Normand Voyer

Passionné

Fin d’après-midi d’automne, dans un hôtel de Sherbrooke. Après une longue journée de colloque, les membres de la très sérieuse Association des administratrices et administrateurs de la recherche universitaire du Québec décompressent en petits groupes, un verre de vin à la main.

Parmi eux se trouve Normand Voyer, invité pour participer à un panel sur la communication scientifique.

« Heille. Est-ce que vous pensez, vous, que l’alcool est vraiment aphrodisiaque ? », lance sans crier gare le chercheur aux congressistes interloqués. La surprise passée, les conversations démarrent et un consensus s’établit. L’alcool n’est pas aphrodisiaque, estime-t-on : il ne fait que diminuer les inhibitions.

« Faux ! », s’exclame le chimiste avec un malin plaisir. Il informe ses interlocuteurs que l’alcool est bel et bien aphrodisiaque, mais à petites doses. Passé un certain stade, l’effet dépresseur prend le dessus.

Autour du scientifique, le cercle grandit. Normand Voyer est lancé et n’a aucune intention de s’arrêter. Il révèle aussi, entre autres choses, que si le champagne monte rapidement à la tête, c’est parce que les bulles qu’il contient favorisent l’absorption de l’alcool par le système digestif. Que la lime dans la bouteille de Corona sert à masquer le goût de moufette généré par une réaction chimique déclenchée par la lumière qui perce la bouteille transparente. Et que les amoureux à la recherche de piquant devraient se tourner vers la pizza, dont la mozzarella contient des substances aphrodisiaques.

Bonbon médiatique

Ce Normand Voyer drôle et passionné, rigoureux et étonnant est du bonbon médiatique et a été repéré comme tel. Le père de cinq enfants, qui combine carrière scientifique et conférences dans les écoles, est donc devenu en plus un habitué de la radio et de la télé.

Bien dans son assiette, Sexplora, Les années-lumière, Un chef à la cabane, Les Boucardises, Dessine-moi un dimanche : Normand Voyer multiplie les apparitions et les chroniques pour parler tant de la chimie du hockey que de la chimie des maringouins, en passant par la chimie du BBQ, la chimie des fromages qui puent, la chimie de l’hiver et la chimie de la sauce à spaghetti.

« Je ne veux pas parler de mes propres travaux, dit-il pour expliquer son choix de sujets. L’autopromotion, ça ne m’intéresse pas. Je publie dans les grandes revues, je suis reconnu par mes pairs, c’est correct. Je n’ai pas besoin d’en parler à tout le monde. Je trouve ça plus important de parler de la science en général. »

Mais la chimie du hockey, vraiment ? Où est la chimie là-dedans ? Normand Voyer hurle presque en entendant notre question. Il répond en martelant un slogan qu’il sert avec conviction à qui veut l’entendre.

« Où est la chimie ? La chimie est partout. Tout est chimique. »

Tenez-vous-le pour dit.

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