Ça se règle !

Le sperme change-t-il avec l’âge ?

« Est-ce qu’un changement dans la texture du sperme est courant ? Quelles en sont les causes ? », demande un lecteur de La Presse+. « Ça se règle ! » a trouvé une réponse à cette interrogation intime. Et aborde au passage la couleur du sperme.

Trouver sur l’internet des informations fiables sur le sperme et le vieillissement n’est pas une mince affaire. Le premier lien qui s’affiche lorsqu’on tape ces deux mots dans Google, par exemple, fait état des propriétés nutritionnelles du liquide séminal, de son effet anti-âge et d’antidépresseur naturel « chez la femme ». Non, « Ça se règle ! » ne confirme pas que tout cela est vrai. Seulement qu’il est normal que Marcel ait eu du mal à trouver réponse à sa question.

Fort heureusement, la texture du sperme fait partie des critères qui sont évalués lors d’un spermogramme, analyse généralement effectuée dans le cadre d’un bilan d’infertilité. « On regarde à quel point il est liquide ou visqueux. Ça peut même aller jusqu’à la texture d’un gel », expose le Dr Gilles Bleau, expert en biochimie de la reproduction et professeur au département d’obstétrique-gynécologie de l’Université de Montréal.

Que le sperme change de texture est une chose que tout homme a pu constater. Ce que le Dr Bleau confirme, et qu’on peut résumer ainsi : habituellement liquide au moment de l’éjaculation, il passe normalement à l’état de gel semi-solide au bout de quelques dizaines de secondes avant de redevenir plus liquide (d'une consistance comparable de la salive) au bout d’une quinzaine de minutes. Ces changements d’état sont liés aux enzymes sécrétés par la prostate et présents dans le sperme.

« Avec l’âge, il se peut que la prostate sécrète moins de ces enzymes, ou les canaux de la prostate peuvent être comprimés », souligne le Dr Bleau. Ainsi, il se peut que le sperme reste plus liquide ou, au contraire, qu’il demeure coagulé. »

« Ça fait partie du vieillissement normal, mais ça peut suggérer un début de dysfonction de la prostate. »

— Le Dr Gilles Bleau

L’une de ces dysfonctions est l’hyperplasie de la prostate, soit un grossissement de la prostate.

Ce genre de changement ne survient généralement pas avant la cinquantaine. Il n’est toutefois pas impossible qu’un changement de texture du sperme survienne plus tôt et soit lié à la diminution de l’hormone masculine, la testostérone, qui agit sur la prostate et ses enzymes. S’il existe des thérapies de remplacement de la testostérone pour les hommes qui en manquent, le seul changement de texture du sperme ne constitue pas un symptôme justifiant une prescription, précise le Dr Bleau.

Les grands sportifs qui pratiquement intensément la course ou le cyclisme peuvent aussi ressentir une douleur au bas-ventre qui pourrait être le signe d’une inflammation de la prostate. « Une inflammation, pas une infection, précise l’expert en biochimie de la reproduction. Ça peut influencer les caractéristiques du sperme. »

ET LA COULEUR, DOCTEUR ?

Le médecin, qui estime avoir analysé environ 30 000 échantillons de sperme en carrière, en a vu de toutes les couleurs. Ce n’est pas une coquetterie stylistique, mais un critère d’observation qui peut être révélateur. La couleur habituelle du sperme est un blanc nacré. Si une teinte jaunâtre indique une accumulation d’un pigment appelé carotène (comme dans carotte, oui) et est associée à des éjaculations peu fréquentes – une situation facile à régler –, d’autres couleurs peuvent signaler des problèmes plus sérieux.

Un sperme verdâtre indique en effet la présence de pus, qui peut être le signe d’une infection de la prostate ou des vésicules séminales. « S’il y a du rose, ça peut être à cause d’une infection de la prostate ou en raison d’un traumatisme à l’urètre, explique le Dr Bleau. S’il y a du rouge, c’est très mauvais signe : c’est un symptôme de la maladie de Hodgkin ou d’un cancer testiculaire. »

Et si votre sperme paraît bleuté ? Il s’agit probablement de substances ou de médicaments qui passent dans le sperme, comme d’autres passent dans le lait maternel. Rassurez-vous, les risques sont nuls que ce soit le signe que vous avez des gènes de Schtroumpf !

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