PME Innovation

Quatre conseils pour gérer l’innovation

Comme toutes choses, l’innovation s’apprend. Comment le dirigeant d’une petite entreprise peut-il soutenir l’innovation dans son organisation ? La Presse a posé la question à Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME.

Cultiver la culture

Entretenir une culture du changement et de l’innovation est utile non seulement pour encourager l’innovation directement, mais aussi pour retenir son personnel, ce qui est finalement une clé pour innover.

« Surtout chez les jeunes, on recherche un sentiment de faire avancer les choses, on veut des défis, on cherche du nouveau. Puisqu’il est si facile de changer d’emploi dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les employeurs doivent donc prendre doublement soin de leur culture d’innovation », explique Frédéric Laurin.

Il ajoute qu’une culture de l’innovation forte peut même attirer des candidats qualifiés : « Ça soutient notre marque employeur. »

Demander de l’aide

Frédéric Laurin note que les dirigeants de PME font souvent une des deux erreurs suivantes : soit ils voient la gestion de l’innovation comme un défi plus gros qu’il ne l’est en réalité, soit ils font preuve d’excès de confiance et tentent de tout faire eux-mêmes.

« En réalité, les PME peuvent innover, mais elles gagnent souvent à aller chercher du soutien et à discuter avec d’autres entrepreneurs. »

– Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’UQTR et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME

Cela peut se faire à travers une activité organisée par une chambre de commerce ou une association patronale ou sectorielle.

« Ça permet, par exemple, d’identifier les bonnes technologies, ou encore de déterminer quels sous-traitants sont les meilleurs. »

Obtenir du financement

Innover implique d’investir. Mais le financement n’est pas l’obstacle parfois imaginé. Il faut souvent seulement faire l’effort de le demander.

« C’est surprenant, mais les fonds vont venir tout seuls », dit Frédéric Laurin.

« Je n’ai jamais vu de PME être incapable d’innover parce qu’elle manquait de financement. »

– Frédéric Laurin, professeur d’économie à l'UQTR et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME

Trouver 5 ou 10 millions pour un mégaprojet sera plus difficile, admet le professeur. Mais il explique qu’une PME qui veut s’automatiser ou passer à l’industrie 4.0 n’aura pas de difficulté à trouver du financement, en règle générale.

Car les organisations qui peuvent financer des projets d’innovation sont nombreuses : banques, Investissement Québec, fonds locaux de développement et municipalités, entre autres.

Éviter une vision technocentrée

Innover, c’est implanter de nouvelles machines, mais pas seulement.

« On a tendance à avoir une vision technocentrée de l’innovation », remarque Frédéric Laurin. Mais il peut être payant d’avoir une vision plus holistique : innover, c’est aussi penser de nouveaux produits, de nouveaux procédés ou de nouvelles manières de faire du marketing.

« La technologie n’est qu’un outil. Trop d’entreprises installent des technologies à gros coût, comme des ERP [Enterprise Resource Planning], parce qu’elles pensent que c’est ça, innover. Sauf qu’après, elles ne savent même pas comment l’exploiter au maximum », raconte le professeur.

Avant de lancer un projet d’innovation, il importe donc de toujours se rappeler les objectifs et la vision de l’entreprise.

En définitive, l’innovation doit servir le plan d’affaires.

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