Revue boursière

En panne d’optimisme, les Bourses décrochent

Les principaux indices boursiers d’Amérique du Nord ont plongé, jeudi, lors d’une séance où les investisseurs s’inquiétaient de la vigueur réelle de la reprise économique après la pandémie de COVID-19, et du risque persistant d’une éventuelle deuxième vague d’infections.

À la Bourse canadienne, l’indice de marché S&P/TSX a dégringolé de 650 points, ou 4,1 %, pour clôturer à 15 050 points. Mercredi, le S&P/TSX avait déjà cédé 132 points.

Du côté de la Bourse américaine, l’indice Dow Jones a reculé de 6,9 % à 25 128 points, ayant perdu 1861 points en une seule séance. L’indice élargi S&P 500 a terminé en recul de 5,8 % à 3002 points, alors que l’indice du marché NASDAQ a retraité de 5,7 % à 9492 points.

« Les marchés boursiers étaient déjà devenus fragiles à court terme compte tenu de la flambée fulgurante des principaux indices depuis les creux atteints en mars », estime Luc de la Durantaye, stratège en chef des placements et chef des investissements chez Gestion d’actifs CIBC.

« Pendant ce temps, l’incertitude liée à l’efficacité des politiques monétaires pour relancer l’économie a rendu les investisseurs nerveux et instables, ce qui suscite des prises de profits [revente de titres] et une plus grande volatilité.

« Il y a aussi un regain d’inquiétude envers la possibilité d’une deuxième vague de contagion aux États-Unis au moment où certains grands pays d’économie émergente, tels que la Russie et l’Inde, ne démontrent pas que le virus est sous contrôle. »

— Luc de la Durantaye, stratège en chef des placements et chef des investissements chez Gestion d’actifs CIBC

Une pause méritée

De l’avis de Candice Bangsund, vice-présidente à la répartition globale de l’actif et gestionnaire de portefeuille à la firme montréalaise Fiera Capital, qui gère 158 milliards en actifs, « les marchés boursiers font une pause bien méritée après une montée impressionnante des cours depuis quelques semaines. Le contexte de valeurs boursières redevenues élevées alors que l’incertitude demeure considérable incite les investisseurs à faire une pause pour réévaluer la voie à suivre ».

Selon Mme Bangsund, « le catalyseur qui a mené à ces prises de bénéfices en Bourse découle des perspectives économiques assez sombres émises mercredi par la Réserve fédérale américaine. Le président [Jerome] Powell a fait une mise en garde envers une reprise prolongée et les dommages durables à l’économie américaine, ce qui a freiné les espoirs des investisseurs pour un retour rapide aux niveaux d’activité antérieurs à la crise de la COVID-19 ».

Entre-temps, note-t-elle, « les indices d’une autre augmentation des cas de coronavirus aux États-Unis font craindre une deuxième vague d’infections, ce qui réduit d’autant l’appétit pour le risque dans les marchés d’investissement ».

À la firme d’investissement Cote 100, qui a 1 milliard en actifs sous gestion, Marc L’Ecuyer, gestionnaire de portefeuille principal, considère aussi qu’il y a « beaucoup d’euphorie dans les marchés boursiers depuis quelques semaines, alimentée surtout par les mesures extraordinaires de soutien à la reprise économique qui ont été prises par les principales banques centrales du monde ».

« Le redressement des marchés boursiers depuis le creux atteint en mars était sans doute allé un peu trop loin, d’autant que les attentes d’un prochain “retour à la normale” tardent encore à se réaliser, aux États-Unis surtout où l’on craint une résurgence de la contagion dans certains États. »

— Marc L’Ecuyer, gestionnaire de portefeuille principal Cote 100

Aussi, selon Marc L’Écuyer, « les commentaires de conjoncture économique plutôt pessimistes émis mercredi par la Réserve fédérale américaine, même si elle a renouvelé son engagement à soutenir l’économie, ont manifestement servi de reality check parmi les investisseurs devenus un peu trop optimistes à court terme. Et ce, avant même qu’on puisse préciser l’ampleur des dommages de la pandémie sur les prochains résultats de deuxième trimestre [d’avril à juin] des entreprises, ainsi que leurs perspectives révisées pour les trimestres suivants jusqu’à l’an prochain ».

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