Camps de vacances

Offrons à nos jeunes l’été qu’ils méritent

Pour les familles québécoises, l’arrivée du printemps rime souvent avec l’inscription des enfants et des adolescents en camp d’été. Toutefois, si l’on se fie aux mesures actuelles imposées par le gouvernement du Québec, seuls les camps de jour pourront ouvrir leurs portes en juin.

En effet, les camps de vacances, offrant séjour et hébergement, ne sont toujours pas autorisés à redémarrer leurs activités, privant ainsi des milliers de jeunes de vivre une expérience unique en nature, et ce, pour le deuxième été d’affilée. Or, considérant les conséquences désastreuses de la crise sanitaire sur la santé physique et psychologique des enfants et des adolescents, la relance des camps de vacances nous semble plus que pertinente.

Tandis que l’enfance est une étape de la vie durant laquelle la socialisation et l’activité physique sont essentielles au bon développement du corps et de l’esprit, les répercussions de la pandémie ont plutôt entraîné une hausse inquiétante de l’isolement, de la sédentarité, du temps d’écran, des troubles alimentaires et de la détresse psychologique chez les jeunes. Compte tenu des circonstances, ces constats n’ont malheureusement rien d'étonnant.

Il nous semble donc approprié de rappeler les nombreux bienfaits qu’offrent les camps de vacances aux enfants et aux adolescents. Selon une étude de l’Université de Waterloo, les camps permettent aux jeunes d’accroître leurs aptitudes relationnelles, leur intelligence émotionnelle, leur confiance en soi et leur autonomie. Il a également été établi que la fréquentation d’un camp de vacances contribue à l’adoption de saines habitudes de vie alors que les campeurs se montrent généralement plus enclins à la pratique d’activités sportives après leur séjour. Les adolescents, quant à eux, ont besoin d’un emploi leur procurant une raison d’être et de la possibilité d’établir des relations sans technologie, ce à quoi les camps de vacances répondent parfaitement. Enfin, les camps offrent aux jeunes, spécialement à ceux résidant en milieu urbain ou issus de milieux défavorisés, un rare contact avec la nature.

Nos dirigeants doivent ainsi prendre conscience que la relance des camps de vacances présenterait le potentiel d’atténuer directement les externalités les plus néfastes de la pandémie sur la santé et le bien-être de nos jeunes.

Il est toutefois impératif que cette reprise des activités soit conduite de manière sécuritaire en prenant en compte les risques lui étant associés.

Fort heureusement, la situation épidémiologique évoluera dans les prochains mois vers un contexte potentiellement plus favorable. La progression de la vaccination des personnes vulnérables ainsi que la baisse des nouveaux cas durant la période estivale de 2020 en sont des indicateurs positifs attendus. Nous savons également que les risques de complication du virus sur la santé des enfants et des jeunes adultes sont minimes. Plus encore, les conclusions d’une étude menée par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis auprès des camps actifs en 2020 nous donnent espoir. Celles-ci ont démontré qu’il est tout à fait possible d’offrir aux jeunes un environnement sécuritaire lorsque les camps se dotent de stratégies rigoureuses d’atténuation des risques.

L’élaboration de ces mesures est toutefois un exercice complexe. Ces dernières doivent veiller à prévenir l’introduction du virus au sein des camps et à limiter au maximum les risques d’éclosion à l’interne. Il est donc urgent que le gouvernement du Québec emboîte le pas de l’Ontario et précise ses intentions afin d’accorder aux camps le temps nécessaire pour concevoir leurs protocoles de sécurité, réaménager leurs installations et former leur personnel.

Après 12 mois de pandémie, nous croyons qu’il est de notre devoir, en tant que société, d’offrir à nos jeunes l’été qu’ils méritent, loin de l’angoisse de la crise sanitaire.

* Cosignataires : Pierre Lavoie, cofondateur du Défi Pierre Lavoie ; Dr Gilles Julien, pédiatre social, président de la Fondation DJulien ; Dre Marie-Claude Roy, directrice de la clinique de pédiatrie du développement du CHU-Sherbrooke ; Dre Suzanne Vaillancourt, directrice assistante, urgence pédiatrique, Hôpital de Montréal pour enfants, CUSM ; Dr Martin Gignac, chef de département de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Hôpital de Montréal pour enfants, CUSM ; Katherine Frohlich, professeure titulaire, École de santé publique de l’Université de Montréal ; Marie-Eve Mathieu, professeure agrégée, faculté de médecine, Université de Montréal, chercheuse au CHU Sainte-Justine, Chaire de recherche du Canada sur l’activité physique et l’obésité juvénile ; Kevin L’Espérance, épidémiologiste, biochimiste et chercheur doctoral en santé publique et épidémiologie au CR-CHUM ; Dr Jean-Sébastien Tremblay-Roy, pédiatre intensiviste

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