Des produits chimiques néfastes ?
Que vous optiez ou non pour un produit cosmétique qui s’annonce comme naturel, une lecture des ingrédients pour en connaître le contenu est nécessaire. Car plusieurs entreprises font miroiter l’absence de toxicité de leur produit. Même si la fabrication des cosmétiques vendus au Canada est réglementée, cette réglementation est limitée.
Le contenu des shampoings ainsi que de tout autre produit cosmétique est régi par Santé Canada, qui établit une « liste critique » contenant les ingrédients interdits ou restreints dans la fabrication des cosmétiques vendus au pays. Cependant, plusieurs ingrédients qui seraient nocifs ne font pas partie de cette liste et se retrouvent donc dans les produits.
Selon Jean-Éric Marie, chimiste vert et fondateur des produits capillaires naturels Mistik, « les organismes comme Santé Canada n’ont pas un rôle de précaution pour les consommateurs. Ils ont le fardeau de la preuve pour déterminer la toxicité des ingrédients. Tant que la toxicité d’un ingrédient n’a pas été assidûment prouvée, l’ingrédient peut se retrouver dans la fabrication des produits. Et comme l’enjeu financier est très important, le processus est très long. Le meilleur exemple est le sulfate. Il n’y a pas un cosmétologue au monde qui ne sait pas que le sulfate est un irritant puissant. Sauf que c’est un ingrédient qui génère de la mousse, qui donne une bonne consistance au produit et qui ne coûte pas cher. Donc, l’industrie adore ça. Mais les dangers sont directs sur la santé. »
Les entreprises ont donc la responsabilité de faire des choix éclairés pour la santé de leurs clients. Si certaines adhèrent à cette éthique, d’autres jouent sur les mots. Jean-Éric Marie relève deux exemples fréquents, dont le premier concerne (encore) les sulfates, qui peuvent être irritants et asséchants. Plusieurs grandes marques se targuent de fabriquer un produit sans sulfate, utilisé comme agent moussant. Mais dans la liste des ingrédients, on retrouve des sulfonates, qui seraient aussi nocifs.
Un deuxième exemple est l’ingrédient polysorbate 20, stabilisant que l’on retrouve dans les shampoings et qui a habituellement une composition à 28 % naturelle et 72 % pétrochimique. Certaines entreprises qui l’utilisent disent offrir des ingrédients qui sont tous « d’origine naturelle », une expression qui induit les consommateurs en erreur puisqu’ils ne sont qu’en petite partie naturels.
Plusieurs études ont prouvé les effets néfastes de l’utilisation de produits chimiques, tant pour leur toxicité directe (celle sur la peau) que leur toxicité indirecte (qui touche plutôt l’environnement). Le polysorbate 20 est un des ingrédients dont la toxicité directe a été prouvée. Cette substance est constituée d’oxyde d’éthylène, qui, lui, est reconnu comme cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer. Plusieurs autres substances, dont les phtalates, sont montrées du doigt comme étant responsables de désordres endocriniens et de troubles de développement.
« Je demeure positif par rapport à tout ça. Il y a de plus en plus d’éducation et de supports de communication pour les gens. Mais une chose qui serait très simple à faire par les entreprises serait de nommer l’origine de chacun des ingrédients sur l’étiquette. S’il y avait un jour une loi de cet ordre, ça aiderait beaucoup les consommateurs » conclut Jean-Éric Marie.