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Penélope Cruz déplore le manque de liberté d’expression à Cuba

Venue présenter à la Mostra de Venise le film d’Olivier Assayas Cuban Network, sur l’histoire vraie d’un réseau d’espions cubains à Miami, l’actrice espagnole Penélope Cruz a dit hier regretter le manque de liberté d’expression à Cuba, lors d’une conférence de presse. « Je ne sens pas une grande liberté quand il s’agit de parler et de dire comment ils se sentent », a dit la comédienne, interrogée sur Cuba, où s’est passé une grande partie du tournage du film. « C’est quelque chose qui m’inquiète, parce que je crois qu’en 2019, les gens devraient se sentir libres de parler, dans le monde entier », a-t-elle poursuivi. Penélope Cruz, qui interprète la femme d’un espion dans ce film, en compétition pour le Lion d’or, a encore indiqué avoir trouvé pendant son séjour les Cubains « merveilleux ». « Ils ont vraiment un grand cœur, des valeurs, de l’humilité », a-t-elle ajouté. Cuban Network (Wasp Network en anglais)raconte sous forme de thriller l’histoire vraie d’un groupe de cinq espions cubains installés à Miami, aux États-Unis, au début des années 90.

— Agence France-Presse

Martine Delvaux

Une erreur s’est glissée dans le texte de Nathalie Collard publié dans notre numéro d’hier. Nous avons écrit que Martine Delvaux était l’autrice de Thelma et Louise. Il s’agit en fait de Thelma, Louise & moi. Nos excuses.

ANNA ET L’ENFANT-VIEILLARD

Tremblement de mère

La première phrase d’Anna et l’enfant-vieillard donne le ton. « J’ai besoin de faire le deuil d’un enfant vivant. Et je ne sais pas comment faire ça. » Après avoir longuement écrit sur le bonheur, Francine Ruel plonge cette fois dans des eaux plus sombres, là où l’amour seul ne suffit plus à sauver un enfant de l’enfer.

Devant un café au lait, l’auteure, comédienne et enseignante installe la conversation sur la pointe des pieds, en pesant ses mots. Elle a écrit Anna et l’enfant-vieillard petit bout par petit bout, dit-elle, mais sans perdre de temps. « Parce que j’étais prête. »

« Mais j’y ai pensé longtemps avant. L’été précédent, j’ai beaucoup désherbé en cherchant la bonne formule pour raconter cette histoire. Parce que la personne dont je parle est encore vivante et que je ne suis plus en contact avec elle. »

Cette personne, c’est son propre fils, qui vit maintenant dans la rue. Elle l’a elle-même révélé dernièrement. Ça ne l’empêche pas, sur la terrasse de ce restaurant où nous la rencontrons, de vouloir éluder les détails « croquants » de cette relation complexe avec son enfant, aujourd’hui quadragénaire.

« J’avais besoin d’écrire cette histoire pour lui. Mais j’ai découvert que c’était plutôt une histoire sur la mère, sur sa douleur et sur son impuissance à aider son enfant. C’est ça que je voulais raconter. C’est un sujet qui existe et sur lequel il faut se pencher. Quand j’écris, j’aime faire œuvre utile. »

— Francine Ruel

Dans ce 16e ouvrage, Francine Ruel donne donc la parole à Anna, couturière de métier et maman aimante qui a fait tout ce qu’il fallait pour mener son fils à bon port. Mais parce que la vraie vie n’est pas toujours belle comme dans les films, la drogue, puis une sauvage agression et finalement la rue lui ont arraché son Arnaud, qu’elle appelle son enfant-vieillard.

« Je n’aime pas écrire et lire des récits au “je”, car on n’a pas de distance. Je me suis servie de ce sujet pour raconter un fait qui existe dans la vie et auquel on s’attache peu, parce que socialement, ce n’est pas bien vu. La société n’admet pas les gens fragiles émotivement. C’est de leur faute, de la faute de leurs parents… Il faut pourtant se rendre compte qu’il y a des gens fragiles et des gens plus solides dans la vie. Ce n’est pas donné à tout le monde. »

COMME DE LA DENTELLE

Touchante, poétique, fine comme de la dentelle, l’écriture de la résidante de Lac-Brome raconte le désespoir et l’angoisse d’Anna devant la chute de ce fils tant aimé. Les heures d’angoisse, la culpabilité, les questions, les thérapies, les impuissances, les espoirs brisés, « l’impression d’errer dans un cimetière, sans corps à déposer en terre », le nécessaire détachement… tout y passe.

« Aujourd’hui, il pleut. Anna appuie son visage sur la vitre de la fenêtre qui donne sur le jardin. Comme elle n’a plus de larmes, elle emprunte, pour le moment, celles qui tombent des nuages », lit-on au milieu du récit.

Selon Francine Ruel, les images étaient là, prêtes à être racontées. Même si certains passages ont été plus faciles que d’autres à mettre en mots, glisse l’auteure de la populaire Saga du bonheur, avant d’ajouter qu’elle souhaitait aller ailleurs dans ce nouveau roman.

« J’avais envie d’images fortes, de phrases courtes. J’avais le goût de travailler un autre style littéraire. »

— Francine Ruel

« C’est un virage à 180 degrés, je sais, mais je ne veux pas écrire le même livre toute ma vie. J’ai envie de m’enlever le tapis sous les pieds, de sortir de ma zone de confort. Mon moteur dans la vie, c’est la création ! Sinon, je meurs. »

Et parce qu’elle se décrit comme une « indécrottable optimiste », elle n’a jamais perdu espoir que la lumière jaillisse, un jour, dans la vie de son enfant, et qu’elle pourra être fière de lui.

Comme Anna pour son Arnaud.

Anna et l’enfant-vieillard

Francine Ruel

Libre Expression

200 pages

Sortie prévue le 4 septembre

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