COVID-19

La course au dépistage

Les cliniques de dépistage sont au maximum de leur capacité, et plus encore : hier, les pieds dans la neige, on pouvait attendre jusqu'à deux heures à Montréal.

Dépistage

Des heures d'attente

Le nombre de cas explose et les Québécois ont dû s’armer de patience pour obtenir un test de dépistage durant le week-end. Les plages horaires disponibles se font rares et les gens ont afflué aux cliniques sans rendez-vous.

Dès 10 h dimanche, une centaine de personnes attendaient à l’extérieur de la clinique de dépistage de Villeray et Petite-Patrie sur le boulevard Crémazie, à Montréal, pour obtenir un test de dépistage de la COVID-19.

« Je suis gelée raide. Je vais perdre mes orteils, ça va être pire que la COVID-19 », s’est exclamée en riant Jade Huguet, qui attendait dans la file depuis une heure et demie. Elle s’est rendue jeudi dernier dans un souper avec des amies. Une d’entre elles a obtenu un diagnostic positif. « Je l’ai su hier soir, donc je suis venue me faire tester ce matin », a-t-elle dit en sautillant pour se réchauffer.

Quelques mètres plus loin, Jérémie Caron-Marcotte était bien installé sur sa chaise de camping. « Ça fait une heure que j’attends. » Dimanche matin, le père de famille a décidé d’utiliser par précaution un test rapide que sa fille a obtenu à la garderie avant de se rendre à son match de hockey prévu en après-midi.

« Il est sorti positif », a dit l’homme, qui n’avait aucun symptôme. « Je suis venu pour confirmer mon résultat. J’habite à côté, donc ma copine est venue me porter une chaise. »

Les tests rapides peuvent donner des résultats faussement positifs chez des personnes qui ne sont pas infectées (voir autre texte en écran 5). Les personnes qui obtiennent un résultat positif à un test rapide antigénique doivent donc faire confirmer leur résultat par un test de laboratoire.

Un rendez-vous, svp ?

Pendant la fin de semaine, peu de rendez-vous étaient disponibles pour obtenir un test de dépistage. Devant l’offre limitée, beaucoup de personnes se sont rendues au dépistage sans rendez-vous, où le délai d’attente était parfois de plusieurs heures.

« On voulait prendre rendez-vous. Ça disait sur le site qu’il y avait des plages disponibles, mais on n’a jamais été capables de les prendre, parce qu’en entrant nos informations, ça disait qu’elles ne l’étaient plus », a expliqué Audrey, qui venait tout juste d’arriver dans la file.

De son côté, Alizé Buisson-Martineau a réussi à obtenir un rendez-vous vendredi pour se faire dépister dimanche. « J’ai même dû changer de code postal pour trouver un rendez-vous », a dit la femme qui a été en contact avec quelqu’un de positif.

La situation était semblable partout dans l’île de Montréal, a constaté La Presse. Vers 13 h 30, à la clinique de Lachine, rue Notre-Dame, qui offre du dépistage sans rendez-vous, une mère et son adolescent attendaient depuis deux heures.

Une course à obstacles

« L’incapacité de tester les personnes, c’est un frein au contrôle de cette vague. C’est problématique, parce que si on ne peut pas dépister, on ne peut pas isoler et donc on ne peut pas empêcher la transmission », dit Nathalie Grandvaux, chercheuse au laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

La Dre Maryse Guay, professeure à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, est aussi d’avis que la situation actuelle n’est pas idéale.

« C’est un problème, mais on peut comprendre. Le temps des Fêtes approche, les ressources dans le réseau de la santé sont limitées et [le personnel de la santé] est fatigué. Il faut faire avec, on n’a pas vraiment le choix », dit-elle.

Bilan de la COVID-19

La demande grandissante pour les tests de dépistage survient alors que le Québec a rapporté dimanche 3846 nouveaux cas de COVID-19. Les nouveaux cas portent la moyenne quotidienne à 2820. La tendance est ainsi en hausse de 74 % sur une semaine.

