rivière aux Outardes. Les pionniers venaient surtout de la rive sud du fleuve et de Charlevoix ; les Tremblay, Caron, Bérubé ou encore Ouellet traversaient en goélette à voile.

L’emplacement est considéré comme un endroit de prédilection pour l’observation d’oiseaux. Le parc est un arrêt sur une route migratoire où les oiseaux peuvent se reposer et se nourrir avant d’entreprendre le grand chemin vers le sud. En période migratoire, au printemps et en automne, nous pouvons observer près de 250 espèces d’oiseaux.

La grande plage et sa batture de sable sont parfaites pour la baignade. À marée basse, l’eau se retire sur quatre kilomètres. « Quand la marée remonte, l’eau se réchauffe doucement pour atteindre 22-23 °C », explique Denis Cardinal, directeur du parc.

Les voyageurs peuvent séjourner dans l’un des cinq nichoirs de style prêt-à-camper, dans un des terrains de camping rustique ou encore dans un lot pour véhicules motorisés. Ces espaces offrent tous une vue sur le fleuve.

La route

Depuis Baie-Comeau, au kilomètre 0, nous en profitons pour faire des provisions et envoyer nos derniers courriels avant d’être coupés du monde. Au-delà du kilomètre 7, vous pouvez ranger vos téléphones jusqu’à Fermont, un parcours de 570 km où il n’y a plus de communication cellulaire.

La route 389 montre rapidement son caractère : une longue ligne sinueuse traversant les paysages panoramiques de la forêt boréale à la taïga. Chose certaine, il est hasardeux de s’y aventurer sans un minimum de préparation. Plusieurs centaines de kilomètres séparent les points de services. La route n’est souvent pas pavée. En échange, le parcours laisse une agréable sensation d’aventure sur une terre emplie de notre histoire.

La rivière Hart-Jaune est un excellent endroit pour s’arrêter.

Un incendie de forêt a ravagé la taïga sur des centaines d’hectares, ne laissant que les troncs fantomatiques.

On se restaure et on fait le plein d’essence au relais Gabriel, au kilomètre 316.

Une montagne se dresse devant nous.

La Trans-Québec-Labrador est une route mythique.

Les barrages

Prendre la route de l’hydroélectricité, ce n’est pas seulement la visite des centrales. C’est un plongeon au cœur même de la Révolution tranquille. Le développement de sept barrages dans les années 1960, qui a culminé avec l’édification de Manic-5, reste aujourd’hui le symbole de ce pan de notre histoire.

Outardes-2 et Manic-1

Sur la route 138, avant d’arriver à Baie-Comeau, deux premières centrales hydroélectriques sont visibles : les centrales Outardes-2 et Manic-1 offrent un avant-goût de ce que la route des prochains jours réserve.

Centrale Jean-Lesage/Manic-2

En partant de Baie-Comeau, à seulement une vingtaine de kilomètres, la centrale Jean-Lesage surgit soudainement. Une immense muraille de béton construite dans le roc. Inaugurée en 1965, Manic-2 est ouverte gratuitement aux visiteurs de juin à septembre.

Outardes-4

C’est au kilomètre 84 que l’intersection de la route menant à la centrale Outardes-4 est située. Un détour de 20 km sépare la route 389 du barrage. La centrale a fêté ses 50 ans l’an dernier. Outardes-4 est un parfait exemple d’un barrage en enrochement, contrairement aux barrages en béton.

Manic-3

Le nom de René Lévesque évoque à lui seul la nationalisation de l’électricité. C’est à quelques kilomètres plus au nord que la centrale, qui porte le nom de l’ancien premier ministre du Québec, est construite. Les travaux ont eu lieu au début des années 70. Difficile d’accès aux visiteurs, la centrale Manic-3 est visible en suivant sur 150 m un petit chemin de terre, accessible en voiture. Un impressionnant panorama attend les voyageurs qui pénètrent dans le petit bois séparant le chemin du barrage.

Manic-5

Un géant parmi les géants. Manic-5 est sans conteste le plus imposant de tous les barrages québécois. Il est le plus haut barrage à voûtes multiples et contreforts du monde. La route passe au pied du colosse qui impressionne par ses 165 m de haut. La visite vaut tout le voyage.

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