Vaccin contre Omicron

Après Washington, Ottawa donne son feu vert

Santé Canada autorisera jeudi une version révisée du vaccin contre la COVID-19 de Moderna visant spécifiquement le variant Omicron, a pu confirmer La Presse. Cette annonce survient au moment où la campagne pour offrir une dose de rappel à la majorité des Québécois stagne.

Vingt-quatre heures après les États-Unis, Ottawa annoncera jeudi qu’il donne le feu vert à l’administration d’une nouvelle génération de vaccin anti-COVID-19, dit bivalent. Cette nouvelle mouture vise à la fois la souche originelle du coronavirus et le sous-variant Omicron BA.1. Les détails sur l’approvisionnement et la disponibilité seront connus ultérieurement.

Les vaccins contre la COVID-19 actuellement offerts au Canada ont été conçus en fonction de la souche originale du virus. Depuis le début de la pandémie, le virus a toutefois continué de muter, de sorte qu’il échappe de plus en plus aux défenses immunitaires.

Ottawa a déjà annoncé avoir sécurisé près de 12 millions de doses du nouveau vaccin bivalent pour une première livraison. Du nombre, 2,7 millions devraient revenir au Québec, en vertu du prorata de la population canadienne, a précisé mercredi le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

La semaine dernière, le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau, avait soutenu que le vaccin adapté à Omicron devrait être offert au Québec « d’ici moins de deux semaines ». « Quand le nouveau vaccin va arriver, on va le changer pour le nouveau vaccin. Nous n’écoulerons pas les stocks qu’on a du vaccin actuel », avait aussi indiqué M. Boileau.

À son côté, la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue et présidente du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ), avait cependant prévenu que pour l’instant, ce vaccin bivalent ne serait offert qu’aux 18 ans et plus. Les plus jeunes devront pour l’instant se contenter du vaccin actuel, a-t-elle ajouté.

Un vaccin probablement plus efficace

Le vaccin Omicron sera probablement plus efficace que le vaccin utilisé depuis le début de décembre 2020, mais surtout dans les populations faiblement immunisées, selon une étude australienne publiée vendredi dernier sur le site de prépublication MedRxiv.

« On voit un taux d’anticorps neutralisants 50 % plus élevé qu’avec le vaccin originel », explique l’auteure principale de l’étude, Deborah Cromer, de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud à Sydney. « Mais au-delà d’un certain seuil, avoir plus d’anticorps ne protège pas beaucoup plus contre une maladie symptomatique. »

La biologiste australienne donne l’exemple d’une population où 50 % des gens sont immunisés, soit par un vaccin, soit par une infection naturelle. Dans cette population, le vaccin originel va augmenter la protection jusqu’à 85 % des gens, et un vaccin contre Omicron va la faire grimper à 90 %.

L’étude de Mme Cromer est une modélisation à partir des études cliniques publiées sur les vaccins et les variants Bêta, Delta et Omicron. Les résultats étaient similaires, quel que soit le variant. Il faut s’attendre à la même chose pour les vaccins contre les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5, qui devraient être prêts plus tard à l’automne.

Andrés Finzi, immunologue de l’Université de Montréal qui a beaucoup étudié l’immunité contre le SRAS-CoV-2, est d’accord avec les conclusions de l’étude australienne : avoir un rappel, quel qu’il soit, est le plus important, et l’efficacité relative d’un vaccin Omicron par rapport au vaccin originel sera plus grande chez les gens qui sont faiblement immunisés, par exemple ceux qui n’ont eu aucune dose de rappel.

Un sous-variant dominant

L’arrivée de ce nouveau vaccin survient alors qu’un sous-variant d’Omicron, BA.5, est toujours dominant. Au Québec, celui-ci représente tout près de 90 % de nouveaux cas.

Une campagne de vaccination qui stagne

Malgré le lancement de la campagne automnale pour offrir une dose de rappel à la majorité des Québécois, la cadence de la vaccination stagne. Le Québec administre en moyenne 17 800 doses par jour, un rythme qui ne progresse plus depuis une semaine.

En tenant compte du fait que la Santé publique recommande de se faire vacciner après cinq mois, seulement 24,1 % des Québécois ont une vaccination à jour. Il s’agit principalement de personnes de plus de 60 ans.

Ce lent départ n’est peut-être pas étranger au recul de la COVID-19 actuellement observé. En ce début de rentrée, la propagation demeure pour le moment à la baisse. Le Québec a rapporté mercredi une baisse de 30 hospitalisations. Les 1777 personnes hospitalisées actuellement représentent une diminution de 11 % sur une semaine.

Les 908 nouveaux cas rapportés mercredi portent la moyenne quotidienne à 749. La tendance est ainsi en baisse de 15 % sur une semaine.

Enfin, les 11 nouveaux décès rapportés mercredi portent la moyenne quotidienne calculée sur 7 jours à 14. La tendance est stable sur une semaine.

— Avec Pierre-André Normandin, l’Agence France-Presse et La Presse Canadienne

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