La Presse, la crise et vous

FRANÇOIS LEGAULT-DANIELLE MCCANN-HORACIO ARRUDA
« Une cr… de bonne job ! »

Je vous ai demandé ce que vous pensiez de la performance du trio Legault-McCann-Arruda jusqu’ici. Quels étaient ses bons et ses moins bons coups ?

Votre réaction, en gros ? Minute, papillon, t’es bien trop vite en affaires !

Oui, il y avait bien des critiques dans les quelque 300 courriels que vous avez envoyés (j’y reviens), mais une écrasante majorité d’entre eux chantaient les louanges du gouvernement. Au point que France Legault suggère à François Legault (pas de lien de parenté, à ce qu’on sache !) de s’attribuer, à lui et à son équipe, son prochain « merci du jour ».

« Je ne suis ni caquiste ni libéral, mais je considère que nos gouvernements font une cr… de bonne job, lance Bertrand Legault. Bien sûr qu’ils font des erreurs et ils vont en faire d’autres, mais ils accordent leurs décisions avec ce que dit la science. »

Normand Brian est encore plus élogieux : « Le trio Legault-McCann-Arruda ? C’est le trio talentueux qui manque au Canadien de Montréal. C’est l’équivalent du trio Lafleur-Shutt-Lemaire : celui qui faisait la pluie et le beau temps et qui amassait les coupes Stanley comme on ramasse des légumes en août ! »

Tandis qu’à ses yeux, les journalistes qui les « affrontent » au quotidien représentent… les Bruins de Boston !

Voilà d’ailleurs une chose qui revient souvent dans vos écrits : votre impatience quant aux questions des correspondants parlementaires, comme s’ils cherchaient à faire trébucher le premier ministre. « Comme s’ils pensaient que le gouvernement Legault aurait dû lire l’avenir », écrit Johanne Coursol.

La critique est entendue, mais au risque de voir mon jupon dépasser, je ferais remarquer que de réels et graves problèmes ont été révélés par des journalistes.

La sous-estimation du nombre de morts, par exemple. La situation catastrophique du CHSLD Herron. Ou encore un certain décalage entre ce qui est dit lors des points de presse, parfois, et la réalité qui nous est communiquée sur le terrain par les travailleurs en santé.

Si le gouvernement Legault a pu réorienter certaines décisions, s’il a pu concentrer son énergie là où sont les besoins, c’est dû en bonne partie aux journalistes qui fouillent.

Mais voilà, vous trouvez quand même les médias un peu durs. Et vous trouvez, surtout, que ce n’est pas le moment de juger du travail du gouvernement.

« Il est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question ! croit Jacques Marsan. Les Québécois sont à fleur de peau. Difficile d’être rationnel dans les circonstances et d’avoir une juste perspective des choses. L’heure n’est pas encore au bilan. »

« Ce sont des humains, rappelle quant à lui Réjean Rioux. Ils travaillent et font beaucoup d’heures, alors j’invite ceux qui les blâment à aller prêter main-forte dans les CHSLD ! »

Cela dit, on sent dans certains de vos écrits que le vernis commence à craquer.

Vous citez la situation des CHSLD et celle de Montréal, tout en demeurant magnanimes pour certains d’entre vous.

« Je donne un A à ce trio, confie Martin Bourque. Depuis le début, les trois se comportent en véritables leaders. Mais depuis quelques jours, on semble ne plus savoir quoi faire. On donne des amendes pour certains rassemblements, mais pas pour d’autres. On disait que le masque ne servait à rien, puis on le recommande. On veut ouvrir les écoles, puis non. On ne sait trop. Mais je continue quand même à leur donner un A ! »

Cela dit, dans le lot, il y a aussi des commentaires négatifs. On reproche un caractère brouillon au premier ministre. On déplore les errements bureaucratiques. On reproche l’incapacité du gouvernement à profiter de l’expérience de la Dre Joanne Liu. Et on a des mots assez durs contre le peu d’importance accordée aux écoles.

« Pour moi, écrit Louise Grégoire, le moins bon coup a été celui du ministère de l’Éducation. Aucun plan de match. Une lenteur excessive dans la mise en place d’une quelconque action envers les élèves. Aucune communication publique du ministre malgré la situation qui touchait une grande partie de la population. »

Mais, à ma grande surprise, ce qui semble vous avoir le plus dérangés, c’est l’avantage accordé aux Walmart et Costco de ce monde.

« Très grosse injustice par rapport aux petits commerçants », déplore René Hébert. « Je ne comprends pas que les gros commerces américains puissent vendre TOUS leurs produits et pas seulement les produits alimentaires », renchérit Lorraine Thibault.

« Pourquoi ne pas avoir tout de suite, dès le début, exigé de Costco et de Walmart de vendre seulement de l’épicerie ? Ça aurait été assez facile et ça aurait empêché de nuire à nos entreprises, comme SAIL et autres », selon Diane Potvin.

Une autre question est revenue assez souvent dans vos mots, d’ailleurs. Une bonne question, qui mérite peut-être d’être posée par les correspondants parlementaires dans les prochains jours : elle se cache où, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais ?

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