Transport maritime

Cap sur la carboneutralité ?

Le Canada étudie une proposition internationale qui doublerait l’ambition de ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre provenant du transport maritime – un plan que le pays semble prêt à soutenir, selon des observateurs.

Un comité de l’Organisation maritime internationale (OMI), qui fixe les règles pour la haute mer, débat cette semaine d’une résolution qui fixerait un objectif de carboneutralité pour tous les transports maritimes internationaux d’ici 2050. L’objectif actuel est de réduire de moitié les émissions d’ici cette date.

Vendredi, des représentants de Transports Canada ont informé les intervenants des positions que ses représentants prendraient lors de la réunion.

« Au cours de cette discussion avec les parties prenantes, le Canada a déclaré qu’il soutiendrait la résolution », a affirmé Andrew Dumbrille, du Fonds mondial pour la nature, qui a assisté à la séance d’information.

Le Canada, qui a un objectif global de carboneutralité d’ici 2050, s’est également prononcé en faveur de la résolution lundi à l’ouverture de la réunion, a indiqué M. Dumbrille.

« Ils ont fait une déclaration très claire et sans ambiguïté. »

– Andrew Dumbrille, du Fonds mondial pour la nature

Transports Canada n’a pas confirmé sa position pendant la réunion.

« Le Canada a réitéré son engagement à réduire les émissions du transport maritime international, conformément à l’accord de Paris », a déclaré la porte-parole Sau Sau Liu dans un courriel. « Envoyer un signal clair et fort sur l’ambition est essentiel, car la décarbonation complète du secteur nécessitera des efforts et des investissements importants. »

Résolution controversée

La résolution, proposée par un groupe d’États insulaires menacés par l’élévation du niveau de la mer, devrait être discutée jusqu’à la clôture des réunions de la commission vendredi.

M. Dumbrille a déclaré que les décisions du comité de protection de l’environnement marin étaient généralement prises par consensus, mais cette résolution est suffisamment controversée pour qu’elle puisse être mise aux voix.

« C’est un débat très houleux », a-t-il affirmé.

Il a dit que des membres, dont l’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni, s’étaient montrés favorables à la résolution.

Pour des réglementations internationales

Miako Ushio, de la Fédération maritime du Canada, a déclaré que l’industrie appuyait l’atteinte de la carboneutralité dès que possible. Elle a également dit qu’il était important que les réglementations sur la question soient internationales, plutôt que variables d’un pays à l’autre.

Cependant, y arriver ne sera pas facile, a-t-elle souligné.

« Nous devons reconnaître qu’une innovation considérable et des investissements dans la recherche et le développement sont nécessaires avant que les carburants et les technologies neutres en carbone soient prêts à être déployés par la flotte océanique à l’échelle mondiale. »

« Bien que la carboneutralité d’ici 2050 soit nécessaire pour s’aligner sur les objectifs de l’accord de Paris, à ce stade, ce serait une cible ambitieuse. »

– Miako Ushio, de la Fédération maritime du Canada

Bien que le transport maritime représente moins de 3 % des émissions mondiales, celles-ci ont augmenté de 10 % de 2012 à 2018.

« C’est un gros problème, a déclaré M. Dumbrille. L’action contre les changements climatiques est une préoccupation mondiale, et l’objectif de l’OMI est considéré comme faible depuis des années. »

Le libellé de la résolution n’est pas contraignant, disant seulement que les objectifs actuels sont inadéquats et que la carboneutralité est « essentielle ».

M. Dumbrille a indiqué que la résolution était tout de même une avancée et qu’elle commencerait à aligner le transport maritime sur les engagements déjà pris par d’autres secteurs économiques.

« Quand le monde se dirige vers la carboneutralité d’ici 2050 dans d’autres secteurs, le fait que l’OMI vise 50 % est terriblement insuffisant. »

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