Hockey Le Canadien

Dickie Moore meurt à l’âge de 84 ans

Dickie Moore, ancien joueur du Canadien de Montréal et vainqueur de la Coupe Stanley à six reprises, est mort hier, à l’âge de 84 ans, a annoncé l’équipe.

« C’est avec beaucoup de tristesse que le Canadien a appris le décès de M. Richard “Dickie” Moore », a indiqué le club dans un communiqué, en précisant que le hockeyeur avait porté ses couleurs pendant 12 saisons.

Né le 6 janvier 1931 à Montréal, l’ailier gauche s’était « rapidement imposé comme l’un des attaquants les plus redoutés du circuit », a encore souligné le club.

Dickie Moore, qui avait remporté la Coupe Stanley à six reprises avec le Canadien, était entré en 1974 au Temple de la renommée de la LNH.

Son style de jeu sans retenue lui avait valu le surnom de Digging Dickie (Dickie l’entêté).

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Dickie Moore a totalisé 254 buts, 340 aides et 594 points en 654 matchs de saison régulière dans l’uniforme du Tricolore

Moore a été un battant jusqu’à sa mort. Sur la patinoire, il a été un exemple de dévouement et de détermination. Comme homme d’affaires, il a bâti une entreprise prospère, Location Dickie Moore, spécialisée dans la location et la vente d’outils de construction.

Ses six Coupes Stanley ont été remportées dans l’uniforme du Canadien. Il est l’un des 12 joueurs à l’avoir gagnée cinq années de suite, de 1956 à 1960, les autres étant Maurice et Henri Richard, Jacques Plante, Doug Harvey, Bob Turner, Tom Johnson, Jean-Guy Talbot, Jean Béliveau, Bernard Geoffrion, Don Marshall et Claude Provost. L’entraîneur Hector Toe Blake et le directeur général Frank Selke ont aussi contribué aux cinq conquêtes d’affilée.

JOUER À LA HAUTEUR DE SON TALENT

L’épanouissement de Moore a coïncidé avec l’arrivée de Blake, qui a succédé à Dick Irvin derrière le banc en 1955-1956. Cinquante-quatre ans plus tard, lors de la célébration du centenaire du Canadien au Centre Bell, en 2009, Moore avait encore louangé Blake. « Il est le plus grand entraîneur de l’histoire du hockey, avait-il dit. Je lui dois beaucoup. Il m’a aidé dans les moments difficiles. Il traitait ses joueurs comme il aurait voulu être traité lui-même. Je me souviens de son premier discours. Il avait dit qu’il ne pouvait pas nous enseigner le jeu. Il voulait seulement qu’on joue à la hauteur de notre talent. »

Bon marqueur, Moore s’occupait aussi de tâches ingrates, comme récupérer la rondelle dans les coins, la remettre à ses coéquipiers et contrer l’adversaire.

Il a payé le prix de son acharnement, ayant subi plusieurs opérations aux genoux et des fractures. Il a été sacré champion des compteurs de la Ligue nationale en 1957-1958 bien qu’il ait disputé le dernier mois de la saison avec un plâtre à un poignet !

« J’étais le premier compteur de la ligue et Henri [Richard] était deuxième lorsque je me suis blessé, a rappelé Moore à Ronald King, de La Presse, en février 2004. On a tenu un meeting, Toe Blake, Maurice, Henri et moi. Je leur ai dit que j’abandonnais et qu’il fallait que Henri gagne le championnat. Les frères Richard ont répondu : “Pas question, tu restes avec nous jusqu’à la fin.” Ça reste un de mes plus beaux souvenirs. »

Moore a totalisé 84 points, quatre de plus qu’Henri Richard. Andy Bathgate, des Rangers de New York, et Gordie Howe, des Red Wings de Detroit, ont terminé respectivement troisième et quatrième avec 78 et 77 points. En 1958-1959, Moore a conservé le trophée Art Ross en amassant 96 points, un record de la ligue battu par Bobby Hull, des Black Hawks de Chicago, en 1965-1966.

