Des frappes sur un hôpital de Gaza font 12 morts

ce qu’il faut savoir

Douze personnes ont perdu la vie dans une frappe nocturne contre un hôpital de Gaza décriée par l’OMS.

Vingt-huit bébés prématurés évacués de l’hôpital al-Chifa sont arrivés en Égypte.

La présence du Hamas à l’hôpital al-Chifa de Gaza rend la guerre « encore plus cruelle pour les civils », dit un expert.

Mardi matin (heure locale), le chef du Hamas a indiqué que les pourparlers pour une trêve et la libération d’otages s’accéléraient.

Une frappe a tué lundi au moins « 12 patients et leurs proches » et fait « des dizaines de blessés » dans l’hôpital indonésien, dans le nord de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Sur les réseaux sociaux, des images chaotiques ont montré plusieurs dépouilles dans des décombres d’une section de l’hôpital.

« Environ 700 malades et soignants » se trouvent dans cet hôpital « assiégé » par l’armée israélienne, a affirmé le porte-parole du Ministère.

Sur X, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré : « L’OMS est horrifiée par l’attaque sur l’hôpital indonésien à Gaza. » Dans la journée de lundi, 100 patients ont pu être évacués de l’hôpital indonésien.

Le New York Times a rapporté lundi que l’hôpital indonésien a été touché vers 2 h 30 du matin après que des chars israéliens se sont rapprochés de l’enceinte au milieu de tirs d’artillerie et d’obus incessants. L’origine de la frappe n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.

L’armée israélienne a déclaré que ses forces avaient essuyé des tirs pendant la nuit « de l’intérieur de l’hôpital indonésien » et qu’elle avait « directement ciblé la source spécifique des tirs ennemis » en réponse. « Aucun obus n’a été tiré en direction de l’hôpital », a déclaré l’armée dans un communiqué.

Lundi, 28 bébés prématurés évacués de l’hôpital al-Chifa sont arrivés en Égypte, ont indiqué l’OMS et un média d’État égyptien. L’armée israélienne a affirmé avoir « aidé à faciliter » l’évacuation des bébés d’al-Chifa dimanche.

Lundi également, des tirs de roquettes provenant de Gaza ont provoqué des alertes et une ruée de la population vers les abris antibombes dans la région de Tel-Aviv. Finalement, les médias israéliens ont noté que deux roquettes avaient été lancées de la bande de Gaza vers le centre d’Israël et auraient été interceptées par les systèmes de défense aérienne « Dôme de fer » et « Fronde de David ».

Les pourparlers avancent, dit le Hamas

Dans un bref message sur le compte Telegram du Hamas, le chef du mouvement palestinien, Ismaïl Haniyeh, a indiqué mardi matin (heure locale) que les pourparlers entre le Qatar, l’Égypte et les États-Unis pour la libération d’otages entre les mains du Hamas en échange d’une trêve dans la bande de Gaza s’accéléraient.

La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, avait d’ailleurs rencontré lundi soir des dirigeants du Qatar et M. Haniyeh, établi dans l’émirat du Golfe, afin d’« avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza ». Elle a aussi insisté pour que ses « équipes soient autorisées à rendre visite aux otages afin de s’assurer de leur bien-être et pour leur administrer des médicaments, et afin que les otages soient en mesure de communiquer avec leurs familles ».

« Nous n’avons jamais été aussi proches, nous en sommes convaincus. Mais il reste du travail. Rien n’est fait tant que tout n’est pas fait », a nuancé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby. Et à un journaliste qui lui a lancé la question suivante : « Est-ce qu’un accord de libération des otages est proche ? », le président américain Joe Biden a répondu à Washington : « Je le crois. »

Le Hamas à l’hôpital al-Chifa

Dimanche, l’armée israélienne a diffusé plusieurs vidéos semblant montrer des otages transportés de force par des hommes armés à l’intérieur de l’hôpital al-Chifa de Gaza. Ces images proviendraient des caméras de surveillance de l’établissement, et remonteraient au 7 octobre, jour où des militants du Hamas ont tué environ 1200 personnes en Israël et pris en otage quelque 240 personnes.

En entrevue avec La Presse, Michael Horowitz, analyste sécuritaire pour la société de conseil Beck International, signale que ces images, ainsi que celles diffusées par CNN d’un imposant tunnel sous l’hôpital, commencent à montrer la réalité de la présence du Hamas dans le plus grand hôpital de Gaza, qui a fait l’objet de plusieurs raids de la part des soldats israéliens ces derniers jours.

« Cela montre que les accusations de l’armée israélienne selon lesquelles le Hamas utilise l’hôpital comme base sont probablement exactes », dit-il.

Dans une situation de prise d’otages, des groupes comme le Hamas essaient généralement de s’assurer que le trajet emprunté par les otages soit difficile à retracer pour leur adversaire, signale M. Horowitz.

« Le fait qu’ils les aient amenés [les otages] spécifiquement à l’hôpital al-Chifa signifie qu’ils étaient certains qu’aucune information ne fuiterait d’al-Chifa. »

— Michael Horowitz, analyste sécuritaire pour la société de conseil Beck International

« C’est cohérent avec une présence permanente du Hamas dans l’hôpital, une présence dont j’entends des échos depuis des années, car le personnel qui osait regarder où il ne fallait pas est régulièrement menacé. »

Le fait qu’il n’y a pas ou qu’il y a peu de réactions internationales est « regrettable », souligne l’analyste.

« Je comprends que le sujet soit extrêmement délicat : il y a des équipes médicales, des ONG qui travaillent sur place. Mais il faut aussi qu’à un plus haut niveau, que ce soit l’ONU ou ces ONG, il y ait une réalisation et une expression du fait que le Hamas a depuis son arrivée au pouvoir choisi délibérément de bâtir son infrastructure militaire à l’intérieur même des infrastructures civiles de la bande de Gaza. Ça ne justifie pas tout. L’armée israélienne a un devoir de protection de ces lieux. Mais cela permettrait de dénoncer un des facteurs qui rend cette guerre urbaine à Gaza encore plus cruelle pour les civils. »

Dimanche, France 24 a également diffusé une entrevue avec un médecin britannique ayant travaillé à l’hôpital al-Chifa il y a trois ans, et qui a dit sous le couvert de l’anonymat qu’il y avait des zones de l’hôpital où il ne pouvait pas aller, sous peine d’être tué.

« On m’a dit qu’il y avait une partie de l’hôpital dont je ne devais pas m’approcher, et que si je le faisais, je risquais de me faire tirer dessus », a-t-il expliqué, ajoutant y avoir vu des « individus non médecins à l’allure douteuse entrer et sortir en continu ».

Des députés canadiens en Israël

Par ailleurs, un petit groupe de députés canadiens libéraux et conservateurs se trouve en Israël dans le cadre d’un voyage bipartisan visant à témoigner de leur solidarité avec le pays.

Le député libéral du Québec Anthony Housefather a signalé que l’itinéraire prévoit de rencontrer des survivants de l’attentat du 7 octobre.

Au cours de la fin de semaine, 90 Canadiens, résidents permanents et membres de leur famille admissibles ont traversé de Gaza en Égypte par le poste frontalier de Rafah. Au total, plus de 450 personnes ont été évacuées jusqu’ici, a signalé lundi Affaires mondiales Canada.

— Avec l’Agence France-Presse et La Presse Canadienne

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