Éditorial COVID-19

Après la COVID-19
Reconstruire… en mieux (2)

Trouvez l’erreur…

François Legault promet que l’environnement ne sera pas sacrifié dans le plan de relance économique qui se prépare en coulisse. Mais il n’a pas cru bon faire de place aux ministres de l’Environnement et de l’Énergie dans son escouade ministérielle formée des quatre hommes (pas une femme, vraiment ?) qui s’occupent de l’économie, et juste de l’économie.

Pas banal quand on sait que toutes les dépenses visant la relance auront besoin du feu vert de ce club sélect qui n’a, à première vue, rien de vert : MM. Fitzgibbon (Économie), Girard (Finances), Dubé (Trésor) et Boulet (Travail).

Pourtant, comme on l’a vu hier (lire le premier des deux éditoriaux), de plus en plus de voix s’élèvent pour éviter une course à la croissance aveugle après la crise. Tant qu’à reconstruire, demandent notamment la Banque mondiale et l’Agence internationale de l’énergie, reconstruisons mieux.

C’est d’ailleurs le message envoyé par un groupe de 15 organismes québécois* qui a dévoilé mercredi une feuille de route pour une relance plus solidaire et plus verte. Une feuille de route qui nous donne envie de remplacer l’expression « plan de relance » par « plan de transition », plus appropriée.

Ce G15 québécois propose d’abord de maintenir les investissements prévus dans le dernier budget Legault. Car, on l’a peut-être oublié tant l’époque pré-COVID semble lointaine, mais le Québec engageait alors des sommes records pour l’environnement.

Ce n’est certainement pas le temps de reculer là-dessus, car la crise sanitaire en cours ne fera pas disparaître la crise climatique qu’elle a éclipsée.

Important, donc, de miser sur la politique-cadre d’électrification et les nombreux projets de transports en commun qui sont à l’étude.

Les sommes qui seront débloquées au sortir de la pandémie risquent d’être d’une ampleur sans précédent : c’est le temps ou jamais de faire ce qu’on ne peut habituellement pas se permettre afin que l’économie post-COVID soit une économie plus sobre en carbone.

Le groupe prévoit ainsi un bouquet de mesures en matière d’achat local, d’agriculture, de commerces de proximité, d’infrastructures numériques et d’encouragement au télétravail, entre autres.

Peut-on, par exemple, en respect des lois du commerce international, adopter une politique d’approvisionnement local pour les acheteurs publics comme le gouvernement et les villes ? Peut-on introduire une certification « Fabriqué au Québec » à l’image d’« Aliments du Québec » ?

Du côté des infrastructures, qui profiteront d’injections massives de fonds, peut-on faire autre chose que de multiplier des routes ? Misons plutôt sur l’entretien totalement déficient de ce qui existe et développons en parallèle des parcs d’autobus électriques, des réseaux de tramway et des prolongements de métro coûteux.

Un message à l’équipe économique de M. Legault, d’ailleurs : les investissements dans les transports collectifs créent trois fois plus d’emplois et de retombées économiques au Québec que les investissements dans le secteur routier.

Et il y a bien sûr l’électrification des transports, slogan politique souvent utilisé qui tarde à se matérialiser. Or, voilà le temps pour les villes et le gouvernement de se montrer exemplaires en favorisant l’électrification rapide de leurs propres parcs de véhicules. C’est le temps de pousser pour l’électrification des parcs de véhicules de marchandises, surtout quand on voit l’importance que prennent les livraisons à domicile. C’est le temps d’étendre les infrastructures de recharge à la grandeur du Québec pour inciter les automobilistes à se départir de leur voiture à essence.

Est-ce qu’il y a vraiment quelqu’un, quelque part, qui doute que ce soit l’avenir du transport à l’échelle mondiale ? Prenons de l’avance ici, au Québec. Profitons de la crise sanitaire comme si elle nous signalait qu’on ne peut poursuivre comme avant et que demain sera forcément différent.

De toute façon, on commence à réaliser que cette pandémie risque d’être suivie par d’autres vagues, voire d’autres crises sanitaires. Faire du Québec une société plus verte, c’est faire du Québec une société plus résiliente.

C’est l’occasion ou jamais.

* Le G15 comprend entre autres la Fondation David Suzuki, le Conseil du patronat du Québec, la Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec, le Chantier de l’économie sociale, Vivre en ville, Propulsion Québec, l’Ordre des urbanistes du Québec, Équiterre, Écotech Québec et le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec.

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