LHJMQ

Un premier championnat en 47 ans pour les Remparts

Les Mooseheads étaient résilients, mais les Remparts l’étaient encore davantage. Québec a effacé trois déficits pour finalement gagner le sixième match de la série finale de la LHJMQ par la marque de 5-4 à Halifax. Patrick Roy et ses hommes remportent ainsi un premier championnat en 47 ans.

Après un match serré, les deux formations semblaient se diriger vers une prolongation lorsque l’attaque québécoise a frappé avec près de deux minutes à jouer.

Kassim Gaudet a nivelé la marque, avant d’alimenter le vétéran de 20 ans, Pier-OIivier Roy, avec 59 secondes à jouer à la rencontre. Le but vainqueur du numéro 8 a jeté une douche froide sur le Scotiabank Centre de Halifax, bondé pour l’occasion.

Quelques minutes après la levée de la coupe et la traditionnelle photo d’équipe sur la patinoire après la victoire, Patrick Roy a été aspergé d’une bonne douche de Gatorade, sa première du genre en carrière. « C’est la première fois et je n’ai aucun problème avec ça, ça peut se reproduire », a-t-il lancé sourire en coin.

On a souvent parlé de la résilience des Mooseheads dans ces séries 2023, mais la note finale de cette grande danse printanière prouve hors de tout doute que rien ne pouvait supplanter les Remparts cette année. Leur entraîneur-chef n’oubliera pas de sitôt la fin de match complètement folle qu’il a vécue derrière le banc.

« Ça n’a aucun sens », note Patrick Roy en parlant des revirements.

« Tout au long de l’année, notre groupe a été résilient et c’est tout à leur honneur. C’était un groupe vraiment spécial. Je suis vraiment fier de nos joueurs, la résilience de ce groupe-là, chapeau, ç’a été comme ça toute l’année ! »

– Patrick Roy, entraîneur des Remparts

Si l’objectif était de gagner deux championnats de suite lorsqu’il a effectué un retour à la barre des Diables rouges en 2018, Roy se contentait très bien de cette conquête éliminatoire, une première depuis 1976 à Québec.

Il a partagé sa joie avec ses complices de longue date, le président Jacques Tanguay et la directrice des services à l’équipe et des relations médias chez les Remparts, Nicole Bouchard.

« Gagner, c’est toujours un plaisir, c’est particulier, explique l’ancienne légende des buts. Tu es récompensé pour avoir travaillé si fort, pour les heures que tu as mises à l’aréna. Je suis chanceux d’avoir eu un partenaire extraordinaire comme Jacques Tanguay, il m’a toujours supporté et aidé. J’ai aussi ma grande sœur Nicole [Bouchard] qui a toujours été avec moi. Je me considère chanceux. »

Résilience, caractère et sacrifices

L’un des gros coups de Roy lors de son retour à Québec aura été de convaincre l’attaquant montréalais James Malatesta de se joindre à l’organisation après le repêchage de 2019. Le futur numéro 11 s’est laissé tirer l’oreille pour poser ses valises dans la capitale, mais il aura prouvé toute sa valeur dans les dernières semaines.

Comme Mario Lemieux et Sidney Crosby l’ont fait avant lui, Malatesta a mis la main sur le trophée Guy-Lafleur, remis au joueur le plus utile des séries, grâce à ses 14 buts, dont cinq en grande finale. « Ç’a été difficile de le convaincre de venir, mais aujourd’hui on est bien heureux de l’avoir avec nous », sourit Patrick Roy.

Le gagnant du prestigieux trophée a confirmé les dires de son pilote après des cris et des pleurs de joie bien sentis. « Dès le moment où j’ai mis les pieds dans le vestiaire, je n’ai jamais regretté ma décision », jurait Malatesta, manquant de mots pour parler de la signification de la récompense reçue pour ses prouesses éliminatoires.

« C’est un honneur, notre but, c’était de gagner, dit-il à propos du trophée Gilles-Courteau. Quand je suis venu à Québec à 16 ans, le but de Patrick était de bâtir une équipe gagnante. Chaque match, c’était un travail d’équipe, on était résilients et on a fait la job ici [à Halifax]. C’était notre mission et je ne peux pas trouver les mots pour exprimer à quel point je suis content. »

Non loin de lui, le capitaine du club champion, Théo Rochette, était en pleurs, réalisant tout le travail abattu derrière ce trophée convoité depuis la renaissance des Remparts en 1997.

Rochette, qui a longuement hésité avant de confirmer son retour avant le début de la saison, n’a jamais rien vécu de tel depuis ses débuts au hockey. À elle seule, l’euphorie qu’il a vécue dimanche lui a confirmé qu’il avait pris la bonne décision en revenant à 20 ans.

« Sur le banc, c’était incroyable, il n’y a pas de feeling qui peut décrire ça, racontait Rochette. De la résilience, du caractère, c’est ça qu’on a démontré toute l’année. La chimie à l’intérieur du vestiaire était juste incroyable, on est plus que des coéquipiers, on est des frères, on est une famille. C’est incroyable de terminer ça de même ! »

Rédemption

On se souviendra longtemps de la rédemption des Remparts survenue entre juin 2022 et mai 2023, de dire Zachary Bolduc, l’auteur d’un des cinq buts des Rouges. « Ça venait de tout le monde, c’était la contribution de tout le monde, estime Bolduc. On s’est enfargés l’année passée et on a appris de ça. On a travaillé en fonction des séries et ç’a payé aujourd’hui. »

Justin Robidas, qui a sans doute récolté plusieurs votes dans le scrutin du trophée Guy-Lafleur, était inconsolable durant la cérémonie de la victoire. Il sanglotait dans les bras de son père Stéphane, l’entraîneur adjoint du Canadien, lorsque les médias ont été autorisés à franchir la barrière de sécurité pour les entrevues.

« On travaille tellement fort pour ça, on fait beaucoup de sacrifices, explique Robidas, qui dit avoir comme nouvel objectif la coupe Memorial. Il y a beaucoup de choses qui sont arrivées cette année et je suis content d’aller chercher ça [ce championnat]. Mon père n’en a jamais gagné un [de championnat des séries], je suis donc content de vivre ça ensemble. Je lui dois beaucoup. »

Nathan Gaucher, qui a célébré une médaille d’or lors du Mondial junior à Halifax, affichait une fois de plus un sourire de vainqueur, dimanche soir. « Ça fait quatre ans qu’on est ensemble, qu’on travaille fort pour ça, a raconté Gaucher. Les moments difficiles qu’on a vécus après Noël, ça nous a servis. Quand tu termines avec une fiche de 16-2 dans les séries, c’est que tu as l’équipe qu’il fallait pour gagner ! »

Le club a réalisé tout son potentiel contre Gatineau. « On a senti que c’était spécial, ce qui se passait. Peu importe ce qui arrivait dans les matchs, on était en confiance. »

Lorsque les Mooseheads ont pris les devants 4 à 3, en troisième période, Gaucher s’est presque fait à l’idée qu’il y aurait une prolongation et qu’un septième match pourrait être nécessaire. « On s’est dit “Ah fuck !”, il va falloir retourner à Québec. Finalement, on sort avec la coupe. On ne les voulait pas sur l’avion du retour ! »

Les Remparts affronteront les hôtes de la coupe Memorial, les Blazers de Kamloops, vendredi soir.

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