Le nombre de cas a plus que doublé chez les pleinement vaccinés depuis une semaine. Ils représentent en moyenne 1692 nouveaux cas par jour, soit une augmentation de 124 % sur une semaine.

En comparaison, les personnes qui ne sont pas vaccinées affichent une hausse de 23 %, avec 1031 nouveaux cas par jour. En tenant compte de leur poids dans la population, les non-vaccinés ont trois fois plus de risques d’attraper la COVID-19.

Les trois décès supplémentaires enregistrés dimanche portent la moyenne quotidienne à quatre. La tendance est ainsi en légère hausse sur une semaine.

Le nombre d’hospitalisations a augmenté, pour un total de 376 personnes hospitalisées à l’heure actuelle, soit 29 de plus que la veille. On compte désormais 79 personnes aux soins intensifs, une augmentation de 5. Le nombre de personnes hospitalisées en raison de la COVID-19 a augmenté de 44 % depuis une semaine.

Même s’ils ne représentent que 16 % de la population, les personnes qui ne sont pas vaccinées représentent plus de la moitié des hospitalisations chaque jour. Le Québec compte 23 hospitalisations par jour chez les non-vaccinés, contre 20 hospitalisations chez les vaccinés. Ils risquent ainsi cinq fois plus de se retrouver à l’hôpital.

Le nombre de tests réalisés le 18 décembre s’est élevé à 45 493. « C’est énorme, 45 000 tests, et c’est à peu près notre plafond », dit Mme Grandvaux. Le taux de positivité est à 9,9 %, soit bien au-dessus du seuil de 5 % recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « On a rarement vu un taux de positivité aussi élevé », ajoute-t-elle.

Le ministère de la Santé a enregistré dimanche 8943 nouvelles injections chez les 5 à 11 ans. À ce jour, un peu plus de 335 000 jeunes de 5 à 11 ans ont eu leur première dose, soit 51 % de ce groupe d’âge.

Chez les personnes de 70 ans et plus, 16 000 troisièmes doses ont été administrées.

— Avec Pierre-André Normandin, La Presse

Augmentation des cas de COVID-19

Les activités publiques des ministres suspendues

Au moment où le variant Omicron gagne du terrain, les activités publiques des ministres du gouvernement du Québec seront suspendues. La « montée fulgurante des cas de COVID-19 et une hausse des hospitalisations » justifient cette décision, a confirmé l’attaché de presse du premier ministre François Legault, Ewan Sauves. Cette mesure est donc préventive, pour éviter que le virus se propage davantage. La nouvelle, d’abord rapportée par Radio-Canada, engendre l’annulation des conférences de presse, des annonces publiques et des autres activités auxquelles devaient participer les ministres. De nouveaux scénarios concernant la progression de la pandémie de COVID-19 seront présentés à François Legault lundi en fin de journée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), a aussi évoqué son attaché de presse. Cette annonce survient à la suite de la publication d’un reportage de La Presse dans lequel plusieurs experts indiquent que les restrictions annoncées cette semaine par Québec afin de contrôler la propagation du virus sont insuffisantes. À la suite de l’annonce de l’annulation des activités publiques des ministres, des parents ont réclamé la fermeture des écoles sur les réseaux sociaux.

— Coralie Laplante, La Presse

Des restaurants fermés à l’approche des Fêtes

De nombreux restaurateurs montréalais ont choisi de fermer leurs portes à l’approche du temps des Fêtes, dans certains cas parce que plusieurs employés ont été infectés par la COVID-19, et dans d’autres, pour éviter de devenir un lieu de propagation du virus.

C’est la décision qu’a prise dimanche le chef et copropriétaire du restaurant BarBara Vin, David Pellizzari, après que 13 des employés de son équipe formée de 38 ont reçu un test de dépistage positif à la COVID-19.

Plusieurs membres d’un groupe de clients ayant fréquenté le restaurant du quartier Saint-Henri ont reçu un diagnostic positif à la COVID-19 et ont par la suite avisé le restaurant lundi. David Pellizzari a demandé à ses employés d’aller passer un test de dépistage. « La seule décision responsable à ce point-là, c’était de fermer la place », a affirmé le chef cuisinier dimanche, en entrevue avec La Presse.

