Lumière sur les chercheurs de HEC Montréal

Des soins de santé plus efficaces… et plus humains

Soigner mieux… et plus efficacement. C’est l’ambition que partagent des chercheurs de HEC Montréal qui se sont penchés sur la question des soins prodigués à la population. L’un se spécialise en santé numérique et en nouvelles technologies ; l’autre, en management. Au centre de ces deux pôles : l’humain.

La technologie au service de la santé

Titulaire de la Chaire de recherche en santé connectée de HEC Montréal, le professeur Guy Paré se consacre à l’étude de l’incidence des technologies de l’information et de l’intelligence artificielle sur les soins offerts à la population. Sur papier, la théorie veut que la santé numérique désengorge le système, réduise considérablement les coûts et améliore la qualité des soins fournis. Avec son équipe de chercheurs, le professeur Paré valide ce qu’il en est réellement sur le terrain.

« Juste dans le domaine de la télésanté, par exemple, on dénombre des initiatives fort prometteuses qui entraînent des bénéfices majeurs, tant pour le patient qui se responsabilise par rapport à son état que pour le milieu médical », indique Guy Paré.

Les travaux qu’il dirige au sujet des télésoins portent sur une multitude de clientèles vulnérables : les patients souffrant de maladies pulmonaires, les insuffisants cardiaques, les personnes diabétiques, les personnes en perte d’autonomie, etc. « Chez les femmes enceintes dont il faut contrôler le diabète de grossesse, par exemple, notre étude a montré que, pour les futures mères qui étaient suivies à distance, les visites en clinique ont diminué de 56 % », précise le professeur. Pour le système de la santé, cela représente une diminution des coûts de 16 % par patiente.

Les gains ne sont pas que financiers : chez les aînés en perte d’autonomie physique ou cognitive, la santé numérique peut retarder l’institutionnalisation en centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). En transformant les logements des personnes âgées en habitats intelligents, les chercheurs surveillent en temps réel les habitudes de vie de ces gens : sommeil, alimentation, hygiène, vie sociale… Des données précieuses pour le personnel infirmier sur la route, qui intervient de façon ciblée, là où se trouvent les besoins.

Dans l’esprit du professeur, il n’y a aucun doute que la santé numérique est appelée à grandir au Québec — et, surtout, qu’elle fait partie de la solution relativement à l’enjeu du vieillissement de la population et au problème de congestion du système, notamment. « La crise sanitaire actuelle est révélatrice du fait qu’on souhaiterait tous prolonger le maintien à domicile. Personne ne veut terminer ses jours en CHSLD », souligne Guy Paré. « Trouver des moyens d’offrir les meilleurs soins, ça, c’est ce qui m’anime en tant que chercheur », conclut-il.

Mieux diriger pour mieux soigner : le leadership transformationnel

Au Département de management de HEC Montréal, Christian Vandenberghe cherche aussi à comprendre comment améliorer les soins médicaux auxquels la population a accès. L’attention du professeur titulaire se dirige vers les effets du style de leadership des infirmiers et infirmières en chef sur l’engagement des gens au sein de leurs unités. Comme les dynamiques à l’œuvre en milieu hospitalier sont complexes, l’équipe pilotée par le chercheur a dressé des constats éclairants en interrogeant à la fois le personnel infirmier et les patients de 90 unités de soins en Belgique.

Plus précisément, c’est à l’incidence du leadership transformationnel que s’intéresse Christian Vandenberghe. « Ce type de management se traduit par le charisme de l’infirmière en chef, par ses qualités altruistes et par son désir de stimuler intellectuellement ses employés », précise-t-il. « Un tel leader tient compte, dans son approche, des besoins de chacun et cherche à développer le plein potentiel des autres. C’est un bon modèle qui inspire ses pairs. »

Dans les milieux hospitaliers étudiés, le leadership transformationnel a eu des répercussions directes sur l’engagement des infirmières et infirmiers des unités de soins. Sans que l’on s’en étonne, c’est le patient qui, au bout du compte, ressort gagnant de cette équation, fait remarquer le chercheur.

« L’étude a révélé que les patients exposés à des équipes fortement engagées se montrent plus heureux des soins obtenus et plus loyaux envers l’unité qui les a traités. »

Le leadership de l’infirmier ou de l’infirmière en chef jouerait d’ailleurs un rôle encore plus décisif lorsque le climat de travail est miné par des conflits entre les différents corps professionnels ou lorsque les procédures internes manquent de précision. L’approche du leader d’équipe prend alors tout son sens. « C’est pourquoi les hôpitaux ont tout intérêt à investir dans le développement des gestionnaires et à prioriser les efforts de formation vers les unités les plus critiques », estime Christian Vandenberghe. Autrement dit : à adopter un type de gestion plus nuancé et plus humain, afin de soigner mieux.

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