Âge : 29 ans

Signes distinctifs :  « regard malin et sourire de côté »

Style d’humour : « satire d’observation et humour de situation »

HUIT HISTOIRES D’HUMOUR

L’architecture de l’humour

À chacun son déclic. Reda Saoui a eu la piqûre de l’humour à l’âge de 6 ans quand son père l’a assis devant le petit écran pour regarder la vidéocassette d’un spectacle de l’humoriste et comédien algérien Fellag (Monsieur Lazhar).

« Je ne savais pas qu’il était possible de vivre en faisant des conneries ! Fellag a été le premier à faire du stand-up en Algérie, à dialoguer avec le public et à dénoncer des problèmes de société sur scène. Ça m’avait vraiment impressionné », se rappelle Reda Saoui.

Né à Saint-Eustache, le jeune homme a passé son enfance entre le Québec et l’Algérie, son pays d’origine. « J’y ai vécu six ans. C’est là-bas que j’ai “acheté” mon humour ! Après la sieste, on allait au marché ou au café et tout le monde racontait des blagues autour de la table. C’est une véritable tradition ! » dit-il.

C’est pourtant en architecture que Reda Saoui a choisi d’étudier. Une manière d’entrer dans le moule et de respecter la volonté de ses parents.

« Ma famille est venue au Québec pour que je puisse avoir une vie normale, travailler dans une grande entreprise. Je voulais faire de l’impro et de la scène, mais je ne savais pas qu’il était possible de vivre de l’humour. »

— Reda Saoui

L’architecture est ainsi devenue une manière détournée pour Reda Saoui de continuer à exprimer sa créativité. « Architecture et humour se rejoignent quelque part : dans les deux cas, tu dois avoir ta signature, comme Renzo Piano [un architecte italien de renom]. Peut-être qu’un jour, j’y reviendrai », dit-il.

UN SPECTACLE DÉTERMINANT

Il ne fallut que peu de temps à Reda pour réaliser, en 2008, qu’il n’était pas prêt à faire une croix sur une carrière d’humoriste. « Je me suis inscrit à une soirée d’humour au pub Saint-Ciboire. J’ai tenté ma chance et mon premier numéro était horrible ! », se rappelle-t-il en riant.

À cette époque, l’humoriste a fait la rencontre d’UncleFofi, qui allait mettre sur pied, un an plus tard, le Couscous Comedy Show, auquel Reda Saoui fut aussitôt appelé à participer.

« À ce moment-là, je me suis vraiment dit que l’humour était fait pour moi. Mais j’ai continué à étudier. Jusqu’à ce fameux soir sur la scène du Gesù, lors d’un spectacle regroupant des humoristes d’origine algérienne : le fait d’entendre mes pairs me dire que je devais continuer à tout prix a tout changé », confie le jeune humoriste qui a alors dû annoncer son nouveau choix de carrière à ses parents.

« Mon père a ri, puis m’a lancé : “Et l’architecture, comment ça va ?” Ma mère voulait vraiment que je termine mes études. Je me rappelle que certains soirs où j’allais jouer dans les bars, elle pleurait en me demandant pourquoi je voulais faire de l’humour. Elle ne comprenait pas pourquoi je préférais faire des conneries sur scène plutôt que de construire des maisons », s’amuse Reda Saoui. 

À 29 ans, l’humoriste habite toujours chez ses parents. « C’est culturel ! Un de mes oncles de 40 ans habite chez ses parents. À un certain âge, c’est eux qui habitent chez toi », lance-t-il à la blague.

AUTODIDACTE

Attiré dans un premier temps par l’École nationale de l’humour, Reda Saoui a choisi d’y suivre des cours du soir. « Je ne les ai jamais terminés ! Dans ma tête, c’était difficile d’écrire mes blagues. Je ne comprenais pas le processus. Je voulais juste être moi sur scène », explique-t-il.

« L’humain est ce qui m’inspire le plus. J’essaie d’avoir un regard malin sur la société, avec un sourire en coin. J’aime aussi aller à l’encontre de l’opinion populaire. » — Reda Saoui

Après un passage remarqué à l’émission En route vers mon premier gala en 2013, Reda Saoui a enchaîné les performances et s’est illustré, l’été dernier, dans le gala de Michel Boujenah au Grand Rire, mais aussi dans le cadre d’un programme de 60 minutes au Zoofest.

Reda Saoui, qui assure actuellement la première partie des spectacles de Dominic et Martin, a également joué en France au Jamel Comedy Club et espère répéter très vite l’expérience. « Mon rêve est de toucher la francophonie : je veux me produire autant en Afrique qu’en Suisse, en France ou en Belgique », affirme l’humoriste qui planche actuellement sur un projet de websérie avec son ami Yan Rocq. « Ça s’appelle L’intellecteux. C’est la satire d’un intellectuel qui se prononce toujours sur tout, même sur ce qu’il ne connaît pas. Et c’est moi qui vais l’incarner », conclut Reda Saoui.

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