Son entreprise n’est pas la seule dans cette situation. Sur les réseaux sociaux, plusieurs restaurants ont annoncé suspendre leurs activités, dont le Bistro Pastaga, le bar vinvinvin et la pizzeria Pizza Bouquet pour des durées différentes.

« C’est pas croyable, notre industrie a vraiment été touchée rapidement, au pire moment. On le sait, janvier, février c’est tough pour nous. On dépend sur les dernières semaines de décembre. Il y a beaucoup de personnes [pour qui] la fermeture maintenant à cette date-là, ça va faire vraiment mal. »

— David Pellizzari

Michaël Ruel, copropriétaire de la brasserie Isle de Garde, située dans La Petite-Patrie, a également pris la décision de fermer son établissement. Il souhaitait avant tout éviter que son entreprise devienne un lieu de transmission du virus dans le secteur. « On a énormément de cas dans les écoles et les garderies dans le quartier en ce moment », a-t-il affirmé. « Nous, on est hyper vigilants ici, mais ce n’est pas le cas de tous nos clients, malheureusement », a-t-il poursuivi.

« Nous, on est une entreprise de quartier [qui] aide à rendre la fierté au quartier, mais elle peut aussi faire le contraire, et ça, on ne le veut pas », a évoqué M. Ruel.

Cette semaine, deux clients qui ont passé la soirée à la brasserie ont informé l’Isle de Garde qu’ils avaient contracté la COVID-19. Les employés ayant travaillé lors de la soirée en question sont allés passer un test de dépistage de la COVID-19 ; les tests se sont avérés négatifs. Mais dimanche, un employé a été déclaré positif au virus.

En fermant le restaurant, M. Ruel souhaitait aussi donner la chance à ses employés de voir leurs proches dans le temps des Fêtes, « sans avoir la crainte de ramener la COVID dans leur famille ». Le copropriétaire souhaitait ainsi s’assurer de la sécurité de ses employés, en leur permettant d’aller se faire dépister une deuxième fois. « On ne veut pas vivre le même Noël que l’année passée », a-t-il affirmé.

Michaël Ruel espère pouvoir rouvrir les portes de l’Isle de Garde le 27 décembre. « Si on n’est pas fermés de façon obligatoire par le gouvernement, parce qu’il y a ça qui tourne autour de nos têtes en ce moment », a-t-il ajouté.

De l’aide gouvernementale espérée

Le copropriétaire de l’Isle de Garde se questionne à savoir si le gouvernement allouera de nouvelles subventions aux restaurateurs, au moment où l’entreprise a fermé ses portes à ses frais. « C’est notre argent de poche qu’on est en train de laisser aller », a-t-il dit, soulignant que la décision a malgré tout été prise « en connaissance de cause ».

« Je croise les doigts que le gouvernement va encore donner des subventions », a affirmé pour sa part David Pellizzari. Le copropriétaire du BarBara Vin n’a pas encore planifié la réouverture de son restaurant.

« On va respecter notre staff. Ça va être une décision d’équipe prise ensemble, quand on se sent [en sécurité] et prêt à ouvrir les portes dans une bonne façon », a-t-il expliqué.

Aéroport Montréal-Trudeau

Des voyageurs sereins malgré tout

L’aéroport de Montréal était animé par la présence de nombreux voyageurs qui s’apprêtaient à s’envoler vers des destinations soleil dimanche, malgré la recrudescence de la COVID-19 au Québec.

Des voyageurs comme Sylvie Beaumont, qui enregistrait ses bagages en après-midi, avant de prendre l’avion vers Las Vegas, en compagnie de son conjoint et de son fils. « On va visiter des parcs américains, c’est pour ça qu’on est moins craintifs, on va faire beaucoup d’extérieur », explique-t-elle.

Plusieurs voyageurs rencontrés par La Presse s’envolaient vers différents États américains. C’était le cas de Barbara Lalonde, qui partait pour le condo qu’elle a récemment acquis à Hallandale, en Floride. La progression de la pandémie aux États-Unis l’inquiète peu. « On est même triples vaccinés », souligne la mère de famille.