RETRAITE

Des malaises aux genoux l’ont forcé à prendre sa retraite en 1963. Il s’est laissé tenter par un retour au jeu, en demi-teinte, en 1964 avec les Maple Leafs de Toronto, son équipe préférée dans sa jeunesse, puis un autre en 1967 avec les Blues de St. Louis. Il a accepté l’offre des Blues « pour l’argent, certes, mais aussi parce [qu’il voulait] faire oublier [s]on piètre rendement avec les Leafs », a-t-il déclaré à La Presse en 1988.

Il a obtenu 14 points en 17 matchs éliminatoires en 1968, les Blues s’inclinant en finale contre… le Canadien.

Moore a été admis au Temple de la renommée de la LNH en 1974 et le Canadien a retiré son numéro, le 12, en même temps que celui d’Yvan Cournoyer, le 12 novembre 2005. Chaque fois, Moore a démontré son esprit d’équipe. 

« J’aimerais que tous ceux qui ont joué avec nous durant ces années-là soient admis au Temple, mais certains ont plus de chance que d’autres. Je n’ai jamais pensé me retrouver avec les grands de l’histoire du Canadien, des gars comme Doug [Harvey], Jean [Béliveau], Maurice [Richard], Henri [Richard] et Jacques [Plante] », a-t-il dit après que son chandail a été hissé au plafond du Centre Bell.

Dickie Moore a aussi affiché sa ténacité dans le malheur. Il a été blessé sérieusement dans un accident de la route à Vaudreuil-Dorion, en 2006, à 75 ans : fractures multiples au cou et au bas du dos, fracture de sept côtes, hémorragies internes. Pourtant, il a pu quitter l’unité des soins intensifs trois jours plus tard !

« Il est tellement résistant, c’est incroyable », avait dit sa fille Lianne le lendemain de l’accident.

Résistant, il l’a toujours été.

— Avec La Presse Canadienne

DICKIE MOORE EN BREF

• Il est né à Montréal, le 6 janvier 1931.

• Il jouait à l’aile gauche.

• Sa fiche avec le Canadien est de 254 buts, 340 aides et 594 points en 654 matchs de saison régulière.

• Il a disputé 112 matchs en séries éliminatoires, obtenant 38 buts et 56 aides pour 94 points avec le Tricolore.

• Il a gagné la Coupe Stanley cinq années de suite, de 1956 à 1960. Il avait déjà inscrit son nom sur le trophée en 1953.

• Il a remporté deux fois le trophée Art Ross, remis au meilleur pointeur de la LNH. Ses 96 points, en 1958-1959, ont même constitué le record de la LNH.

• Il a été admis au Temple de la renommée en 1974, 31 ans avant que son numéro, le 12, soit retiré, le 12 novembre 2005.

• Sa carrière de joueur terminée, il s’est lancé en affaires. Il louait des outils de construction.

Hockey

Ils ont dit

« Nous avons perdu une idole des années 50. Il a remporté la Coupe Stanley cinq années de suite. C’était un grand guerrier. »

— Réjean Houle, président des Anciens Canadiens

« Dickie Moore était un joueur aux grandes habiletés et dont le cœur était plus grand encore. Il refusait de laisser les blessures l’empêcher d’atteindre de nouveaux sommets. »

— Gary Bettman, commissaire de la LNH

« On parlait beaucoup de Maurice Richard et de Jean Béliveau, mais [Moore] était aussi grand qu’eux. Je crois qu’il a été le meilleur ailier gauche de l’histoire du Canadien. Dickie Moore était une des vedettes. Il avait du cœur au ventre et il ne se retournait devant personne. Il a gagné le championnat des marqueurs avec un poignet cassé et dans le plâtre. Il a souvent été blessé, mais il revenait toujours plus fort. C’était un monsieur au grand cœur »

— Jean-Guy Talbot, ancien coéquipier avec qui il a remporté la Coupe Stanley à cinq reprises avec Dickie Moore de 1955 à 1960

« Pour moi, il a été une idole, puisque j’ai eu son numéro. Il a été une source d’inspiration, puisqu’il était un joueur d’équipe. Je voulais bien faire quand on m’a donné le numéro 12 et je pense que ça m’a aidé à mieux jouer. Il était un homme très simple, mais on voyait qu’il avait du caractère. Il nous regardait dans les yeux. »

— Yvan Cournoyer, qui a hérité du numéro 12 après Dickie Moore chez le Tricolore

— Propos recueillis par La Presse Canadienne

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