Bilan quotidien

Baisse des hospitalisations et 29 nouveaux décès

La propagation de la COVID-19 continue à reculer au Québec, mais le bilan humain demeure élevé. Les 29 nouveaux décès rapportés mardi portent la tendance en hausse de 28 % sur une semaine. La majorité des décès rapportés mardi sont survenus au cours de la dernière semaine, signe que ce lourd bilan n’est pas l’effet d’un rattrapage dans la saisie de données. Le Québec rapporte également mardi une baisse de 73 hospitalisations. Les 1807 personnes hospitalisées présentement représentent une baisse de 8 % sur une semaine. Aux soins intensifs, les 49 patients représentent une hausse de 7 % sur une semaine. La cadence de la campagne de vaccination semble plafonner. Le Québec administre en moyenne 18 000 doses par jour, soit un nombre stable depuis six jours. — Pierre-André Normandin, La Presse

Les Noirs plus frappés par la COVID-19 en raison de leur défavorisation

Le taux de mortalité attribuable à la COVID-19 des personnes noires est de 2,2 fois supérieur à celui des populations non racisées et non autochtones en 2020. En cause, selon Statistique Canada : la défavorisation.

Le taux de mortalité attribuable à la COVID-19 pour la population non racisée et non autochtone est de 22 décès pour 100 000 habitants. Pour les Noirs, il est de 49 pour 100 000 habitants. Cela en fait « le taux de mortalité attribuable à la COVID-19 normalisé selon l’âge le plus élevé », suivi des Sud-Asiatiques (31 décès pour 100 000 habitants) et des Chinois (22 décès pour 100 000 habitants) », écrivent Shikha Gupta et Nicole Aitken dans leur analyse intitulée Mortalité attribuable à la COVID-19 au sein des populations racisées au Canada et son lien avec le revenu.

Par ailleurs, écrivent les auteures, « les résultats ont montré qu’à l’exception de la population chinoise, la situation de faible revenu a augmenté le risque de mortalité attribuable à la COVID-19 pour toutes les populations ». Mais « les Noirs présentent la plus grande différence de risque de mortalité attribuable à la COVID-19 entre ceux qui ne vivent pas dans une situation de faible revenu et ceux qui vivent dans une situation de faible revenu ».

Le lien entre le faible revenu, les populations racisées et des taux de mortalité attribuable à la COVID-19 plus élevés s’explique par divers facteurs, peut-on lire.

Les chercheuses soulignent que selon le recensement de 2016, 21 % des adultes noirs (âgés de 25 à 59 ans) vivaient dans une situation de faible revenu, comparativement à 12 % pour le reste de la population. Près de 21 % des Noirs ont déclaré vivre dans un logement de taille non convenable, comparativement à 7,7 % des Blancs (Agence de la santé publique du Canada, 2020 ; Statistique Canada, 2020).

« Ces deux facteurs ont été reconnus comme augmentant le risque d’infection, d’hospitalisation ou de décès en lien avec la COVID-19 (Mishra et coll., 2021) », font observer Shikha Gupta et Nicole Aitken.

Elles ajoutent que « certaines recherches suggèrent également que les Noirs ont tendance à recevoir des soins de santé préventifs de mauvaise qualité au début de leur vie, ce qui contribue à l’apparition, à un âge plus avancé, de problèmes de santé chroniques qui peuvent accroître le risque de décès attribuable à la COVID-19. [Aussi], les personnes ayant été victimes de racisme sont beaucoup plus susceptibles de reporter l’obtention de soins, d’avoir des besoins en matière de soins de santé insatisfaits et de ne pas suivre les traitements ou les conseils médicaux recommandés ».

Racisme et système de santé

Sume Ndumbe-Eyoh, chercheuse à l’École de santé publique de l’Université de Toronto, salue cette analyse de Statistique Canada notamment parce que pour une rare fois de la part d’une telle institution, dit-elle, ces soins de moindre qualité reçus par la communauté noire sont mentionnés. (L’Agence de la santé publique du Canada, rappelle-t-elle, évoque carrément le racisme contre les Noirs comme un « déterminant de santé ».)

Au Québec, la mort tragique de Joyce Echaquan a beaucoup mis en lumière le racisme vécu par les Autochtones dans le système de santé, mais Sume Ndumbe-Eyoh explique que des études l’ont déjà aussi mis en lumière pour les Noirs, mais que le financement pour des études sur le racisme systémique est plus difficile à obtenir.

Les gens pensent que les médecins, les infirmières ou les pharmaciens soignent les gens sans égard à la couleur de leur peau, enchaîne-t-elle, mais la réalité est différente et cela a aussi pu contribuer – comme des appartements moins adéquats ou des emplois empêchant le télétravail – à une mortalité accrue. Par exemple, évoque-t-elle, dans le système de santé, on a trop souvent tendance à donner moins de crédibilité aux Noirs et à minimiser leurs maux.

Pour sa part, Rosanne Blanchet, nutritionniste et professeure adjointe au département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal, trouve l’analyse de Statistique Canada particulièrement importante parce qu’elle rend compte du fait qu’être Noir et avoir de faibles revenus est lié à de plus hauts taux de mortalité à la COVID-19 (alors que la génétique est souvent évoquée comme hypothèse).

La COVID-19 est encore toute récente, et beaucoup d’autres études seront nécessaires pour bien la cerner, dit Mme Blanchet, mais on sait déjà que le diabète, l’hypertension et l’obésité comptent parmi les facteurs de risque de la COVID-19.

Or, « les personnes ayant un faible revenu ont plus de mal à avoir une alimentation équilibrée », rappelle-t-elle.

Leur quotidien, fait de transports en commun, d’emplois rarement propices au télétravail et de visites plus fréquentes à l’épicerie, faute d’économies pour pouvoir faire de grosses provisions, a sans doute aussi contribué au triste tableau, selon Mme Blanchet.

— Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

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