Transparence salariale

Êtes-vous à l’aise de parler ouvertement de vos revenus ?

Les entreprises devraient dévoiler d’emblée le salaire proposé lorsqu’elles affichent des offres d’emploi. Cela serait un bon pas du côté de la transparence, selon un nouveau sondage qui nous apprend toutefois que les gens sont plus frileux lorsqu’il est temps de dévoiler leurs propres revenus…

La famille d’abord

Si vous aviez le choix entre dévoiler votre salaire à votre parenté, vos amis ou vos collègues, avec qui seriez-vous le plus à l’aise de mettre les chiffres sur la table ?

Apparemment, on discute plus facilement d’argent avec sa famille. Ce n’est toutefois pas tout le monde qui est enclin à le faire : la moitié des Québécois dit être à l’aise lorsque le salaire vient dans les sujets de conversation avec la famille.

Moins le sont lorsque la discussion est entre amis (38 %) et encore moins lorsqu’il est question de jaser de ses revenus avec les collègues (32 %). En fait, 4 personnes sur 10 seraient plutôt mal à l’aise si elles devaient discuter de leur salaire avec leurs pairs autour de la machine à café, selon un nouveau sondage Léger.

Le salaire, svp !

Le sondage, commandé par la firme Talent.com, s’intéresse à la transparence salariale. On voulait notamment savoir si les candidats qui songent à postuler pour un nouvel emploi veulent que le salaire soit dévoilé au début du processus.

La réponse est très majoritairement oui : 90 % des répondants disent qu’il est important de connaître la rémunération avec les autres informations relatives à l’emploi.

Les gens qui ont un salaire plus élevé (plus de 100 000 $) sont pratiquement unanimes : 96 % croient que la rémunération proposée doit être connue avec l’offre d’emploi.

Alors pourquoi les entreprises ne le font-elles pas systématiquement ?

« La majorité des employeurs sont ouverts à l’idée d’être transparent. Ce n’est pas un manque de volonté de leur part, mais ils ont besoin d’accompagnement, ils ont besoin d’un soutien plus grand que celui qui est offert en ce moment. À un certain moment, le gouvernement va devoir s’impliquer pour aider les entreprises et les accompagner dans cette transition », estime Yannick Paradis, directeur des ventes de la plateforme de recrutement Talent.com.

Trois répondants sur quatre sont favorables à ce qu’une loi oblige les employeurs à afficher le salaire lorsqu’ils offrent des emplois.

Plus d’équité

Dévoiler les salaires peut-il mener à plus d’équité au sein d’une entreprise et même dans le marché ?

La majorité des répondants au sondage (60 %) estime que la transparence salariale augmenterait l’équité, toutefois, seulement 43 % sont à l’aise avec le fait que leur propre salaire soit dévoilé publiquement, ce qui vient renforcer cette donnée qui montre qu’une bonne partie de la population n’est pas à l’aise de discuter salaire avec les collègues.

« Lorsqu’on est en recherche d’emploi, on veut avoir la transparence salariale, mais quand on est dans une entreprise depuis 15 ans, on ne veut pas dévoiler son salaire. »

– Yannick Paradis, directeur des ventes de la plateforme de recrutement Talent.com

« Cette philosophie de vouloir la transparence quand c’est pour les autres, mais de ne pas être prêt à l’être avec son propre salaire est différente selon les générations, nuance-t-il toutefois. On voit que les plus jeunes sont plus à l’aise avec ça, parce qu’ils veulent davantage travailler pour des employeurs qui ont cette valeur [la transparence] et veulent travailler pour une entreprise authentique, inclusive. »

Différence hommes-femmes

Il existe des différences lorsqu’il est question d’argent et de salaire. Si 92 % des hommes estiment qu’il est important de connaître le salaire offert pour un poste, 87 % des femmes sont du même avis.

Les femmes sont aussi moins à l’aise que les hommes de parler de leurs salaires, que ça soit avec leurs amis, leurs collègues ou leur famille, selon les résultats de ce sondage.

Malheureusement, les femmes qui ont participé à cette étude sont aussi plus nombreuses à dire avoir été victimes d’un traitement salarial discriminatoire : 29 % des répondantes disent avoir expérimenté ce genre de discrimination contre 15 % des répondants.

Le sondage a été réalisé par Léger, en ligne, du 9 au 11 septembre 2022, auprès de 1061 Québécois de plus de 18 ans.

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