Les campus reprennent vie

Désertés par la cinquième vague, les campus universitaires ont repris vie, lundi, avec le retour de milliers d’étudiants partout au Québec. Sac sur le dos, ils ont pris le chemin de l’école enthousiastes pour la plupart, mais certains à reculons.

S’arrêter au café du coin avant son cours. Échanger avec son voisin de table à la pause. Sortir de sa chambre, enfin. « Les petits trucs, c’est ce qui me manquait le plus », confie d’une voix douce Alexandre Nguyen-Duong.

Croisé à la sortie du Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal, l’étudiant de deuxième année en psychologie renouait avec les plaisirs simples de la vie étudiante, lui qui n’avait pu qu’y goûter, l’automne dernier.

« J’ai commencé mon bac en ligne et c’est tellement pas cool sur la santé mentale. […] Le présentiel, c’est ça, être à l’école. Sinon, c’est juste écouter des vidéos en ligne », dit-il.

Lundi matin, le métro de Montréal était bondé d’étudiants qui s’apprêtaient à retourner sur les bancs d’école, près d’un mois après le début du trimestre.

Québec avait donné le feu vert à la reprise des cours en classe dès le 17 janvier, mais devant la propagation du variant Omicron, plusieurs établissements l’ont repoussée au 31 janvier.

C’est le cas de l’Université de Montréal (UdeM), de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et de l’Université Laval. Concordia ouvrira ses portes à ses étudiants ce jeudi.

« Je comprends qu’on mette l’accent sur le retour des élèves au primaire, secondaire, dans les garderies. C’est super important, à cet âge-là, pour le développement de l’enfant. Mais les cégépiens et les universitaires en avaient aussi besoin », souligne Alexandre Nguyen-Duong.

Retrouver la motivation

« Ce que je trouvais très compliqué [en ligne], c’était l’autodiscipline et la rigueur. Garder la motivation tout seul », lance Iannis Fortez. L’étudiant en génie civil à Polytechnique Montréal – qui a accueilli ses étudiants le 24 janvier – doit terminer ses études cet hiver.

« Si tout se passe bien ! C’est pour ça que je suis content de revenir en présentiel, parce qu’à la maison, c’était compliqué », affirme-t-il.

« C’est plus facile de poser des questions aux professeurs. Avec les camarades de classe, c’est plus facile de créer des liens en classe. C’est plus le contact humain qui manque », remarque pour sa part Nejma Hamadi, étudiante à l’UQAM. Comme la plupart des étudiants rencontrés par La Presse, elle se sent en sécurité en classe et juge les mesures sanitaires adéquates.

Le retour en classe est aussi une bonne nouvelle pour la réussite scolaire d’Ali Gharbienne – malgré qu’il trouve les cours en ligne plutôt pratiques. « En présentiel, c’est beaucoup plus facile d’assimiler la matière, de comprendre et de suivre, surtout », constate l’étudiant en neurosciences à l’UdeM.

« Un plaisir de revenir »

Le sourire n’a pas quitté les lèvres de Raphaël Sauteur de toute la matinée. Revêtu des couleurs de HEC Montréal, l’étudiant en première année attend ses camarades autour d’un petit feu. Plus loin, des étudiants se versent un verre de café ou de chocolat chaud sous une tente montée à cet effet.

« Je me sens vraiment heureux ! C’est un plaisir de revenir. J’ai vu [la tente] et je me suis dit : là, c’est bon, ça commence ! », s’exclame Raphaël.

À côté de lui, le professeur Shereef Elshafei ne peut non plus s’empêcher de sourire. « Je vais donner un cours devant de vrais êtres humains ! », se réjouit-il. « Comment passer ton message quand tu parles devant des pastilles sur un écran ? Le contact est indispensable », ajoute le professeur, avant de s’engouffrer dans l’établissement.

Des étudiants encore craintifs

Mais l’enthousiasme suscité par le retour sur les campus n’est pas partagé par tous. En pleine cinquième vague, des étudiants souhaitent poursuivre leur trimestre en ligne, craignant d’être exposés au virus.

« Je ne me sens pas en sécurité dans les classes. C’est tout collé. Le masque n’est pas toujours bien porté », confie Rosalie Paquette, croisée à la sortie d’un cours à l’UQAM.

Comme elle, des voix s’élèvent pour réclamer des accommodements de la part des universités. Dimanche, les étudiants en droit de McGill ont voté à la majorité pour une grève qui ciblera spécifiquement les cours qui ne sont pas offerts en mode hybride ou qui ne proposent pas une autre option convenue avec les étudiants.

Une pétition demandant à l’UdeM d’offrir l’enseignement comodal jusqu’à la fin du trimestre a aussi recueilli près de 2300 signatures.

Consciente que la situation actuelle puisse « susciter un niveau d’anxiété plus élevé chez certains étudiants », la direction de l’UdeM réitère que « tout est en place actuellement pour que le retour se passe bien et dans le respect des consignes sanitaires ».

L’UQAM, qui se dit aussi sensible aux préoccupations des étudiants, fait valoir que les directives actuelles sont« en conformité avec les consignes du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Direction de la santé publique ».


EN SAVOIR PLUS

93 % , Proportion des étudiants et du personnel de l’enseignement supérieur ayant reçu deux doses de vaccin contre la COVID-19
Source: SOURCE : FNEEQ-CSN

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