Francis Vézina amorçait plutôt un périple de trois semaines en compagnie de ses trois enfants. La famille se dirigeait vers Fort Lauderdale avant d’embarquer sur un navire de croisière qui la transportera vers différents pays des Caraïbes. M. Vézina n’est pas anxieux par rapport aux risques de transmission de la COVID-19. Il serait toutefois importuné si le gouvernement fédéral instaurait une quarantaine de 14 jours aux voyageurs avant son retour. « Ce serait problématique un peu, mais on a décidé que pour l’instant, on ne se soucie pas de ça. On verra rendu là », lance-t-il.

Deux amies, Yasmina Djabri et Ikram Timimi, ont plutôt pris la décision de passer le temps des Fêtes à Varadero, à Cuba. Le processus afin de quitter le pays inquiétait quelque peu Yasmina, mais elle a pu effectuer son test de dépistage sans problème. La jeune femme n’est pas préoccupée par la probabilité d’attraper la COVID-19 en vacances. « On est vaccinées, du coup, on est un peu sereines », affirme-t-elle. Les amies ont aussi sélectionné la date de leur retour pour s’assurer qu’il serait possible pour elles d’effectuer une quarantaine avant le retour en classe, si cette mesure est exigée.

Un Noël avec sa famille

Plusieurs personnes présentes à l’aéroport Montréal-Trudeau dimanche s’apprêtaient à rejoindre leur famille dans leur pays d’origine. Clément Boucly et Aristide Denis, qui étudient au Québec, s’envolaient vers Paris.

Les deux hommes sont préoccupés par la progression du coronavirus au Canada. « Ça nous inquiète dans le sens qu’il y a un risque que les frontières referment, mais on sait qu’on est tellement d’étudiants internationaux à rentrer [au pays] », affirme Clément. « On sait que dans le pire des cas, les établissements ont une solution à distance », poursuit-il, en soulignant que son permis d’étudiant est toujours valide.

Vincent Melet et ses deux enfants, Lucas et Éloïse, partaient eux aussi rejoindre leur famille en France. En ce qui concerne la situation sanitaire en France : « Ça empire un petit peu, mais on est vaccinés, les enfants aussi. On ne s’inquiète pas trop pour nous », a évoqué M. Melet, visiblement serein.

Cinq jours pour un résultat de test au retour

À la fin du mois de novembre dernier, le gouvernement fédéral a annoncé que tous les voyageurs qui arrivent du Canada par avion, à l’exception de ceux en provenance des États-Unis, devront passer un test de dépistage lors de leur arrivée au pays, et être isolés jusqu’à la réception de leur résultat.

Pour Adib* et Leila*, un jeune couple qui a souhaité témoigner sous le couvert de l’anonymat, le processus de retour au pays ne s’est pas déroulé comme prévu. Ils ont atterri à Montréal lundi dernier, et ont été sélectionnés aléatoirement pour passer un test de dépistage à leur arrivée. Le gouvernement canadien n’a pas encore dévoilé à quelle date cette mesure serait déployée de façon systématique.

Alors que l’entreprise de dépistage Dynacare leur avait promis de leur fournir leur résultat de test dans les 24 à 48 heures suivantes, ils ont plutôt dû attendre cinq jours pour le recevoir.

« Ce qui m’a frustré, c’est que jamais on ne m’a dit que je dois rester à la maison une semaine. J’ai fait mon [test] PCR négatif au Mexique, tout était correct », déplore Adib. Le couple a appelé à plusieurs reprises l’entreprise, qui a justifié le délai par le nombre élevé de voyageurs qui sont revenus au pays le 13 décembre.

« Lorsque nous avons reçu notre résultat [samedi soir, 18 décembre], il était écrit [que] le résultat était prêt le 14 décembre », ajoute Leila, qui s’explique mal le délai avant de recevoir son résultat.

* Prénoms fictifs afin de protéger leur identité

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