Prix Bédélys, l’année des femmes

La bédéiste Cab a remporté jeudi le prix Bédélys Québec, remis à la meilleure bédé québécoise publiée par un éditeur d’ici pour son album Uptown (Nouvelle adresse). Le deuxième volet de la très comique série Si on était… (Front Froid) a quant à lui valu à son autrice, Axelle Lenoir, le prix Bédélys jeunesse Québec. Pour une rare fois, les Bédélys ont récompensé une majorité d’œuvres créées par des femmes : Mieke Versyp et Sabien Clement ont remporté le Bédélys étranger pour Peau (publié chez Çà et là) et Niki Smith le Bédélys jeunesse pour L’espace d’un instant (Rue de Sèvres). Les créatrices de bédés dominaient d’ailleurs largement la liste des finalistes dévoilée en mars. — Alexandre Vigneault, La Presse

Fondation Grantham

Une bourse pour une architecture respectueuse de la Terre

La Fondation Grantham pour l’art et l’environnement a dévoilé, jeudi, à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, les noms des deux premiers lauréats d’une nouvelle bourse-résidence en architecture. Il s’agit des architectes Jérémie Dussault-Lefebvre et Sébastien Roy dont la pensée alternative tient compte des défis environnementaux auxquels nous faisons face.

La Fondation Grantham avait lancé son premier appel à projets pour des résidences en arts visuels en 2019. Depuis, une dizaine d’artistes ont résidé et créé dans le magnifique environnement de la Fondation, à Saint-Edmond-de-Grantham, près de Drummondville. Notamment Marilou Lemmens/Richard Ibghy, Andreas Rutkauskas, Anahita Norouzi et Clément de Gaulejac.

L’automne dernier, l’organisme fondé par les collectionneurs d’art Michel Paradis et Bernard Landriault avait lancé un premier appel à projets pour une bourse de résidence en architecture en lien avec des enjeux environnementaux. Mis à part celles du Centre canadien d’architecture, les résidences en architecture sont rares au Canada et dans le monde. Avec ce nouveau programme – soutenu financièrement par l’atelier d’architecture de Pierre Thibault –, la Fondation veut valoriser et démocratiser la réflexion architecturale « pour habiter la Terre autrement ».

« Lorsqu’elle est profondément ancrée dans la société et dans le territoire et qu’elle est fondée sur la compréhension et le respect de la diversité biologique et culturelle, l’architecture a le potentiel de devenir un vecteur de changements qui peut transcender les intérêts personnels et économiques et permettre à tous de mieux habiter la Terre, dit Bernard Landriault. Le programme de résidences en architecture vise à explorer ce potentiel et à soutenir une réflexion prospective afin de promouvoir une architecture sensible aux lieux et à tout ce qui vit en ces lieux. »

Les gagnants de la première bourse en architecture, Sébastien Roy et Jérémie Dussault-Lefebvre, sont de jeunes architectes du Québec qui jouissent déjà d’une réputation internationale. Leur résidence aura lieu à la Fondation du 1er au 22 août prochains. Ayant étudié à l’UQAM et à l’Université de Colombie-Britannique, ils ont construit leur expérience à l’étranger (Berlin, Milan, Bruxelles, Malte, Porto, Nairobi) et orienté leur pratique en privilégiant des projets architecturaux de réhabilitation et de rénovation, « pour trouver le nouveau dans l’ancien ».

« Cette résidence sera un moment alloué afin de prendre le temps de se pencher sur les réalités architecturales qui nous préoccupent, ainsi qu’un espace pour les articuler. »

— Sébastien Roy et Jérémie Dussault-Lefebvre

Les deux lauréats travaillent sur des projets qui ont comme dénominateur commun « l’intérêt latent de notre rapport à l’existant » et les moyens de conserver les qualités du passé tout en répondant au contexte actuel. Ils estiment que compte tenu du contexte environnemental, le réemploi d’éléments offre un potentiel d’économie des ressources qui permet « d’imaginer un futur sans le compromettre ».

« Bien qu’encore marginale et souvent archétypale, cette façon de pratiquer l’architecture se doit d’être normalisée, banalisée, rendue accessible, disent-ils. Il est simplement question de prendre soin et de valoriser ce qui nous entoure déjà, de manière décomplexée, sincère, libérée de formes de conservation immobilisantes au profit de changements de paradigmes. »

Selon eux, ce n’est pas à l’architecture de s’adapter, mais aux architectes, aux clients, à l’offre et à la demande, aux politiques, aux normes et aux codes de construction. « C’est aux philosophes, sociologues, urbanistes, pour n’en citer que trois [de s’adapter], disent-ils. C’est à nos façons de voir, de penser, à nos désirs. Que ces considérations trouvent écho au sein d’une institution telle que la fondation Grantham est une précieuse reconnaissance et un support tant pour notre démarche que pour l’ambition d’une réflexion collective. »

Piloté par Josianne Poirier, directrice artistique de la Fondation Grantham, le jury qui a choisi les deux architectes était composé d’Anne Cormier, professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal et cofondatrice de l’Atelier Big City, d’Albert Ferré, directeur associé des publications au Centre canadien d’architecture, de Peter Soland, cofondateur de la firme Civiliti et professeur invité à la Chaire UNESCO en paysage urbain, et de l’architecte Pierre Thibault.

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