Jacques Parizeau 1930-2015

Dix déclarations fracassantes

Jacques Parizeau avait le sens de la formule. Il en a fait la preuve tout au long de sa carrière publique. En voici dix exemples.

UN PAYS OU RIEN

« Je ne suis pas entré en politique pour travailler 16 heures par jour et pour être ministre des Finances d’une province. Je travaille pour devenir ministre des Finances d’un pays », lance Jacques Parizeau au moment de sa démission du cabinet ministériel de René Lévesque en novembre 1984. « Monsieur » proteste contre le refus de René Lévesque de faire de la souveraineté l’enjeu des prochaines élections. En tout, cinq ministres démissionnent durant cette journée.

« S’AUTO-PELURE-DE-BANANISER »

Dix syllabes. Un verbe. « S’auto-pelure-de-bananiser. » Jacques Parizeau emploie cette expression à propos d’un adversaire politique, le ministre des Finances Yves Séguin, pour railler sa propension à se mettre lui-même dans l’embarras. 

« J’EXISTE, MOI AUSSI »

En 1989, alors chef de l’opposition, Jacques Parizeau convoque un point de presse un vendredi après-midi. Aucun journaliste ne s’y présente. Humilié, « Monsieur », lance un cri du cœur pour souligner le manque d’intérêt des médias à son égard. « J’existe, moi aussi », lance-t-il.

LE « SYNDROME DE GALARRAGA »

À l’aube d’une campagne électorale, le premier ministre Bourassa, débordant de confiance, prévient les péquistes de « manger des épinards » s’ils souhaitent le rejoindre dans la course. En réponse, Parizeau invite Bourassa à faire attention au « syndrome de Galarraga ». Il fait allusion au joueur de premier but des Expos, Andrés Galarraga, qui, à peine arrivé à New York pour y affronter les Mets, avait déclaré : « On va balayer la série contre les Mets, on va les sortir de la course au championnat. » Les Expos, au sommet du classement, avaient perdu tous les matchs subséquents. 

« MON PREMIER MINISTRE »

Nous sommes en 1990. Jacques Parizeau est chef de l’opposition. Le premier ministre Robert Bourassa constate l’échec de l’accord du lac Meech et déclare que le Québec est, « aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement ». Dans un moment historique à l’Assemblée nationale, Jacques Parizeau tend la main au gouvernement libéral. « Il faut que nous puissions trouver une autre voie, puisque celle qu’il avait choisie se révèle être un cul-de-sac. Et je dis, M. le Président, à mon premier ministre : je vous tends la main. » Il traversera l’allée centrale du salon bleu pour aller à la rencontre de Bourassa.

« BOTTER LE DERRIÈRE » AUX UNILINGUES

« Mon Dieu, je botterais le derrière de quiconque au Québec qui ne saurait parler l’anglais. En effet, à notre époque, un petit peuple comme nous se doit de le parler », dit Jacques Parizeau dans une entrevue au magazine Time en 1992, dans le cadre d’un voyage à New York comme chef de l’opposition officielle.

LES « POILS DE GRENOUILLE »

Jacques Parizeau a toujours souhaité une démarche claire d’accession à l’indépendance. Il le prouve une fois de plus en 1993 devant les 300 membres de son parti réunis en congrès dans la région de Québec. Dans un débat sur le libellé de la question référendaire, il demande aux membres de ne pas s’égarer dans du « gossage de poils de grenouille ». Il souhaite que les péquistes n’incluent pas des éléments de négociation avec le reste du Canada dans la question.  

SI LE OUI L’EMPORTE

« Si c’est oui ce soir, je convoque l’Assemblée nationale dans les 48 heures. » Le matin du référendum de 1995, Jacques Parizeau accorde une entrevue « sous embargo » au journaliste de TVA Stéphan Bureau. Il y dévoile plusieurs mécanismes qu’il a mis en place pour enclencher le processus d’indépendance du Québec advenant un vote favorable.

UN PAS À FAIRE

Au lendemain de la défaite référendaire de 1995, Jacques Parizeau annonce sa démission comme premier ministre du Québec. Il y va de cette réflexion. « Hier, le Québec s’est levé debout, il lui reste un pas à faire. Il a l’élan voulu, il en a la capacité, il ne lui manque maintenant que l’occasion. Elle viendra bientôt, j’en suis profondément convaincu. »

LE PQ EST UN CHAMP DE RUINE

En septembre 2014, Jacques Parizeau est invité à prononcer un discours pour l'événement DestiNation, un rassemblement non partisan de souverainistes. « Monsieur » soumet donc une vidéo de 30 minutes, dans laquelle il affirme que les souverainistes se retrouvent devant un « champ de ruine ». Il refait cette déclaration six mois plus tard en ciblant directement le Parti québécois, en pleine course au leadership.

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