À l’aide, Docteur !
Dès qu’une tache brune disgracieuse apparaît, vaut mieux s’y attaquer tout de suite, quelle que soit l’artillerie utilisée. C’est toujours plus simple d’enlever une petite tache qu’une grosse, qu’elle soit causée par le soleil ou l’hérédité. Quel traitement privilégier ? en a discuté avec le dermatologue Daniel Barolet.
Comment peut-on prévenir les taches brunes ?
En mettant de la crème solaire pour prévenir les taches causées par le soleil. Pour ce qui est de celles causées par l’hérédité, c’est un facteur interne, on ne peut alors pas les prévenir.
Que pensez-vous des traitements suggérés suivants :
Les crèmes vendues en pharmacie :
Cela dépend du stade de la tache brune. Si le stade est avancé, alors les crèmes ne seront pas efficaces. Il y a beaucoup de marketing vis-à-vis le vrai résultat obtenu. La récidive est très fréquente, lorsqu’on cesse d’appliquer la crème dépigmentante.
Les crèmes prescrites à base d’hydroquinone pour éclaircir les taches :
C’est une bonne idée dans le cas d’hyperpigmentations acquises et étendues, essentiellement. Je ne les conseille pas pour les taches héréditaires, hormonales et de naissance.
L’hydroquinone n’est pas dangereuse et demeure encore la meilleure molécule contre l’hyperpigmentation post-inflammatoire et le mélasma (masque de grossesse).
La polémique diffusée abondamment sur le web vient d’une étude animale qui n’a pas été corroborée par une étude humaine. Il y a un risque plus élevé de cancers lié à l’espèce et au sexe des petits animaux. Les effets secondaires sont minimes. On observe surtout de l’irritation. Et il faut éviter les concentrations élevées (> 4 %) et l’application long terme. L’hydroquinone est d’ailleurs offerte au Canada et aux États-Unis, mais pas en Europe.
La cryothérapie, qui consiste à mettre de l’azote liquide sur les taches afin de les dépigmenter :
C’est un bon traitement de première ligne. Cependant la récidive de la lésion est fréquente. Il y aussi des risques d’hypopigmentation, c’est-à-dire de taches blanches.
Le peeling à l’acide, qui exfolie et brûle les taches, souvent proposé dans les centres d’esthétique.
Ce n’est pas vraiment une bonne idée. L’absorption est erratique, imprévisible. Il y a des risques d’hypo ou d’hyperpigmentation secondaire.
La lumière pulsée IPL (intense pulsed light) :
Évitez les IPL ! Ce ne sont pas des lasers et le risque est élevé, surtout lorsque le traitement est effectué par un non-médecin. La règle à suivre est qu’il faut savoir diagnostiquer une tache brune avant de la traiter. Les non-médecins ne devraient pas avoir le droit de traiter les taches brunes. Un cancer de la peau comme le mélanome mal diagnostiqué et traité au laser par manque de compétence peut avoir des conséquences mortelles…
L’IPL cherche à imiter le laser. Si on compare les deux, c’est un bazooka contre un tireur d’élite. La précision plus grande du laser permet de réduire de beaucoup les effets secondaires.
Et le laser ?
C’est le traitement de choix surtout lorsque plusieurs lésions sont traitées. On nomme cette catégorie les lasers pigmentaires. Les noms à retenir : Q-switched Nd : YAG et Q-switched Alexandrite.
Le dernier venu est le laser en picosecondes. Les pulsations très courtes permettent de fragmenter le pigment encore plus précisément.
Est-ce qu’il est possible d’enlever complètement et pour toujours les taches ?
Absolument. Les taches traitées ne reviennent habituellement pas avec une exposition au soleil. Ce sont de nouvelles taches qui peuvent apparaître autour. Parfois, la tache brune est multicouche, c’est pourquoi plusieurs traitements sont nécessaires. Il faut aller jusqu’au bout des traitements pour obtenir le résultat attendu.